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plaindre, lorsque Dieu l’abandonne à la pauvreté.

L’humilité est le havre de la foi ; la présomption est son écueil.

Humilie-toi dans ta jeunesse, afin que tu sois grand dans ta vieillesse.

L’humilité est le fard de la noblesse, c’est le complement de la grace, elle éleve devant le monde & devant Dieu.

L’insensé aux yeux des hommes & de Dieu, c’est celui qui se croit sage.

Plus tu seras éclatant, plus tu seras prudent si tu te caches ; les ténebres dérobent à l’envie, & ajoutent de la splendeur à la lumiere ; ne monte point au haut de la montagne d’où l’on t’appercevroit de loin ; enfonce-toi dans la caverne que la nature a creusée à ses piés, où l’on t’ira chercher ; si tu te montres, tu seras haï ou flatté, tu souffriras, ou tu deviendras vain ; marche, ne court pas.

Trois choses tourmentent sur-tout, l’avarice, le faste & la concupiscence.

Moins l’homme vaut, plus il est amoureux de lui.

Plus il est amoureux de lui, plus il aime à contredire un autre.

Entre les vices difficiles à corriger, c’est l’amour de soi, c’est le penchant à contredire.

Lorsque les lumieres sont allumées, ferme les fenêtres.

Sois distrait, lorsqu’on tient un discours obscène.

S’il reste en toi une seule passion qui te domine, tu n’es pas encore sage.

Malheur au siecle de l’homme qui sera sage dans la passion.

On s’enrichit en appauvrissant ses desirs.

Si la passion enchaîne le jugement, il faut que l’homme périsse.

Une femme sans pudeur est un mets fade & sans sel.

Si l’homme voyoit sans distraction la nécessité de sa fin & la briéveté de son jour, il mépriseroit le travail & la fraude.

Le monde n’est éternel pour personne, laisse-le passer, & t’attache à celui qui l’a fait.

Le monde est doux à l’insensé, il est amer au sage.

Chacun a sa peine, celui qui n’en a point n’est pas à compter parmi les enfans des hommes.

Le monde est un mensonge, un séjour de larmes.

Le monde est la route qui te conduit dans ta patrie.

Donne celui-ci pour l’autre, & tu gagneras au change.

Reçois de lui selon ton besoin, & songes que la mort est le dernier de ses dons.

Quand as-tu résolu de le quitter ? quand as-tu résolu de le haïr ? quand, dis-moi, quand ? il passe, & il n’y a que la sagesse qui reste. C’est le rocher & l’amas de poussiere.

Songe à ton entrée dans le monde, songe à ta sortie, & tu te diras, j’ai été fait homme de rien, & je serai dans un instant comme quand je n’étois pas.

Le monde & sa richesse passent, ce sont les bonnes œuvres qui durent.

Vois-tu ce cadavre infect, sur lequel ces chiens affamés sont acharnés ; c’est le monde, ce sont les hommes.

Que le nombre ne te séduise point, tu seras seul un jour, un jour tu répondras seul.

Suppléer à une folie par une folie, c’est vouloir éteindre un incendie avec du bois & de la paille.

L’homme religieux ne s’accoude point sur la terre.

Dis-toi souvent d’où suis-je venu ; qui suis-je ; où vais-je ; où m’arrêterai-je ?

Tu marches sans cesse au tombeau.

C’est la victime grasse qu’on immole, c’est la maigre qu’on épargne.

Tu sommeilles à présent, mais tu t’éveilleras.

Entre la mort & la vie, tu n’es qu’une ombre qui passe.

Ce monde est aujourd’hui pour toi, demain c’en sera un autre.

C’est l’huile qui soutient la lampe qui luit, c’est la patience qui retient l’homme qui souffre.

Sois pieux en présence des dieux, prudent parmi les hommes, patient à côté des méchans.

La joie viendra si tu sais l’attendre, le répentir si tu te hâtes.

Le mal se multiplie pour le pusillanime, il n’y en a qu’un pour celui qui sait souffrir.

Laisse l’action dont tu ne pourras supporter le châtiment, fais celle dont la recompense t’est assurée.

Tout chemin qui écarte de Dieu, égare.

L’aumône dit en passant de la main de celui qui donne, dans la main de celui qui reçoit, je n’étois rien, & tu m’as fait quelque chose ; j’étois petite, & tu m’as fait grande ; j’étois haïe, & tu m’as fait aimer ; j’étois passagere, & tu m’as fait éternelle ; tu me gardois, & tu m’as fait ta gardienne.

La justice est la premiere vertu de celui qui commande.

N’écoute pas ta volonté qui peut être mauvaise, écoute la justice.

Le bienfaisant touche l’homme, il est à côté de Dieu, il est proche du ciel.

L’avare est un arbre stérile.

Si le pauvre est abject, le riche est envié.

Sans le contentement, qu’est-ce que la richesse ? qu’est-ce que la pauvreté sans l’abjection ?

Le juge n’écoutera point une partie, sans son adverse.

Ton ami est un rayon de miel qu’il ne faut pas dévorer.

Mon frere est celui qui m’avertit du péril ; mon frere est celui qui me secourt.

La sincérité est le sacrement de l’amitié.

Bannissez la concorde du monde, & dites-moi ce qu’il devient.

Le ciel est dans l’angle où les sages sont assemblés.

La présence d’un homme sage donne du poids à l’entretien.

Embarque-toi sur la mer, ou fais societé avec les méchans.

Obéis à ton pere afin que tu vives.

Imite la fourmi.

Celui-là possede son ame, qui peut garder un secret avec son ami.

Le secret est ton esclave si tu le gardes, tu deviens le sien s’il t’échappe.

La taciturnité est sœur de la concorde.

L’indiscret fait en un moment des querelles d’un siecle.

On connoit l’homme savant à son discours, l’homme prudent à son action.

Celui qui ne sait pas obéir, ne sait pas commander.

Le souverain est l’ombre de Dieu.

L’homme capable qui ne fait rien, est une nuë qui passe & qui n’arrose point.

Le plus méchant des hommes, est l’homme inutile qui sait.

Le savant sans jugement, est un enfant.

L’ignorant est un orphelin.

Regarde derriere toi, & tu verras l’infirmité & la vieillesse qui te suivent, or tu concevras que la sagesse est meilleure que l’épée, la connoissance meilleure que le sceptre.

Il n’y a point d’indigence pour celui qui sait.

La vie de l’ignorant ne pese pas une heure de l’homme qui sait.