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nieusement. Démétrius Phaléréus dit que la période oratoire demande une bouche ronde, καὶ δεόμενον στρογγύλου στόματος ; & Plutarque a dit des mots ronds, pour signifier des termes choisis. Aristophane en parlant d’Euripide, dit : ego rotunditate ejus oris fruor, je jouis de la beauté de son langage. Enfin Horace a dit :

Graiis dedit ore rotundo
Musa loqui.

Les Grecs ont reçu en partage les graces du discours ; ces graces & cette perfection de langage appartenoient sur-tout aux Athéniens. (D. J.)

ROTURE, s. f. terme de Droit, est l’état ou condition de quiconque n’est pas compris dans la classe des nobles. Voyez Noble & Noblesse.

Ce mot vient de ruptura, qu’on a dit dans la basse latinité pour la culture de la terre. On a appellé de ce nom les personnes non-nobles, parce que c’étoient les personnes seulement qu’on employoit à la culture des campagnes De-là les biens possédés par ces sortes de gens se sont aussi appellés rotures, ou bien de roture.

Généralement parlant, tout bien de roture est dans la censive d’un seigneur, du-moins y a-t-il bien peu d’exemples de francs-aleus roturiers.

Toute terre tenue en roture paie un cens ; c’est la marque caractéristique de cette sorte de tenure : aussi le cens ne se peut-il pas prescrire, mais seulement sa quotité ; & comme pour les ventes de fiefs il est dû des quints & requints, il est dû des lods & ventes pour les ventes de roture. Voyez Cens & Lods.

Dans la plûpart des coutumes l’ainé n’a point de préciput sur les biens de roture. Voyez Ainé & Préciput.

ROTURIER, autre terme de Droit, dérivé du précédent, se dit tant des personnes qui vivent dans l’état de roture, que des biens qui sont tenus à titre de roture. Voyez ci-dessus Roture.

ROTURIERE, rente, (Jurisprud.) voyez ci-dessus Rente roturiere.

ROTWEIL, (Géog. Hist. mod.) ville libre & impériale d’Allemagne, sur le Necker, dans le comté de Baar en Souabe. Elle est fameuse en Allemagne par le tribunal qui y est établi, & qui décide, au nom de l’empereur, en dernier ressort les procès qui s’élevent dans les cercles de Souabe, d’Autriche, de Franconie & du Rhin. Ce tribunal est composé d’un président ou grand juge héréditaire, qui est actuellement le prince de Schwartzenberg, & de treize assesseurs.

ROTWYL, (Géog. mod.) c’est la même ville d’Allemagne dont il est question dans l’article précédent. Elle est située dans la forêt noire, à huit lieues au sud-ouest de Tubingen, & à 10 au nord de Schafhouse. Elle est libre, impériale, & alliée des cantons suisses depuis 1463. Ses habitans sont catholiques. Le maréchal de Guesbrian prit cette place en 1643. Long. 26. 11. lat. 48. 12.

Deux hommes célebres, l’un par une suite de traverses & d’infortunes, c’est Sébastien Sicler ; l’autre par son savoir, c’est Melchior Wolmar, sont nés à Rotwyl.

Sicler, après avoir éprouvé toutes les horreurs d’un cachot, au sujet d’un vol dont il n’étoit point coupable, se fit hermite, & mourut dans sa retraite en 1695, âgé de 66 ans. Sa vie, imprimée à Lyon en 1698, in-12. est attendrissante ; mais comme elle n’a point de rapport aux sciences, c’est assez de l’indiquer ici.

Wolmar, né en 1497, prit à Bourges le degré de docteur en droit sous Alciat. Il enseigna la langue greque à Calvin, qui lui en témoigna sa reconnoissance en lui dédiant son commentaire sur la seconde

épître de S. Paul aux Corinthiens. Wolmar fut aussi précepteur de Beze. Il devint en 1535 professeur en droit à Tubingue, & mourut à Eisenar en 1561, âgé de 64 ans. Il a donné à Paris en 1523 de savans commentaires in-4°. sur les deux premiers livres de l’Iliade d’Homere. La préface qu’il a mise à la tête de sa grammaire greque de Démétrius Chalcondile, est un chef-d’œuvre en ce genre. (D. J.)

ROTZIG, (Géog. mod.) ou Oroschick, ville dépendante du Turc, dans la Bulgarie, sur la rive droite du Danube, au levant de Widin. Long. 43. 27. lat. 44. 11.

ROUAGE, s. m. (Méchan.) ce sont dans une machine toutes les parties qui regardent les roues, les lanternes, les fuseaux, les pignons. Voyez Roue, &c. (K)

Rouage, terme d’Horlogerie, assemblage de pignons & de roues disposées en telle sorte qu’elles peuvent agir les unes sur les autres.

Dans les montres & pendules qui sonnent ou répetent, les Horlogers distinguent l’assemblage des roues destinées pour la sonnerie d’avec celui qui sert à faire mouvoir les aiguilles ; ils appellent le premier rouage de sonnerie, & l’autre rouage du mouvement.

Ce qu’on exige principalement d’un rouage, c’est 1°. que les engrenages se fassent autant qu’il est possible au milieu des tiges des pignons ou roues qui s’engrenent l’une dans l’autre. Voyez Calibre. 2°. Que ces engrenages se fassent d’une maniere uniforme. Voyez Dents, Engrenage. &c. 3°. Que les pignons ne soient point trop petits, de peur que les frottemens sur leurs pivots ne deviennent trop considérables. 4°. Que les roues ne soient point trop nombrées pour leur grandeur, afin que leurs dents ne deviennent point trop maigres, & puissent être facilement & bien travaillées. 5°. Que les dents des roues & les aîles des pignons soient bien polies, pour qu’elles puissent facilement glisser les unes sur les autres ; enfin que toutes les roues soient fort mobiles, afin que le rouage puisse être mis en mouvement par la plus petite force. A l’égard des nombres convenables pour les roues des différens rouages, voyez l’article Calcul des nombres des roues & des pignons. Article de M. Romilly.

Rouage, (Jurisprud.) droit qui se paye en quelques lieux au seigneur pour la permission de transporter par charrois le vin ou blé que l’on a vendu. Voyez les coutumes de Mantes & de Senlis ; Chopin, sur le chap. viij. de la coutume d’Anjou à la fin, & le glossaire de M. de Lauriere.

Rouage, bois de, (Eaux & Forêts.) on appelle bois de rouage tous les bois, & particulierement les bois d’orme, que les Charrons emploient à faire des roues de carrosses, chariots, charrettes, & autres telles voitures roulantes. Trévoux. (D. J.)

ROUAN, s. m. terme de Haras ; ce terme de haras & de commerce de chevaux, se dit de la couleur du poil des chevaux qui est mêlé de gris, de bai, d’alezan & de noir. Il y a plusieurs sortes de rouan, entr’autres rouan vineux, rouan cavesse, rouan de more, &c. Richelet. (D. J.)

ROUANE, s. f. instrument de Charpentier ; instrument qu’on pourroit en quelque sorte appeller compas, qui sert à marquer les bois ; il est de fer avec un petit manche de buis : la partie, qui est de fer, se partage en deux pointes, dont l’une, qui est un peu plus longue que l’autre, est pointue, & la plus courte est tranchante ; ensorte que la plus longue appuyant sur la piece qu’on veut marquer, on peut faire un ou plusieurs cercles ; de l’autre on tire des lignes autant qu’il est besoin pour la marque de l’ouvrier. Les Charpentiers se servent de la rouane ; les commis des aides & les Tonneliers se servent de la rouanette, qui est une rouane plus petite. Savary. (D. J.)