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même piece avec l’os du coude, & que la rotule au contraire se trouve détachée du tibia, ou du-moins qu’elle ne lui est jointe que par un ligament flexible, qui n’apporte aucun obstacle aux mouvemens demi-circulaires que la jambe fait étant demi-fléchie, desquels mouvemens elle auroit été incapable si la rotule & le tibia n’avoient fait ensemble qu’une seule & même piece. (D. J.)

Rotule, fracture de la rotule, maladie de chirurgie assez fréquente, & sur laquelle on n’a que depuis peu de tems des notions précises. Quoique la rotule soit exposée, comme tous les autres os du corps, à être fracturée par des causes violentes extérieures, comme coups, chutes, il est beaucoup plus ordinaire de voir la fracture transversale de la rotule causée par le simple effort des muscles extenseurs de la jambe, comme on le remarque dans la rupture du tendon d’Achille. Voyez Rupture.

Le diagnostic de la fracture de la rotule n’est pas difficile : la partie inférieure retenue par le ligament qui s’attache à la tubérosité du tibia reste en place, & l’action des muscles extenseurs tire vers le haut la partie supérieure de la rotule qu’on trouve écartée de l’autre portion de trois à quatre travers de doigt. Souvent une grosse tumeur du volume du poing, par espece de bouffissure sous les tégumens, rend la partie fort difforme au premier coup d’œil.

Le pronostic que les anciens portoient de cette fracture étoit fâcheux. Selon Ambroise Paré, personne n’en guérissoit sans claudication. Cela n’est pas étonnant : on prenoit des mesures fort peu justes pour obtenir la consolidation des pieces divisées ; de-là il résultoit que la rotule demeuroit en deux pieces, en sorte que le genou restoit foible. Les blessés marchent bien en plat chemin ; mais pour monter ils sont contraints de porter la jambe qui fléchit & se tend librement la premiere, & de tirer l’autre ensuite : c’est le contraire en descendant. On en trouve la raison dans le défaut de fermeté du genou rompu dans la rotule.

Cet os est comme enchâssé dans la capsule tendino-aponevrotique des extenseurs de la jambe. Il ne se fait point de cal ; les pieces se réunissent par une espece de coine cartilagineuse ; si l’on manque de bien rapprocher les pieces d’os dans le commencement, & de les maintenir bien exactement réunies, la consolidation est lâche, & l’on sent les pieces vaciller toute la vie. J’en ai vu plusieurs exemples. Mais avec des soins bien suivis, on obtient une consolidation parfaitement solide. On a imaginé plusieurs bandages méchaniques pour contenir cette fracture, & ils m’ont tous paru mériter moins de préférence qu’un bandage méthodiquement fait. J’en parle avec connoissance de cause, ayant eu un assez grand nombre de ces fractures tant à l’hôpital de la Charité qu’en ville. Le point essentiel est d’empêcher l’action des muscles qui tendent à retirer la piece supérieure. Un bandage roulé qui assujettit les muscles par des circulaires bien faits depuis la partie moyenne supérieure de la cuisse jusqu’à la rotule, ne peut être suppléé par aucune autre invention. Les derniers tours de cette bande couvrent une compresse échancrée en arc, & posée au-dessus de la rotule qu’on loge dans cette échancrure ; un aide tire les chefs en-bas le long des parties latérales de la jambe. On recouvre la rotule elle-même de tours de bande. Tous les bandages à jour sont défectueux & donnent lieu au gonflement du tissu cellulaire à l’endroit qui n’est pas comprimé mollement comme le reste. Une grande gouttiere de cuir de vache, ou de carton fort, garnie de compresses, & qui sert comme de cuirasse à la partie postérieure du genou s’étendant à six ou huit travers de doigt sur la cuisse, & à pareille longueur sur la jambe, permet l’application d’une bande plus serrée, dont toute l’ac-

tion est à la partie antérieure & inférieure de la cuisse

& sur la rotule. Cette gouttiere empêche la flexion de la jambe, & encaisse, pour ainsi dire, le genou. Cet appareil très-simple m’a toujours bien réussi, & les malades qui l’ont porté deux mois ou deux mois & demi, ont été mis en liberté avec la rotule bien solidement remise. Je donnerai sur cet accident un mémoire détaillé dans la suite des memoires de l’académie royale de Chirurgie. (Y)

Rotule, s. f. (Pharmacie.) les rotules sont des tablettes plates & rondes, composées d’une matiere plus fine ou plus soluble que celle des tablettes ordinaires, & qui a aussi le sucre pour excipient ; de sorte qu’il y a une très-petite différence entre la rotule & la tablette. Voyez Tablette, Pharmacie.

Les rotules ont toujours pour excipient du sucre très-blanc, ou quelque matiere glutineuse. On demande en conséquence que les rotules soient solides & demi transparentes. Par conséquent tout ce qui ne peut pas se délayer assez subtilement & assez également, comme les conserves, les candits, les poudres grossieres, les noyaux de fruits & autres semblables, ainsi que tout ce qui se grumelle, ne trouve guere ici sa place.

Quelquefois on ne se sert ici ni de sec ni d’épais ; on incorpore seulement avec le sucre des sucs liquides gracieux, & sur-tout acides, comme celui de groseilles, de baies d’épine-vinette, de citron : on a par-là des rotules très-agréables. Ceux qui veulent en faire avec des eaux distillées perdent leur peine.

D’autres incorporent des huiles aromatiques seules, ou des essences épaisses avec le sucre dissous dans l’eau & cuit ; cela ne se fait pas cependant sans que le remede perde de sa vertu.

Pour abréger, on peut, si le but le permet, ordonner d’enduire les rotules officinales d’une huile convenable & d’une essence. On emploie ce même moyen pour les rotules magistrales, quand on craint que les volatils mêlés avec la masse encore chaude ne se dissipent.

La masse de la rotule est plus petite que celle de la tablette. Ordinairement elle équivaut à scrup. j. ou demi-dragme ; elle ne se détermine guere non plus ni par les poids, ni par les mesures.

La dose se détermine par le nombre j. ij. iij. &c. ou par le poids qui varie suivant l’efficacité de la proportion des ingrédiens.

La proportion des ingrédiens est la même que dans les tablettes, à peu d’exceptions près ; par exemple on y met une plus grande quantité de sucre à l’égard des excipiendes ; ainsi pour faire des rotules avec des sucs acides, qui sont très-agréables dans les maladies aiguës, on emploie six ou huit fois autant de sucre : sur dragme j. ou dragme jss d’essences, on met ij onces de sucre ; on en met aussi tout autant sur xx gouttes d’huiles aromatiques.

La souscription est la même que dans les tablettes, excepté le nom. On suppose que l’apothicaire est parfaitement au fait de la préparation. Il doit faire en sorte que par la chaleur il se fasse la moindre dissipation possible des parties volatiles. Il ne doit pas mêler les sucs acides, les essences, les huiles avec le sucre, qu’il ne soit bien cuit & prêt à se geler, ou même quand il est fondu, mais seulement quand il est bien chaud, parce que c’est un obstacle à la concrétion du sucre.

L’usage des rotules est à-peu-près le même que celui des tablettes. Il est donc inutile de nous y arrêter davantage. (D. J.)

ROTUNDUS, (Littérat.) ce mot au figuré chez les Latins, est synonyme à celui de tornatus, ou de perfectus, parfait. Rotundus orator, un excellent orateur. Les Grecs ont dit, parler rondement, στρογγύλως λάλειν, pour dire parler agréablement, harmo-