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seil d’état y a établi un receveur pour la recette du verponding, & des droits de consomption. (D. J.)

SASENO, ou SALNO, (Géog. mod.) petite île de la mer Ionienne, à l’embouchure du golfe de Venise, près de la côte de l’Albanie ; elle est sous la domination du turc : Sophien croit que c’est l’île Saso, ou Sasus des anciens. (D. J.)

SASERON, (Géog. mod.) ville des Indes, au royaume de Bengale, entre Agra & Patua, sur le pié d’une montagne, & près d’un grand étang, au milieu duquel est une petite île remarquable par une belle mosquée, où est la sépulture du Nahab Selim-Kan. Latit. 26. 10. (D. J.)

SASJEBU, s. m. (Hist. nat. Bot.) c’est un arbrisseau du Japon ; ses fleurs sont monopétales, de figure conique, de la grosseur d’un grain d’orge, blanches, semées le long de petites branches, & entremêlées de très-petites feuilles. Ses baies sont de couleur purpurine, sans enveloppe, grosses comme un grain de poivre, d’un goût vineux, & renferment plusieurs semences.

SASIMA, (Géog. anc.) ville de la Cappadoce, sur la route d’Ancyre de Galatie à Faustinopolis, & selon les apparences, dans la préfecture de Garsaurie. Sasima est connue dans l’histoire ecclésiastique, par l’épiscopat de saint Grégoire de Naziance, qui en fut le premier évêque. Selon ce prélat, c’étoit une station sur la voie militaire, mais une station misérable, où l’on manquoit d’eau, où l’on étoit aveuglé de la poussiere, où l’on n’entendoit qu’un bruit continuel de chariots, & où les habitans étoient opprimés par les brigandages des gens en place. (D. J.)

SASINA, (Géog. anc.) port d’Italie, dans la Calabre, selon Pline, l. III. c. xj. ce port devoit être sur la côte du golfe de Tarente, dans le pays des Salentins : car Pline remarque que la largeur de la péninsule, en allant par terre de Tarente à Brundusium, étoit de trente-trois mille pas ; mais que la route du port Sasina à Brundusium, étoit beaucoup plus courte.

SASO, (Sason, génitif Sasonis, ou Sasson, (Géog. anc.) île de la mer Ionienne : les auteurs anciens qui en ont parlé, ne s’accordent pas entierement sur sa position. Strabon, l. VI. la met à moitié chemin, entre l’Epire & Brundusium ; & Lucain, l. II. v. 627. semble en faire une île de la Calabre.

Spumoso Calaber perfunditur æquore Sason.

D’un autre côté, Ptolomée, l. III. c. xiij. la marque sur la côte de la Macédoine, dans la mer Ionienne ; & la plûpart des géographes modernes, sont de sentiment que l’île Saseno, qu’on voit à l’entrée du golfe de Valone, est l’île Saso des anciens. Cela s’accorde assez avec ce que dit Polybe, l. V. c. cx. que l’île Saso est à l’entrée de la mer Ionienne. D’ailleurs, le périple de Scylax met l’île de Sason sur la côte de l’Illyrie, à la hauteur des monts Cérauniens, & en fixe la distance au chemin qu’on peut faire dans le tiers d’un jour ; l’île de Saso est fort basse selon Lucain, l. V. c. d. cl.

Non humilem Sasona vadis. . . . .

Et Silius Italicus, l. VII. v. 480. exhorte d’éviter les sables dangereux de cette île.

Adriatici fugite infaustas Sassonis arenas.

(D. J.)

SASRAN, s. m. (Marine.) c’est la planche qui est à l’extrémité d’un bateau foncet, & sur laquelle les planches du remplage sont appuyées. C’est aussi une grosse piece de bois, qu’on ajoute au bas du gouvernail d’un yacht, & qui y fait une grande saillie en-dehors.

Sasran de gouvernail, (Marine.) piece de bois plate & droite, qu’on applique sur la longueur du gouvernail, afin qu’en lui donnant plus de largeur, elle en facilite l’effet. Voyez Marine, Planche

IV. fig. 1. le sasran du gouvernail, cotté 176. & Planche VI. fig. 73. & 74.

SASSAFRAS, s. m. (Hist. nat. Bot.) petit arbre qui se trouve dans les pays tempérés de l’Amérique septentrionale, où on prétend qu’il prend la hauteur d’un pin ordinaire, sur un pié de diametre ; mais parmi les sassafras que l’on a élevé en Europe, les plus hauts n’ont pas passé dix ou douze piés. Sa tige est dégagée de branchages jusqu’à la tête qui est touffue, & qui forme une espece de coupole. Son écorce est unie, un peu rougeâtre, & elle rend au goût une légere saveur de l’anis. Ses racines sont dures, pesantes, & s’étendent à fleur de terre : il paroît que dans le pays natal elles poussent beaucoup de rejettons ; cependant en Angleterre où on a plus élevé de ces arbres qu’en nulle autre contrée de l’Europe, on ne s’est pas apperçu de cette fécondité. Ses feuilles sont échancrées assez profondément en trois parties, sans aucune dentelure sur ses bords ; elles sont d’un verd obscur & de bonne odeur, sur-tout quand on les a laissé sécher. Ses fleurs paroissent au printems dès le commencement du mois de Mars ; elles sont jaunes, petites, rassemblées en bouquets, & d’une odeur agréable. Les fruits qu’elles produisent sont des baies de la grosseur & de la forme de celles du laurier : elles ont comme le gland un calice, mais coloré de rouge, ainsi que les pédicules qui les soutiennent : ces baies deviennent bleues dans leur maturité. Le mêlange de ces deux couleurs dont l’apparence est assez vive, fait un agrément de plus dans cet arbre sur l’arriere saison. Mais ce qu’il a de plus recommandable, c’est que toutes ses parties répandent une odeur aromatique, qui approche de celle de la canelle, & qui indique ses grandes propriétés.

Le sassafras veut une terre meuble & fort humide, telle qu’elle se trouve ordinairement dans le Canada, au pays des Iroquois, où il y a beaucoup de ces arbres. Mais la Floride & la Louisiane, sont les endroits où cet arbre est le plus commun. On a souvent essayé en Angleterre de le tenir en caisse, & de le faire passer l’hiver dans l’orangerie, mais M. Miller auteur anglois, pense que ce n’est pas la bonne façon de le conduire, & que la meilleure est de le mettre en plein air à l’exposition la plus chaude, dans une terre légere & humide, où il faut le garantir des hivers rigoureux par les précautions d’usage en pareil cas, jusqu’à ce que l’arbre soit dans sa force. Je me suis bien assuré par des épreuves, que cet arbre ne peut se soutenir dans des terreins secs & élevés, & qu’il craint sur-tout les grandes chaleurs du mois d’Août qui le sont périr. On voit en Angleterre des sassafras qui ont très-bien réussi en pleine terre, & qui forment de petits arbres avec une jolie tête.

On ne peut guere multiplier le sassafras qu’en semant ses graines qu’il faut tirer d’Amérique ; car malheureusement elles ne viennent point à parfaite maturité en Europe. Encore arrive-t-il que les graines d’Amérique levent très-rarement, à-moins qu’on n’ait eu la précaution de les envoyer mêlées avec de la terre. Dans ce cas, il en levera quelques-unes dès la premiere année ; mais le reste ne viendra souvent qu’après la seconde ou la troisieme ; ce qui doit engager à ne pas se presser de reverser la terre où ces graines auront été semées. Il faudra sur-tout avoir grand soin de les arroser dans les tems de sécheresse, de les garantir du soleil vers le milieu du jour, & de les préserver du froid pendant les deux ou trois premiers hivers, & sur-tout des froides matinées d’automne, qui font plus de tort à ces arbres que les fortes gelées d’hiver : car quand la pointe des tendres rejettons est fannée par le froid, il se fait une corruption de seve qui porte l’altération dans toutes les parties du jeune arbre & le fait mourir. Il est très difficile de multiplier le sassafras de branches cou-