Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/364

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

changer, ce qui perdroit la petite quantité d’huile qui s’y amasse ; cette eau se décharge par ce tuyau dans un second récipient ; & comme l’huile est plus légere, elle surnage cette eau, & s’amasse dans le col du récipient à la hauteur de l’ouverture, pendant que l’eau du fond du premier récipient s’écoule dans le second, à mesure qu’elle distille. Ce récipient, dont les Parfumeurs ont autrefois fait mystere, peut servir commodément aux distillations de toutes les huiles essentielles un peu précieuses. Mém. de l’acad. des Sciences, ann. 1700. (D. J.)

Rose, (Mat. médic.) la rose étoit déja regardée par les anciens comme la panacée d’une infinité de maladies ; c’est l’éloge que Pline en fait. Les modernes en tirent aussi un grand nombre de préparations ; les principales sont l’eau simple de roses, la conserve de roses, les tablettes de suc rosat, le syrop de suc de roses, le suc de roses solutif, l’électuaire du suc de roses, le miel rosat, l’huile de roses, l’onguent rosat, le vinaigre rosat, & la teinture de roses rouges. On trouve dans toutes les pharmacopées la maniere & les usages de ces diverses préparations ; il seroit seulement à souhaiter qu’elles fussent plus simples & mieux dirigées qu’on ne le voit dans plusieurs dispensaires. L’eau qu’on retire des roses par la distillation, est utile pour bassiner les yeux dans leurs inflammations. Le syrop de roses solutif, est fort propre pour purger les enfans. La conserve de roses, possede une légere vertu cordiale & astringente, salutaire aux phthisiques. Le vinaigre rosat, mêlé avec de l’eau de roses, un peu de nitre & de camphre, compose un épithème propre dans les fievres aiguës & les hémorrhagies du nez. (D. J.)

Rose, (Jardin. Fleuriste.) fleur qui croît sur l’arbrisseau qu’on appelle rosier. Voyez Rosier.

Pline appelle la rose la reine des fleurs & l’ornement des jardins ; elle l’est par sa beauté, par ses variétés, & par son odeur délicieuse. Ses diverses parties ont été décorées de noms particuliers. On appelle l’ongle de la rose la partie blanche de sa feuille qui est la plus proche de la queue. On appelle hymen la petite peau qui enveloppe son bouton, & qui s’ouvre quand elle s’épanouit. Enfin le bouton même qui reste après que les feuilles sont tombées, se nomme grate-cul. (D. J.)

Rose de Jéricho, (Botan.) c’est le myagrum ex Sumatriâ & Syriâ, semine spinoso, simili capiti aviculæ de Zanoni 142, & c’est dans le système de Tournefort, une espece de thlapsi, ou une petite plante haute d’environ quatre doigts, ligneuse, rameuse, ayant la figure d’une tête d’oiseau, de couleur cendrée ; ses feuilles sont petites, longuettes, découpées, velues ; ses fleurs sont quatre petites feuilles disposées en croix dans des épis, blanches, ou de couleur de chair. Sa semence est arrondie, rougeâtre, âcre au goût. Sa racine est simple, assez grosse, ligneuse ; pendant que cette plante est en vigueur sur la terre, elle paroît un bouquet ; mais à mesure qu’elle se seche, les extrémités de ses branches se courbant en dedans, se réunissent à un centre commun, & composent une espece de petit globe.

Cette plante croît dans l’Arabie déserte ; & quoiqu’on l’ait nommée rose de Jéricho, elle n’est point rose, & l’on n’en trouve point autour de Jéricho. On a dit autrefois, par l’amour du merveilleux, qu’elle ne s’ouvroit qu’au jour de Noël ; mais on sait à présent qu’elle s’ouvre en tous tems de sa vie, pourvu qu’on la plonge & qu’on la laisse tremper quelques momens dans l’eau ; on voit alors ses rameaux s’écarter peu-à-peu, s’épanouir, & ses fleurs paroître. (D. J.)

Rose d’Inde, (Jardinage.) rosa indica. La tige de cette fleur est rameuse, haute de trois piés, & garnie tout-au-long de petites feuilles étroites &

dentelées. Ses fleurs sont aurores, très-doubles, en forme de rose, avec un calice écailleux qui contient des graines de couleur noire.

On met la rose d’Inde dans des pots, & dans les parterres, parmi les plantes de la grande espece. Elle fleurit toujours en automne, & demande une culture générale. On la seme sur couche, & on a soin de la mouiller.

Rose d’outremer, (Botan.) par les botanistes, malva rosea, espece de mauve, connue sous le nom de trémier, voyez Mauve & Trémier. (D. J.)

Rose treniere, (Botan.) autrement dite la rose d’outremer, qui est une espece de mauve, voyez-en l’article au mot Treniere rose, (Botan.) (D. J.)

Rose, (Poésie, Mythol. Littér.) cette fleur étoit consacrée à Venus. Tous nos poëtes la célebrent à l’imitation des Grecs & des Latins, si nous les en croyons.

C’est la reine des fleurs dans le printems éclose ;
Elle est le plus doux soin de Flore & des zéphirs :
C’est l’ouvrage de leurs soupirs.

Anacréon s’étoit contenté de dire avec plus de simplicité, qu’elle est tout le soin du printems, ῥόδον ἐάρος μελίσμα. Nos vieux poëtes employent toujours la rose dans leurs vers. Aujourd’hui les comparaisons tirées de cette fleur ont été si souvent répetées, qu’on n’en sauroit user trop sobrement.

Aphtonius & Tzetzes nous assurent que c’est du sang de Vénus que les roses ont pris leur couleur vermeille. Bion prétend au contraire que la rose doit sa naissance au sang d’Adonis, & ce poëte a pour lui non-seulement Ovide, mais l’auteur du pervigilium Veneris, dans l’hymne charmante qu’il a faite sur ce sujet.

« Avec quelle grace, dit-il, le zéphir amoureux vient-il voltiger autour de la robe verte de cette reine des fleurs, & chercher à lui plaire par ses plus douces caresses ? Déja la divine rosée fait sortir ce bouton vermeil du fourreau qui l’enveloppe. »

Humor ille quem serenis astra rorant noctibus,
Jam nunc virginis papillas solvit humenti peplo.

« Je le vois, continue-il, ce bouton qui commence à s’épanouir ; je le vois glorieux d’étaler ce rouge incarnat dont la teinture est dûe au sang d’Adonis, dont l’éclat est augmenté par les baisers de l’amour, & qui semble composé de tout ce que la jeune Aurore offre de plus brillant, quand elle monte dans son char pour annoncer de beaux jours à la terre. »

En un mot, les poëtes ne se sont plaints que du peu de durée de cette aimable fleur, & nimium brevis rosæ flores amænos, « & ces roses, ces charmantes fleurs qui passent hélas, trop tôt pour nos plaisirs. » Tout le monde connoît cette épigramme latine :

Quam longa una dies, ætas tam longa rosarum,
      Quas pubescentes juncta senecta premit.
Quam modo nascentem rutilus conspexit Eous,
      Hanc veniens sero vespere vidit anum.

« La durée d’un jour est la mesure de l’âge de la rose ; la même étoile qui la voit naître le matin, la voit mourir le soir de vieillesse. » Malherbe a bien su tirer parti de cette idée ; il dit, en parlant de la mort de la fille de M. Duperrier.

Mais elle étoit du monde, où les plus belles choses
                Ont le pire destin,
Et rose elle a vêcu ce que vivent les roses,
                L’espace d’un matin.

Ainsi a vêcu madame la princesse de Condé.

Les Romains aimoient passionnément les roses, & faisoient beaucoup de dépense pour en avoir en hi-