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composé de deux semences. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

RUBETE, rubeta, s. f. (Hist. des Poissons.) ce mot veut dire un poison tiré en partie du suc de la grenouille venéneuse. Juvenal, sat. 1. vers. 69. & 70. parle d’une dame romaine qui méloit de cette espece de poison au vin qu’elle présentoit à son mari.

Occurrit matrona potens, quæ molle calenum
Porrectura viro miscet sitiente rubetam.


(D. J.)

RUBI, (Géog. anc.) petite ville d’Italie dans la Pouille. L’itinéraire d’Antonin la met sur la route d’Equotorium à Hydrume, entre Canisium & Hydrume, entre Canusium & Budrunte, à 20 milles de la premiere de ces places, & 11 milles de la seconde. C’est de cette ville dont parle Horace, l. I. sat. 5.

Inde Rubos fessi pervenimus. Ut potè longum
Carpentes iter, & factum corruptius imbri.

« Nous eûmes assez de peine à gagner Rubi, où nous arrivâmes fort fatigués ; car outre que nous avions fait une grande traite, la pluie avoit extrémement gâté les chemins ». La journée d’Horace avoit été de 20 milles pour se rendre à Rubi. Il croissoit particulierement dans le territoire de cette ville, une espece de petit osier très-souple & très-délié dont on faisoit des corbeilles. Virgile, Georg. l. V. vers. 256. en a parlé, lorsqu’il a dit ; nunc facilis Rubiâ texatur fiscina virgâ. (D. J.)

RUBICAN, adj. terme de Maquignon ; couleur de poil d’un cheval, qui a du poil bai alesan ou noir, joint à du poil gris ou blanc, semé sur les flancs de maniere que ce gris ou blanc ne domine pas ; on dit également cheval rubican, & poil rubican. (D. J.)

RUBICELLE ou RUBACELLE, s. m. (Hist. nat. Litholog.) nom donné par quelques naturalistes à une pierre précieuse, dont la couleur tient un milieu entre l’hyacinte & le rubis spinel. Voyez Rubis. De Boot dit que cette pierre ressemble souvent aux grenats de Bohème.

RUBICON, (Géog. anc.) riviere d’Italie dans la Romagne, aux confins de la Gaule cisalpine, qu’il séparoit de l’Italie, comme nous l’apprennent Cicéron, philipp. VI. c. iij. & Lucain, l. I. v. 213. Le premier dit : Flumen Rubiconem, cui finis est Galliæ, & le second en parle en ces termes :

Fonte cadit modico, parvisque impellitur undis
Puniceus Rubico, quum fervida canduit æstas :
Perque imas serpit valles, & Gallica certus
Limes ab Ausonis disterminat arva colonis.


Cette riviere, que l’on nomme aujourd’hui Pisatello, selon Léander, est petite, mais très-fameuse dans l’histoire. Il n’étoit pas permis aux soldats, & moins encore à leurs chefs, au retour d’une expédition militaire, de passer cette riviere avec leurs armes, sans le consentement du sénat & du peuple romain ; autrement ils étoient tenus pour ennemis de la république, comme le porte l’inscription qui étoit à la tête du pont de cette riviere, & que l’on a trouvée enterrée sur le bord de cette même riviere.

Le cardinal Bivarola, légat alors de la Romagne, fit dresser au même endroit le marbre sur lequel est cette inscription : voici ce qu’elle porte : Jussu mandatuve P. R. Cos. Imp. Trib. Mil. Tiron. Commiliton. Arma quisquis es manipulariæve centurio, turmæve legionariæ, hîc sistito, vexillum sinito, arma deponito, nec citra hunc amnem signa, ductum exercitum commeatum ve, traducito. Si quis ergo hujusce jussionis adversus præcepta ierit, feceritve, adjudicatus esto hostis P. R. ac si contrà patriam arma tulerit, penatesque ex sacris penetralibus asportaverit S. P. Q. R. sanctio plebesciti.

S. ve consulti ultra hos fines arma ac signa proferre liceat nemini.

Malgré le dessein que César avoit conçu d’asservir sa patrie ; quand il se vit, à son retour des Gaules, au bord du Rubicon avec son armée, dit Suétone, il hésita quelque tems, s’il le passeroit ou non. Il le passa dans la confiance du succès de ses armes, s’empara de l’Umbrie & de l’Etrurie, d’où suivit la guerre civile qui le plaça sur le trhône, & la conspiration qui l’en fit tomber. Voyez Triumvirat. (D. J.)

RUBIE, s. f. (Monnoie d’Alger.) monnoie d’or qui a cours à Alger, & dans tout le royaume qui en porte le nom, aussi-bien que dans ceux de Congo & de Labez. La rubie vaut trente-cinq aspres : elle porte le nom du dey d’Alger, & quelques lettres arabiques pour légende. Savary. (D. J.)

RUBIERA, (Géog. mod.) en latin Herbaria ; ville d’Italie, dans le Modénois, sur la Secchia, à 7 milles de Modène ; c’est une forte place, qui est regardée comme la clé du Modénois. Long. 28. 32. lat. 44. 35.

Urceus (Antoine), un des savans malheureux du xv. siecle, naquit à Rubiera, en 1446, & mourut à Bologne en 1516, âgé de 70 ans. Il fut surnommé Codrus, à cause que le prince de Forli le rencontrant un jour, lui dit, Jupiter Codro se commendat. De-là vint qu’il fit pour lui cette bonne & courte épitaphe, Codrus eram, j’étois Codrus.

Cet écrivain vécut pauvrement pendant toute sa vie, ayant une chambre si sombre, que sans le secours d’une lampe, il ne pouvoit étudier que quelques heures de la journée. Etant une fois sorti sans éteindre cette lampe, le feu prit à ses papiers, & les brûla avec tous ses meubles. Désesperé de la perte de ses manuscrits, il proféra des blasphèmes exécrables, & se retira comme un sauvage dans les forêts, où il passa quelque tems. Ensuite revenant à la ville, il se cacha dans la maison d’un menuisier, où il demeura six mois seuls & sans livres ; enfin il reprit insensiblement ses études. Mais Pierius Valérianus pretend qu’il fut tué par des assassins.

Ses ouvrages contiennent des harangues, des lettres & des poésies. Ils ont été imprimés quatre fois ; savoir, d’abord à Boulogne, en 1502, & finalement à Bâle, en 1540, in-4°. c’est la meilleure édition, & elle est précédée de la vie de l’auteur. Le P. Niceron a fait aussi son article dans ses mémoires des hommes illustres, tom. IV. (D. J.)

RUBIGALIA ou ROBIGALIA, s. f. pl. (Hist. anc.) nom d’une fête qu’on célebroit chez les Romains en l’honneur du dieu Rubigus, ou de la déesse Rubigo, pour demander à ces divinités qu’elles préservassent le blé de la rouille ou nielle. Voyez .

Ces fêtes furent instituées par Numa la onzieme année de son regne. Elles se célebroient le septieme jour avant les calendes de Mai, qui tombe au 25 d’Avril, & qui est le tems où la nielle, appellée en latin rubigo, s’attache au blé. Voyez Rubigo.

Varron fixe la célebration de ces fêtes au tems où le soleil entre dans le 16 degré du taureau ; mais il paroît que le vrai tems de leur célebration étoit le 18e jours avant l’équinoxe, parce que la canicule ou petit chien domine alors, & que cette constellation étoit regardée par les anciens comme malfaisante.

C’est pour cela qu’on sacrifioit un chien à Rubigo : Ovide dit qu’on sacrifioit les entrailles d’un chien & celles d’une brébis : selon Columelle on sacrifioit seulement un chien, qui tetoit encore sa mere. Festus semble faire entendre que la victime devoit être rousse.

RUBIGINIS lucus, (Géog. anc.) bois sacré, que les anciens avoient dédié à la déesse qui prési-