Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/543

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est de forme ovale, oblongue ; le stile est placé sous l’étamine ; le stigma est fendu en deux ; il n’y a point d’enveloppe particuliere au fruit, mais le calice devient plus gros & contient une seule graine.

On ne compte qu’une espece de salicornie, nommée par Tournefort salicornia geniculata, annua, coroll. 51. Ses cendres sont d’un grand usage dans les manufactures de savon & dans les verreries. (D. J.)

SALICOTS, terme de pêche, sorte de poissons. Description de leur pêche. La pêcherie du palais, lieu dans le ressort de l’amirauté de Marennes, sur la côte du Ponant, dans laquelle on fait la pêche de ces poissons, qu’on appelle la santé, salicots ou grand barbeau, est particuliere à ce lieu. Pour établir cette pêcherie, on plante dans la roche de petits sapins de vingt-deux à vingt-quatre piés de hauteur ; on les range en quarré, on les enfonce environ de deux piés, & on les dispose de maniere qu’ils se trouvent placés un peu en talut, pour les écarter par le bas, & leur donner une assiette plus ferme ; ensuite à cinq piés environ du bout d’en-haut, on forme avec des traverses une espece de plancher que l’on couvre de broussailles & de branches d’osier ; on fait aussi autour du quarré une enceinte de pareil clayonnage de la hauteur d’environ trois piés, la pêcherie est éloignée de la côte d’environ dix brasses à la pleine mer.

Pour former un accès facile à ces pêcheries, qui sont plusieurs sur différentes lignes, on plante à la côte d’autres perches au pié du rivage à la pêcherie ; ces perches ont deux traverses qui conduisent au premier palais ; la traverse d’en-bas sert aux pêcheurs de marche-piés ; & celle d’en-haut de soutien & de guide, ce qu’on appelle le chemin ou la galerie.

Cette pêche ne se fait que de haute-mer, & seulement depuis le mois de Mars & d’Avril, jusqu’à la fin de Juillet ; ce sont presque les femmes seules qui s’employent à cette pêche ; elles ont pour cet effet quatre à cinq trullottes, ou petits trulles, formées de la même maniere que celles des pêcheurs des monarts ; elles mettent à côté de cet instrument deux pierres pour le faire caler, & pour appât dans le fond du sac des cancres ou crabes dont on ôte l’écaille ; la trullotte est amarrée par un bout de ligne passée au-travers du bout du bouson qui est le morceau de bois, au travers duquel passe la croisée où est amarrée le sac ; la femme qui pêche, releve de tems en tems & successivement ses trullottes, pour en retirer la santé qui s’y peut trouver.

Les gros vents, surtout ceux d’ouest & du sud-ouest, détruisent souvent ces pêcheries, qui sont libres, & dont on est obligé de renouveller tous les ans les sapins ; cette précaution n’empêche pas qu’il n’y arrive souvent des accidens, soit que les vents fassent tomber à la mer les femmes en allant dans leurs palais, ou que les pieux se cassent quand elles y sont à pêcher.

Il faut du beau tems & du calme pour faire cette pêche avec succès, elle ne dure que deux heures seulement toutes les marées : savoir, une heure avant le plein de la mer, & une heure après le jussant. Voyez nos Planches de Pêche, qui représentent ces sortes de pêcheries.

SALIENS, s. m. pl. (Hist. anc.) nom qu’on donnoit autrefois à des prêtres de Mars qui étoient au nombre de douze, institués par Numa. Ils portoient des robes de différentes couleurs avec la toge bordée de pourpre, & des bonnets très-hauts faits en cône, à quoi quelques-uns ajoutent un plastron d’acier sur la poitrine.

On les appelloit Salii, du mot saltare, danser, parce que ces prêtres lorsqu’ils avoient fait leurs sacrifices, alloient par les rues en dansant ; ils tenoient

à leur main gauche de petits boucliers, nommé ancilia, & à la droite une lance ou bâton, avec lequel ils frappoient en cadence sur les boucliers les uns des autres, en chantant des hymnes en l’honneur des dieux.

Il y avoit deux compagnies ou colleges de Saliens. Les anciens Saliens établis par Numa, s’appelloient Palatini : les autres institués par Tullus Hostilius, se nommoient Collini ou Agonales. Servius dit cependant qu’il y avoit deux colleges de prêtres Saliens, institués par Numa, savoir les Collini & les Quirinales : & deux autres classes instituées par Tullus, savoir les Pavorii & les Pallorii, c’est-à-dire prêtres de la peur & de la pâleur, que les Romains adoroient aussi bien que la fievre. Il est assez douteux que ces derniers fussent véritablement du college des Saliens, puisque Plutarque assure que les véritables Saliens étoient les prêtres des dieux belliqueux, & la peur & la pâleur ne sont rien moins que des divinités guerrieres : à moins qu’on ne dise que dans les combats elles sont connues des vaincus, & en ce cas l’office des Pavoriens & des Palloriens auroit été de les détourner des armées romaines.

Les Saliens avoient coutume de chanter principalement une chanson ancienne, appellée saliare carmen ; & après la cérémonie, ils faisoient entr’eux un grand festin, delà vint le mot de saliares epulæ, ou saliares dapes, pour signifier un bon repas.

Ces prêtres avoient un chef de leur corps, qu’on appelloit præsul ou magister saliorum. Il marchoit à la tête, & commençoit la danse : les autres imitoient tous ses pas & toutes ses attitudes. Le corps entier de ces prêtres étoit appellé collegium saliorum.

Festus Pompeius fait mention de filles Saliennes, virgines saliares ; qui étoient gagées par les Saliens pour se joindre avec eux dans leurs cérémonies. Ces filles avoient une espece d’habillement militaire, appellé paludamentum. Elles portoient de grands bonnets ronds comme les Saliens, & faisoient comme eux des sacrifices avec des pontifes dans le palais des rois : mais Rosin, l. III. des antiquités romaines, remarque que Festus est le seul auteur qui parle de ces prêtresses, & ne paroît pas adopter ce sentiment comme quelque chose de certain.

M. Patin, prétend qu’on voit la figure d’un prêtre Salien sur un médaille de la famille Saquinia. Cette figure porte un bouclier d’une main, & un caducée de l’autre. Mais elle paroît avoir le regard trop grave & trop tranquille pour un personnage aussi impétueux qu’étoient les Saliens dans leurs cérémonies, de plus le bouclier qu’elle porte, ne paroît point être le même que celui qu’on appelloit ancyle : car le bouclier de la figure est entierement rond, & n’est échancré nulle part. Enfin peut-on supposer qu’un prêtre de Mars qui est le dieu de la guerre, eût été représenté ayant en main un caducée qui est le symbole de la paix ? Il y a donc apparence que cette figure dont M. Patin parle, n’est point celle d’un prêtre salien.

Au reste les Saliens avoient été en usage en d’autres villes d’Italie, avant que d’être établis à Rome, & Hercule avoit eu ses Saliens plus anciennement que Mars. Ceux de ce dernier devoient être de famille patricienne, & ils étoient reçus fort jeunes dans ce college, puisque Marc Aurele y fut admis à l’âge de huit ans. On dit que leurs filles ne pouvoient être du nombre des vestales. Outre les anciens Saliens, fondés par les rois de Rome, on en trouve d’autres, nommés Augustales, Hadrianales, Antonini, qu’on croit avoir été des prêtres consacrés au culte de ces empereurs après leur apothéose.

SALIERE, s. f. (ustensile de ménage.) sorte de petit vaisseau de bois qu’on remplit de sel, & qu’on pend au jambage de la cheminée pour le faire sécher.