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ainsi fabriqué, pourra se garder long-tems, & sera peu susceptible des impressions de l’air.

Parmi plusieurs moyens que la Chimie fournit pour connoitre la quantité du sel marin contenue dans le salpêtre, il faut préférer la crystallisation qui est la voie la plus simple, la plus facile & la plus vraie.

Toutes les expériences sur les salpêtres de différens affinages, se réduisent à les raffiner de nouveau en petit, pour en séparer le sel & l’eau mere, de même qu’on fait dans les travaux en grand.

Si vous faites dissoudre une quantité donnée de salpêtre dans l’eau, cuire ou évaporer, & mettre ensuite dans un lieu frais pour s’y congeler ; la liqueur restante, ou la solution de salpêtre de nouveau évaporée, & de-là mise à congeler, & que vous répétiez ainsi la crystallisation jusqu’à neuf fois, le salpêtre crystallisant de la sorte peu-à-peu, & en petite quantité chaque fois, le sel se dégagera mieux d’avec lui, & ne paroîtra que dans les dernieres crystallisations suivant qu’il est plus ou moins abondant ; car s’il y en a très-peu, il ne paroîtra avec l’eau mere qu’à la derniere crystallisation. Tel est le moyen que l’on emploie en Chimie pour avoir un salpêtre absolument pur.

Le salpêtre de trois cuites du premier affinage, dissous à une quantité comme dans l’eau, & crystallisé neuf fois, ne donnera dans la derniere crystallisation qu’un vestige de sel, c’est-à-dire à-peine quelques grains sensibles, avec un peu plus d’eau mere que ne le fait d’ordinaire le salpêtre qu’on vend à l’arsenal, où il y a souvent des cuites qui ne donnent aucun vestige d’eau mere.

Si le salpêtre de trois cuites du deuxieme affinage est traité de même que celui du premier, le sel paroîtra à la derniere ou neuvieme crystalisation, en quantité un peu moindre que dans le salpêtre du premier affinage ; ce ne sera, pour ainsi dire, qu’une trace de sel, l’eau mere sera à-peine sensible.

Le salpêtre de trois cuites du troisieme affinage, crystallisé comme les autres, le sel ne paroîtra qu’à la derniere crystallisation, à-peu-près en même quantité que celui du salpêtre du premier affinage ; il n’y aura presque pas d’eau mere.

L’eau mere à la quantité de 7 livres, 5 onces, donnera à la faveur de l’évaporation, une demi-on ce de salpêtre, & presque 6 onces de sel ; le reste de la liqueur sera ce qu’on appelle l’eau mere, qui ne crystallise point.

Le tems employé pour les trois affinages sera de 4 jours & demi, & 25 minutes.

Le salpêtre de ces trois raffinages sera aussi parfait qu’il le puisse être, & l’on aura consommé 2638 liv. de bois : employé 3600 liv. d’eau, 9 liv. 10 onces de colle : travaillé 108 heures 25 minutes, ou 4 jours 12 heures 25 minutes : & obtenu 2461 liv. de salpêtre raffiné : de salpêtre brut, provenu des cuites d’eau, 67 livres : d’eaux meres restées des opérations, 28 liv. 8 onces : de sel produit net, 604 liv. enfin des écumes, 171 liv.

Le salpêtre doit être de la troisieme cuite pour être employé à la composition de la poudre, & à celle des feux d’artifice ; pour ce dernier usage on le pile dans un mortier, ou on le broie sur une table de bois dur avec une molette, & on le passe au tamis de soie ; plus il est fin & sec, & plus il a d’effet ; il est par lui-même incombustible, & lorsqu’il s’enflame & fuse, c’est à l’occasion de la matiere à laquelle il touche, comme lorsqu’il est mis sur une planche ou sur des charbons, l’air subtil qu’il contient, se dévelopant par l’action du feu, exalte les parties sulfureuses que ces matieres contiennent, dont il pénetre les pores ; elles se changent en flamme & emportent avec elles les parties du salpêtre que leur action a divisées ; si au contraire il est mis sur quelque chose d’incombusti-

ble & dénuée de ce soufre, comme sur une pelle ou

sur une tuile rougie au feu, il fond simplement sans s’enflammer & se reduit en liqueur, il prend corps en refroidissant & forme un sel plus dur & plus solide qu’il n’étoit auparavant, & qui est également propre aux mêmes usages, étant ce qu’on appelle salpêtre en roche, il se rafine même par cette fusion, on en prépare en quelques endroits pour faire de la poudre de chasse en le faisant fondre au feu & sans eau ; on jette un peu de soufre dessus pendant qu’il est en fusion pour achever de le dégraisser, le soufre brûle avec ce qui peut y être resté de graisse, sans allumer le salpêtre ; cette opération ne pourroit se réiterer sans l’affoiblir, attendu que n’y ayant plus rien d’onctueux, les esprits auroient plus de facilité à s’en dégager, & qu’il s’en évaporeroit beaucoup.

Salpêtre, à la Monnoie ; on appelle affiner au salpêtre l’affinage de l’argent qui se fait avec ce sel ou nitre ; l’affinage de l’argent par le salpêtre se fait ainsi. On se sert d’un fourneau à vent ; on y met un creuset, on le charge d’environ 40 marcs de matiere d’argent, puis on le couvre, & on charge le fourneau de charbon. Quand la matiere est en bain, on jette deux ou trois onces de plomb dans le creuset, on brasse bien la matiere en bain, voyez Brassoir, puis on retire le creuset du feu ; on verse ensuite cette matiere par inclination dans un bacquet plein d’eau commune, pour la réduire en grenaille. Après lui avoir donné trois feux, on laisse refroidir le creuset sans y toucher, on le retire, enfin on le casse, & on y trouve un culot dont le fond est d’argent fin, & le dessus de crasse de salpêtre avec l’alliage de l’argent.

SALPÊTRIERE, s. m. (Architect.) grande salle d’un arsenal, au rez-de-chaussée, où sont ordinairement plusieurs rangs de cuves & de fourneaux pour faire le salpêtre. Telle est la salpêtriere de l’arsenal de Paris. (D. J.)

SALPINATES, les (Géog. anc.) ancien peuple d’Italie. Ils s’unirent avec Vulfinius, pour faire la guerre aux Romains, selon Tite-Live, liv. III. (D. J.)

SALPINGO-PHARINGIEN, en Anatomie, épithete des muscles qui s’attachent à la portion voisine & cartilagineuse de la trompe d’Eustache, & se terminent à la ligne blanche du pharinx ; c’est une portion du spheno-salpingo-pharingien. Voyez Pharinx & Spheno-salpingo-pharingien.

SALPINGO-STAPHILIN, en Anatomie, nom d’une paire de muscle de la luette, qui viennent en partie de l’os sphénoïde, & sur-tout de la partie postérieure & cartilagineuse de la trompe d’Eustache, & s’inserent à la partie postérieure de la luette.

On les appelle aussi petro-salpingo-staphilins ou péristaphilins internes.

SALSEPAREILLE, s. f. smilax, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposées en rond. Le pistil de cette fleur devient dans la suite un fruit mou ou une baie arrondie, & remplie d’une semence ordinairement ronde ou ovoïde. Tournefort, inst. rei herb. app. Voyez Plante.

SALSES, (Géog. mod.) en latin Salsulæ, forteresse de France, dans le Roussillon, aux confins du Languedoc, sur le grand chemin de Perpignan à Narbonne, entre les montagnes & un grand étang, qui prend quelquefois le nom de Salses, & quelquefois le nom de Leucate.

La forteresse de Salses a été bâtie par Charles-Quint, & il s’est formé dans ce lieu un village qui a le titre & les prérogatives de ville. Il est à quelque distance du fort, à 2 lieues au-deçà de Perpignan, & à une lieue de la Méditerranée. Le prince de Condé prit le fort en 1639 ; les Espagnols le reprirent en