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la regle suivante. Le jour de pâque doit se célébrer le dimanche immédiatement après la pleine lune qui suit l’équinoxe du printems. Voyez Paques. M. Wallis a fait une dissertation particuliere sur les anciennes rubriques concernant le jour qu’on devoit célébrer la fête de pâques. Voyez les Transactions philosophiques.

Rubrique, s. f. (Imprimerie.) on nomme ainsi en termes d’Imprimerie, les lettres rouges d’un livre.

RUCHE, s. f. (Œconom. rustiq.) panier à serrer & nourrir des mouches à miel ; il n’y a rien de décidé, ni pour la matiere, ni pour la forme des ruches ; on en fait de planches, de pierre, de terre cuite, de troncs ou d’écorces d’arbres, de paille, d’éclisse, d’osier, & de verre, pour voir travailler les abeilles. Il y en a de rondes, de quarrées, de triangulaires, de cylindriques, de pyramidales, &c. Celles de paille sont les meilleures, & coutent le moins. Elles sont chaudes, maniables, propres aux abeilles, résistent aux injures du tems, & ne sont point sujettes à la vermine ; les mouches s’y plaisent, & y travaillent mieux que dans toute autre sorte de ruches.

Pour faire des ruches de planche, on prend du chêne, du hêtre, du châtaigner, du noyer, du sapin, ou du liege ; il s’agit principalement de bien joindre les planches, pour qu’il n’y entre ni jour, ni vent, ni pluie. Bien des gens condamnent l’usage des ruches de poterie, parce qu’elles conservent trop longtems le froid de la nuit, & s’échauffent trop au soleil. On prévient pourtant ces inconvéniens en les plaçant en-dehors.

Du reste on met dans chaque ruche, quelle qu’en soit la matiere, deux bâtons posés en croix, pour que l’ouvrage des mouches soit plus ferme.

Il y a des ruches de grandeurs différentes ; le principal est de les faire toujours un tiers plus hautes que larges, & d’en façonner le dessus en voute pour les rendre plus commodes, & l’assiete large, pour que rien ne les ébranle. Les grandes ruches sont de quinze pouces de large sur vingt-trois de haut. C’est dans celles-ci qu’on doit mettre les essaims qui viennent jusqu’au milieu de Juin. Les ruches moyennes doivent avoir treize pouces de largeur sur vingt de hauteur ; on y met les essaims produits depuis la mi-Juin jusqu’au premier Juillet. Les petites ruches ne doivent avoir que treize pouces de large sur dix-sept de haut ; c’est dans cette troisieme sorte de ruche qu’on met les derniers essaims. Tout curieux de la culture des abeilles se pourvoit de ces trois sortes de ruches pour les différens tems.

Si les ruches sont faites d’osier, de troesne, ou autre branchage, il faut les enduire en-dehors de cendres de lessive ou de terre rouge, dont on fait un mortier avec de la bouze de vache, pour les garantir des vers tout-autour. Quand les ruches sont bien enduites & seches, avant que de s’en servir, on les passe légérement sur de la flamme de paille, & puis on les frotte en-dedans avec des feuilles de coudrier & de mélisse.

Il faut que les ruches soient posées sur des sieges ou bancs élevés de terre d’un bon pié, pour que les crapauds, les souris & les fourmis n’y puissent pas monter. Le siege, soit qu’il soit de pierre, de bois, de terre, ou de tuilots, doit être bien uni, surtout à l’endroit sur lequel on pose la ruche. Il est bon aussi que la surface du pié sur laquelle la ruche est assise, soit convexe, pour qu’il s’y amasse moins d’humidité ; par la même raison, si on met les ruches sur des planches, il faut y faire deux égoûts en forme de croix, pour l’écoulement des eaux. Il y a bien de gens, surtout dans les pays qui ne sont pas fort chauds, qui mettent les ruches sous des appentis ou auvents faits exprès pour les défendre de la pluie & des orages.

Ces auvents garantissent aussi les abeilles des grandes chaleurs & des grands vents, & facilitent leur entrée dans les ruches.

Chaque ruche ne doit avoir régulierement qu’une ouverture qui serve d’entrée aux abeilles ; on met ordinairement cette ouverture au bas de la ruche, & on la fait petite, pour que l’humidité, l’air, & les vents ayent moins de prise sur la ruche. S’il se formoit quelqu’autre trou à la ruche ou au siege, il faut avoir soin de le bien boucher avec du mastic. Quand on a une grande quantité d’abeilles, on range les ruches dans un bel emplacement en forme d’amphitéâtre, ensorte qu’entre chaque banc il y ait un passage par où l’on puisse visiter les ruches, & que ces ruches soient rangées en échiquier, ou en quinconce, sans que les rangs se touchent, afin qu’elles reçoivent le soleil également & à plein. Enfin il faut avoir soin de visiter les ruches deux ou trois fois le mois, depuis le commencement du printems jusqu’à l’automne. Dictionn. économique. (D. J.)

Ruche, s. f. (Mesure seche.) mesure dont on se sert dans les sauneries & salines de Normandie. C’est une espece de boisseau qui contient vingt-deux pots d’Argnes, pesant cinquante livres ou environ, mesure rase. Savary. (D. J.)

Ruche, voyez Rouche.

RUCTATION, s. f. (Médecine.) ventosité qui est causée par la mauvaise digestion, & qui se décharge par la bouche avec un bruit désagréable. Voyez Venteux. La ructation vient de la réplétion, quelquefois de l’inaction. Voyez Réplétion.

Le docteur Quincy dit que les hypochondriaques & les hystériques y sont fort sujets ; on la guérit plutôt avec les stomachiques qu’avec les carminatifs & les liqueurs chaudes. Burnet recommande les pilules iliaques de Rhasis.

RUDDIREN, RUTREN ou ISSUREN, (Hist. mod. & Mythologie.) c’est un des trois dieux du premier ordre qui sont l’objet du culte des Banians ou idolâtres de l’Indostan ; ses deux associés sont Ram ou Brama & Vistnou. Voyez ces deux articles. Ce dieu a 1008 noms différens ; mais Ruddiren est celui que lui donnent le Vedam & le Shaster, qui sont les deux livres fondamentaux de la religion des Indes. Les Malabares l’appellent Ichuren, Issuren, Ipsuren, Ipsara ; sur la côte de Coromandel & à Karnate, on le nomme Esvara. Ceux des Basnians & des Malabares qui le préferent aux deux autres dieux ses confreres, l’appellent Mahaden ou le grand dieu. D’autres lui donnent le nom de Chiven, le vrai dieu, l’être suprème, quoique le Vedam dise formellement qu’il n’est que le dernier dans l’ordre de la création, & que la fonction qui lui a été assignée par l’être suprème, est de détruire, tandis que celle de Ram ou Brama est de créer, & celle de Vistnou de conserver les êtres. Suivant les fictions des Indiens Ruddiren est d’une taille si prodigieuse, qu’il remplit les 7 mondes d’en-bas, & les 7 cieux ; on le représente avec trois yeux, dont un est au milieu du front ; ce dernier est si étincelant, qu’il consume, dit-on, tous les objets sur lesquels il se porte. Ce dieu a 16 bras. Il est couvert de la peau d’un tigre, & son manteau est la peau d’un éléphant entourée de serpens. Il porte trois chaînes autour du col, à l’une desquelles est suspendue une cloche. Dans cet équipage on le transporte monté sur un bœuf appellé Irishipatan, qui est lui-même un objet de vénération pour les Indiens. Ce dieu est regardé comme le Priape de l’Indostan ; c’est pour cela que dans quelques pagodes ou temples il est représenté sous la figure du membre viril, ou comme les parties de la génération des deux sexes en conjonction : c’est ce que les Indiens appellent linga ou lingam, pour lequel ils ont la plus haute vénération, au point que plusieurs femmes portent cette fi-