Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/382

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donna en 1685 ; le duc de Monmouth la perdit & s’éloigna par une prompte fuite ; mais après avoir fait plus de vingt milles, son cheval tomba sous lui ; il changea d’habits avec un paysan, dans l’espérance de se mieux cacher ; le paysan fut rencontré avec ceux du fugitif, par quelques royalistes qui le poursuivoient ; les recherches en devinrent plus ardentes, & l’infortuné Monmouth fut enfin découvert au fond d’un fossé, couvert de fange, le corps épuisé de fatigue & de faim, l’esprit abattu par l’image présente de ses malheurs, & par celle du sort qui le menaçoit : la nature humaine n’a point de ressource contre une si terrible situation ; bien moins dans un homme amolli par une continuelle prospérité, qui s’est cru sur-tout distingué par la valeur militaire. Monmouth ne put retenir ses larmes lorsqu’il se vit entre les mains de ses ennemis ; il parut enfin s’abandonner à l’amour, & même à l’espérance de la vie.

Quoique la grandeur de ses offenses, & le caractere de Jacques, dussent lui faire comprendre qu’il ne falloit compter sur aucune grace, il lui écrivit dans les termes les plus humbles, & le conjura d’épargner le sang d’un frere qui n’auroit à l’avenir que du zele pour ses intérêts. Le roi lui voyant tant de foiblesse & d’abattement, se le fit amener, & se flatta de lui arracher l’aveu de tous ses complices ; mais quelque passion que Monmouth eût pour la vie, il ne voulut point l’acheter par un infâme oubli de l’honneur. En reconnoissant l’inutilité de ses efforts, il reprit courage de son désespoir, & ne pensa qu’à se disposer à la mort, avec des sentimens plus dignes de son caractere & de son rang.

Ce favori du peuple Anglois fut accompagné sur l’échaffaut d’une abondante & sincere effusion de larmes ; il pria l’exécuteur de ne pas le traiter comme Russel, pour lequel il avoit eu besoin d’un coup redoublé ; mais cette précaution ne servit qu’à l’effrayer ; il frappa Monmouth d’un coup foible, qui lui laissa la force de se relever, & de le regarder au visage, comme pour lui reprocher son erreur ; il replaça doucement sa tête sur le bloc, & l’exécuteur lui donna deux autres coups qui n’eurent pas plus d’effet ; à la fin il jetta sa hache, en criant qu’il étoit incapable d’achever le sanglant office ; les schérifs l’obligerent de la reprendre, & deux autres coups séparerent la tête du corps.

Telle fut, en 1685, à l’âge de trente-six ans, la fin d’un seigneur que ses belles qualités, dans un tems moins tumultueux, auroient pu rendre l’ornement de la cour, & capable même de servir sa patrie ; je dis sa patrie, car Rotterdam n’étoit que son lieu natal, & même par un pur effet du hazard. (Le chevalier de Jaucourt.)

ROTEUR, s. m. (Jurisprud.) Rothorium, c’est le lieu où l’on fait rouir le chanvre ; comme le chanvre corrompt l’eau, plusieurs coutumes & ordonnances ont défendu de faire des roteurs en eau courante. Voyez la coutume de Normandie, article 29. recueil sur les statuts de Bresse, l’ordonnance de 1669. & ci-devant le mot Roise. (A)

ROTHER, (Géog. mod.) riviere d’Angleterre. Elle a sa source dans le comté de Sussex, & se partage en deux bras qui se perdent dans le Rye-Haven. (D. J.)

ROTHESS, (Géog. mod.) ville d’Ecosse, dans la province de Murray, sur une petite riviere qui se rend dans la Spey, à 92 milles au couchant d’Edimbourg. Long. 11. 26. lat. 56. 10. (D. J.)

ROTI, s. m. Voyez Rot.

Roti, participe du verbe rotir. Voyez Rotir.

ROTIE, s. f. (Architect.) exhaussement sur un mur de cloture mitoyen, de la demi-épaisseur de ce mur, c’est-à-dire d’environ neuf pouces, avec de petits contreforts d’espace en espace, qui portent

sur le reste du mur. Cet exhaussement sert pour se couvrir de la vue d’un voisin, ou pour palisser les branches d’un espalier de belle venue & en belle exposition ; il ne doit pas excéder dix piés sous le chaperon, y compris la hauteur du mur, suivant la coutume de Paris, à moins de payer les charges. Dict. d’architect. (D. J.)

Rotie, s. f. (Cuisine.) tranche de pain coupée menue, sur laquelle on étend du beurre, des confitures, &c. Si la rotie doit être trempée dans le vin, il faut que le pain soit gratté. On donne encore le nom de rotie à des tranches de pain grillées sur lesquelles on a étendu & fait cuire des viandes seches & assaisonnées d’épices.

ROTIER, s. m. (Artisan peigner.) les rotiers sont des artisans qui fabriquent les rots ou peignes, pour servir aux métiers des ouvriers qui travaillent avec la navette. Trévoux. (D. J.)

ROTIN, s. m. (Commerce.) sorte de roseau qu’on apporte des Indes orientales, dont on fait, en les fendant par morceaux, ces meubles de cannes qui sont d’un si grand usage & d’un si grand commerce en Angleterre & en Hollande ; on en fait aussi des cannes à marcher ou à la main, en les garnissant de poignées. Savari. (D. J.)

Rotin, s. m. (terme de relation) on appelle rotin aux îles Antilles, ceux des roseaux ou cannes à sucre qui ne s’élevent pas bien haut, soit à cause de la mauvaise terre où ils sont plantés, soit par trop de sécheresse, soit pour avoir été mal cultivés, ou enfin pour être trop vieux. Labat. (D. J.)

ROTING, ou Rotingen, (Géog. mod.) petite ville & seigneurie d’Allemagne, dans la Franconie, sur le Tauber. Elle appartient à l’évêque de Wurtzbourg.

ROTIR, v. act. (Gram.) cuire en exposant au feu. On rotit la viande à la broche ; on rotit des marrons dans une poële, ou sous la cendre ; on rotit la mine.

Rotir, en terme de Tabletier-Cornetier ; c’est l’action d’échauffer les morceaux de corne sur une espece de gril pour les rendre susceptibles des façons qu’il faut leur donner.

ROTISSEUR, s. m. (Corporation.) c’est celui qui fait rotir la viande. Il ne se dit guere présentement que du marchand qui habille, larde, & pique les viandes de lait, le gibier, & la volaille, pour les vendre en blanc, c’est-à-dire crues, ou pour les débiter cuites après les avoir fait rotir à leurs âtres ou cheminées.

La communauté des maîtres Rotisseurs de Paris, n’est pas une des moins anciennes de cette ville ; & l’on en peut juger au style de leurs premiers statuts. Ces statuts portent pour titre : ordonnances du métier des oyers & maîtres Rotisseurs ; & cette qualité d’oyers, qui signifie vendeurs d’oyes, sert à appuyer l’opinion que quelques auteurs ont du goût que les anciens habitans de Paris avoient pour cette sorte de viande, qui a donné le nom à la rue aux houës ou aux oyes, dans laquelle anciennement demeuroient la plus grande partie des rotisseurs ou oyers, & où il y en a encore quantité de boutiques. Savary. (D. J.)

ROTISSOIRE, s. f. (Gramm. & Cuis.) machine qu’on peut comparer par sa forme à une garderobe faite de tôle ou de plaques de fer battues devant, derriere, en-haut & en-bas, où l’on peut faire rôtir une grande quantité de viandes à-la-fois. La rotissoire est propre aux communautés, hopitaux, grandes maisons, & autres endroits, où elle devient un meuble d’économie.

ROTOLO, ou ROTOLI, s. m. (Poids.) poids dont on se sert en Sicile, en quelques lieux d’Italie, à Goa, en Portugal, & dans plusieurs échelles du Levant, & particulierement au Caire, & dans les villes maritimes de l’Egypte. Quoique rotolo ait le