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de Scythie ; tous les géographes anciens sont d’accord là-dessus ; & les Perses donnoient le nom général de Saques aux peuples que les Grecs nommoient Scythes, & que nous appellons aujourd’hui Tartares. Les Scythes ou les Saques occuperent ensuite la plus grande partie de la Sogdiane, ou du pays qui est entre l’Oxus & le Jaxartes. Ceux qui étoient à l’occident, portoient plus communément les noms de Massagetes & de Corasmiens ; mais les uns & les autres avoient passé l’Oxus, & s’étoient établis en-deçà de ce fleuve.

Les Perses donnoient le nom de Dacæ à ceux de ces Scythes qui habitoient des villages ; car ils ne menoient pas tous une vie errante ; & l’on retrouve encore aujourd’hui le nom de Dehistan donné au pays occupé par une nation de Tartares sur le bord de la mer Caspienne, dans le même lieu où les anciens placent les Dacæ.

Il semble même que le nom de Saques ou de Massagettes désignoit les Scythes nomades habitant sous des tentes, & vivant de leur chasse ou du lait de leurs troupeaux. L’histoire de Genghizkan & celle de Tamerlan donnent le nom de Ghel au pays des Tartares qui menent une vie errante ; & ce mot semble un reste du nom de Messagetes ; le nom de Capschak, que les Arabes donnent aux plaines desertes qui sont au nord de la mer Caspienne, paroît de même formé sur le nom de Saques ; car on sait que les Grecs n’ayant pas le son du schin des Orientaux, l’exprimoient par une s, comme font chez nous les personnes qui grasseyent. (D. J.)

SACHALITES, les, (Géog. anc.) Sachalitæ ; ancien peuple de l’Arabie heureuse, sur la côte de l’Océan, dans un golfe qui dans l’état présent de l’Arabie n’est nullement reconnoissable ; mais cependant on peut dire, sur une combinaison d’indices, que Ptolomée, liv. VI. ch. viij. concevoit ce golfe entre le cap Fartaque & le cap de Razalgate.

Les Sachalites occupoient, selon lui, toute la côte de ce golfe, in quo, disent les traducteurs latins de cet auteur, colymbesi Pinici super utribus navigant. Comme la pêche des perles colymbesi Pinici, se fait par des plongeurs qui vont ramasser au fond de la mer cette sorte d’huitre où elle se trouve : pour traduire Ptolomée d’une maniere intelligible, il falloit dire : in quo est margaritarum piscatio, incolæ super utribus transnavigant. En effet, Ptolomée parlant du peuple Sachalitæ, dit qu’ils demeuroient dans le golfe Sachalite ; & avant que de nommer les lieux de la côte, il ajoute, à l’occasion de ce golfe, que l’on y pêchoit des perles, & que les habitans le traversoient sur des outres.

Ptolomée, liv. I. ch. xvij. ne borne pas les Sachalites au golfe de ce même nom, il les étend encore le long de la côte jusques dans le golfe Persique. Ainsi leur pays répondoit au royaume de Caresen, au pays de Mahré, au royaume de Mascate, & à une partie du pays d’Oman. Il appelle ce pays Sachalithes regio.

La profondeur que Ptolomée donne au golfe Sachalite, & qui se tire des positions de chaque lieu dont il le borde, ne paroît plus aujourd’hui, à-moins qu’on ne veuille dire que le golfe étoit celui que nous connoissons sous le nom de Taphar, qui est fort étroit ; & par conséquent il répond mal à l’idée des anciens, qui le prenoient depuis le cap Siagros jusqu’au cap Corodamum, c’est-à-dire depuis le Fartaque jusqu’au Razalgate. (D. J.)

SACHÉE, s. f. (Comm.) ce qu’un sac peut contenir de grains, de légumes, ou de marchandises. Une sachée de laine, une sachée de blé, une sachée de pois.

Sachée, est aussi la mesure à laquelle on vend les broquettes qui se font à Tranchebray près Falaise. Elle est du poids de soixante livres pour toutes les broquettes communes, & de trente seulement pour celles qui sont du plus fin échantillon. En d’autres

endroits on appelle cette mesure une pochée. Id. ibid.

SACHET, s. m. (Gramm.) petit sac. Voyez l’article Sac, & les articles suivans. Un sachet odorant.

Sachet, terme de Chirurgie concernant la matiere médicale externe, c’est une composition de médicamens secs & pulvérisés mis en un petit sac. Les sachets doivent avoir la figure des parties sur lesquelles on les applique. Ceux qu’on destine à couvrir la tête sont faits en maniere de bonnet ou de coîffe. Ils sont triangulaires pour couvrir l’œil. Les anciens donnoient la figure d’une cornemuse aux sachets qu’ils appliquoient sur la région de l’estomac : ils faisoient oblongs, en forme de langue de bœuf, ceux qu’ils destinoient pour la rate, &c. La matiere des sachets est fournie par des feuilles, des fleurs, des fruits de différentes plantes. Les auteurs en donnent plusieurs formules. On a décrit, dans ce Dictionnaire, au mot Cucuphe, la composition des bonnets piqués aromatiques pour fortifier la tête. Ambroise Paré en fournit un autre contre les affections froides du cerveau. Prenez du son, une poignée ; du millet, une once ; du sel, deux gros ; roses rouges, fleurs de romarin, de stœchas, de cloux de girofles, de chacun deux gros ; feuilles de betoine & de sauge, de chacune demi-poignée : on coud toutes ces drogues en poudre dans une coîffe, qu’on fait chauffer à la fumée de la poudre d’encens & de sandarac, jettée sur des charbons ardens. On applique sur les yeux des sachets discussifs & résolutifs, composés avec les poudres de fleurs de melilot, de camomille, de sureau, les sommités de romarin, les fleurs de stœchas, &c. auxquelles on ajoute de la poudre de café brûlé.

Pour discuter & dissiper des ventosités, on ajoute aux plantes ci-dessus spécifiées, les poudres de semences d’anis, de fenouil, &c. Pour soutenir les poudres & empêcher qu’elles ne se jettent de côté & d’autre, on les met sur du coton, & l’on pique la toile qui fait le sachet. On arrose quelquefois les sachets avec du vin chaud, ou des eaux distillées ; quelquefois on les expose à la vapeur de quelques parfums, à l’humidité vaporeuse de quelque eau distillée jettée sur une pelle rougie au feu, &c. Voyez Fumigation. Les plantes émollientes bouillies dans de l’eau s’appliquent aussi entre deux linges, sous la dénomination de sachets ; mais ce sont plutôt de cataplasmes, que pour plus grande propreté on ne fait pas toucher immédiatement à la peau.

Il y a à Paris un empirique qui vend un sachet dit anti-apoplectique, que l’on porte au cou avec un ruban, qui laisse pendre ledit sachet, grand comme l’extrémité du pouce, sur la région inférieure du sternum. Quoi qu’on ait dit, à l’article Amulete, de la vertu de ces sortes de parfums, il est difficile que la raison se prête à croire que les causes de l’apoplexie ne peuvent prévaloir contre l’efficacité du sachet. Quelques personnes n’en blâment pas l’usage, parce qu’il est certain, dit-on, qu’il ne fait aucun mal ; mais n’en est-ce pas un très-grand que de mettre toute sa confiance à une pratique inutile qui empêche de se précautionner d’ailleurs par le régime, & des attentions séveres contre l’atteinte d’un accident aussi formidable que l’apoplexie ? Populus vult decipi, decipiatur. (Y)

Sachets de mitraille, (Artillerie.) ce sont de petits sacs de toile qu’on remplit de mitrailles, soit pour armer des canons, soit pour armer des pierriers.

SACHETTES, s. f. pl. (Hist. ecclés.) religieuses de l’ordre de la pénitence, ou du sac, ou des sachets ; elles avoient une maison proche Saint-Andre-des-arcs, dans une rue qu’on appelle encore la rue des sachettes.

SACIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) c’est la même secte que les Anthropomorphites. Voyez Anthropomorphites.