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nous en donne Cassien dans sa quatorzieme conférence où il les appelle, renuitæ quia jugum regularis disciplinæ renuunt. Saint Jérôme n’en parle pas plus favorablement dans une lettre à Eustochium, où il les appelle remoboth ; & S. Benoît en fait une peinture affreuse dans le premier chapitre de sa regle.

C’étoient les Egyptiens qui avoient donné aux sarabaïtes le nom de remoboth ; & voici ce qu’en dit S. Jérôme : Hi bini vel terni nec multò plures simul habitant suo arbitratu ac ditione viventes, & de eo quod laboraverint, in medium partes conferunt, ut habeant alimenta communia. Habitant autem quam plurimi in urbibus & castellis, & quasi ars sancta, non vita, quidquid vendiderint majoris est pretii. Inter hos sæpe sunt jurgia quia suo viventes cibo, non patiuntur se alicui esse subjectos. Reverà solent certare jejuniis, & rem secreti victoriæ faciunt. Apud hos adfectata sunt omnia, laxæ manicæ, caligæ follicantes, vestis crassior, crebra suspiria, visitatio virginum, detractio clericorum, & si quando dies festus venerit, saturantur ad vomitum. Epist. XXII. ad Eustoch.

SARABALES, s. f. (Hist. jud.) sorte de vêtement des Hébreux.

Il est dit dans Daniel, c. iij. vers. 94. que les trois hébreux ayant été jettés dans la fournaise, le feu ne leur fit aucun mal, & que leurs sarabales demeurerent entieres : saraballa corum non sunt immutata. Ce terme saraballa est chaldéen, & on le lit dans l’original de l’édit de Nabuchodonosor, Daniel, c. iij. vers. 21. Aquila Théodotion & Symmaque ont lu sarabara, σαράβαρα. Tertullien lit de même, & dit dans son traité de Pallio qu’Alexandre le grand n’eut pas honte de quitter l’habit militaire des Grecs pour prendre les sarabares des peuples vaincus. Ces sarabares étoient, à ce qu’on croit, des culotes ou des bandes qui enveloppoient les jambes & les cuisses. On trouve aussi quelquefois sarabara pour un habillement de tête. Voyez Saumaise sur Tertullien de Pallio, c. iv. & Ducange, Gloss. au mot sarabara ; Calmet, Diction. de la Bible, tome III. p. 480.

SARABANDE, s. f. air de musique & sorte de danse à trois tems, d’un caractere lent, grave & sérieux.

SARABARA, (Critique sacrée.) ce terme grec de Théodotion est expliqué par des hauts-de-chausses ou bandes qui enveloppoient les jambes & les cuisses, braccas ; l’auteur apocryphe des additions faites au troisieme chapitre de Daniel dit, vers. 94. sur les trois jeunes hommes jettés dans la fournaise, que le feu n’endommagea pas même leurs vêtemens. Le grec met σαράβαρα. (D. J.)

SARABAT, le, (Géog. mod.) riviere d’Asie dans l’Anatolie ; elle se décharge dans le golfe de Smyrne, auprès de Smyrne. C’est l’Hermus des anciens. Voyez Hermus. (D. J.)

SARABRIS, (Géog. anc.) ancienne ville de l’Espagne tarragonoise, selon Ptolomée. Ses interpretes disent que c’est Zamora. Florien d’Ocampo prétend que c’est Toro sur le Duero, & son sentiment est favorisé par Gomez Vasaeus. (D. J.)

SARACENE, la, (Géog. anc.) contrée de l’Arabie pétrée, selon Ptolomée, l. V. c. xvij. Elle étoit au couchant des montagnes Noires en tirant vers l’Egypte. (D. J.)

SARACENI, (Géog. anc.) ancien peuple de l’Arabie. Eratosthene, dans Strabon, les nomme Scenitæ Arabes. Les premiers, dit-il, qui occupent l’Arabie heureuse sont les Syriens. Après eux est une terre sablonneuse & stérile, qui produit des épines & des bruyeres, & qui a de l’eau lorsque l’on creuse dans la terre, comme dans la Gédrosie. Ce pays est occupé par les Arabes scénites qui nourrissent des chameaux.

Pline dit, l. V. c. xj. au-delà de l’embouchure du Nil, qui porte le nom de Péluse, est l’Arabie qui s’étend vers la mer Rouge, & vers cette odoriférante

contrée connue sous le nom d’heureuse. Elle est stérile, excepté aux confins de la Syrie, & n’a rien de recommandable que le mont Casius. Ce nom d’Arabes scénites vient de ce qu’ils logeoient sous des tentes, comme font encore les Bédouins.

Ammien Marcellin nous apprend que les Arabes scénites étoient le même peuple que les Sarrasins, gens, dit-il, que nous ne devons jamais souhaiter d’avoir pour amis, ni pour ennemis. Ils courent çà & là, ravagent en un instant tout ce qu’ils trouvent sous leur main, semblables à des éperviers qui, s’ils voient bien haut une proie, l’enlevent par un vol rapide, & ne s’arrêtent point qu’ils n’en soient saisis.

Il ajoute les particularités suivantes : Toutes ces nations qui s’étendent entre l’Assyrie & les cataractes du Nil & jusqu’aux confins de Blemmyes, sont également guerrieres. Les hommes sont à demi-nuds, avec une saie de couleur qui les couvre jusqu’au-dessus de la ceinture ; ils se portent de divers côtés à la faveur de leurs chevaux qui sont très-légers, & de leurs chameaux, & ne s’embarrassent ni de la paix, ni de la guerre : on ne voit jamais aucun d’eux mener la charrue, tailler des arbres, ou cultiver la terre pour se nourrir ; mais ils sont vagabonds & dispersés dans une grande étendue de pays, sans demeure & sans lois. Ils se nourrissent de chair de bêtes sauvages, de lait qu’ils ont en abondance, & d’herbes de plusieurs especes. Nous les avons vu la plûpart, ne connoissant l’usage du blé, ni celui du vin.

Ptolomée place les Scénites & les Saraceni dans l’Arabie pétrée, & les regarde comme des colonies d’un même peuple ; mais il faut bien remarquer que les noms de Scénites & de Saraceni étoient proprement des sobriquets que les autres peuples leur donnerent. Le mot de scénites vient de ce qu’ils demeuroient sous des tentes ; & le mot saraceni paroît venir de l’arabe sarak, qui veut dire voler, piller, terme qu’on employa pour exprimer les brigandages de cette nation.

Il paroît par Procope que sous l’empire de Justinien les Saraceni, que nous avons nommés en françois Sarrasins, étoient partagés par tribus, entre lesquelles certaines familles conservoient une prééminence héréditaire. Mahomet, qui naquit l’an 571, s’attacha toutes ces tribus de Sarrasins, se mit à leur tête, se fit donner de nouvelles terres par Héraclius, & mourut en 633, après avoir fait de grandes conquêtes en Arabie, que ses successeurs étendirent de toutes parts. Voyez Sarrasins, Hist. (D. J.)

SARACHE, on donne ce nom aux petites aloses. Voyez Alose.

SARACORI, (Geog. anc.) ancien peuple dont Ælien cite cette particularité dans son histoire des animaux, l. XII. c. xxxiv. Les Saracores, dit-il, ne se servent point d’ânes pour porter des fardeaux, ni pour tourner les meules ; mais les Saracores montent sur des ânes pour se battre à la guerre. Ælien ne dit point en quel lieu étoit ce peuple. Ortelius conjecture que ce pourroit bien être le même que les Saragures, peuple d’Asie, selon Suidas, Σαράγουροι. (D. J.)

SARAGOSA ou SARAGUSA, (Géog. anc.) en latin Syracusæ, ville de Sicile, dans la vallée de Noto, sur la côte orientale, à 45 lieues au sud-est de Palerme. Cette ville, qui a succédé à l’ancienne Syracuse, est encore aujourd’hui une des principales de l’île de Sicile, tant pour la bonté de son port, que pour sa situation avantageuse, ses murailles se trouvant de tous côtés baignées des eaux de la mer ; car elle n’occupe présentement que le seul terrein, qui anciennement étoit appellé Ortygia ou Insula. Un château de figure irréguliere & fort défectueux sert de défense au port, & communique avec la ville par le moyen d’un pont de bois, mais fort mal disposé. On trouve dans ce château l’ancienne fontaine d’A-