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& de débiter ; & que le vinaigre même qui font, & qu’ils vendent, passe pour une des meilleures sauces pour beaucoup de mets & de viandes ; ce nom appartenoit aussi autrefois au corps des marchands épiciers, à cause d’une petite communauté de sauciers, ou faiseurs de sauces, qui leur étoit alors unie ; c’étoit apparemment en vertu des épiceries qui entroient dans leurs sauces. En 1394 les sauciers firent bande à-part, & eurent leurs jurés, restant pourtant sujets à la visite des gardes de l’épicerie ; c’est de-là que sont venus nos vinaigriers-sauciers.

Les sauces des vinaigriers dont il est parlé dans le quinzieme article de leurs statuts de 1658, sont la sauce jaune, la cameline & la sauce moutarde, toutes présentement ignorées, ou du moins hors d’usage sur les tables délicates, où nos nouveaux cuisiniers en ont introduit beaucoup d’autres moins simples & plus piquantes, & de-là plus préjudiciables à la santé. Savary. (D. J.)

SAUCISSE, s. f. (Cuisine.) ce mot dans sa propre signification veut dire une sorte de mets que l’on fait avec du sang & de la chair de porc assaisonnée ; c’est une espece de boudin.

Ce mot vient de l’italien salsiccia, & selon Saumaise, du latin sulsicium, qu’on écrit au lieu de salsum, salé.

Les saucisses de Bologne sont les plus estimées, & on en fait une consommation considérable en Italie, surtout à Bologne & à Venise, d’où on en porte dans beaucoup d’autres endroits.

On fait les saucisses avec de la chair de porc crue, que l’on hache avec de l’ail.

On l’assaisonne de poivre & de plusieurs sortes d’épices, les Anglois fournissent les Italiens de peaux & de boyaux de porc, & le commerce de cette sorte de marchandises est plus grand qu’on ne s’imagine.

Saucisse, (Génie.) c’est une longue charge de poudre mise en rouleau dans de la toile goudronnée, arrondie, & cousue en longueur, de sorte que cette espéce de trainée regne depuis le fourneau ou chambre de la mine, jusqu’à l’endroit où se tient l’ingénieur pour y mettre le feu, & faire jouer le fourneau. La saucisse peut avoir environ deux pouces de diametre. On met ordinairement deux saucisses à chaque fourneau, afin que si l’une vient à manquer, l’autre y supplée. (D. J.)

SAUCISSON, dans l’Artillerie & la Fortification, est une espece de fascine depuis 9 ou 10 piés de longueur jusqu’à 18, relié de 9 pouces en 9 pouces avec de bonnes harres. On s’en sert dans la construction de l’épaulement des batteries à un siege, & pour reparer les breches ou les bouches, en attendant qu’on veuille reconstruire le revêtement, ou mettre le rempart dans l’état où il étoit avant le siege de la place. (Q)

Saucisson, s. m. dans l’Artillerie, est un long sac de cuir ou de toile, d’environ un pouce & demi de diametre, dont on se sert pour porter le feu dans la chambre ou le fourneau d’une mine ; il est pour cet effet rempli de poudre fine.

Le saucisson se renferme dans un petit canal de bois appellé auget. Ce canal sert à empêcher que les matériaux qui remplissent la galerie de la mine ne pressent trop le saucisson, qui pourroit sans cela s’étouffer avant qu’il eût porté le feu à la mine. Le saucisson est attaché fixément au milieu du fourneau ou de la chambre de la mine, de-sorte qu’on ne puisse point l’en arracher. Il se conduit dans tous les retours de la galerie, on le continue même un peu au-delà pour pouvoir y mettre le feu plus surement. Voyez Mine & Témoin.

Dans l’attaque d’un ouvrage qu’on craint qui ne soit miné, on cherche à découvrir le saucisson pour empêcher que l’ennemi n’y mette le feu & ne fasse jouer les mines.

Couper le saucisson, c’est rompre la liaison ou la continuité de la poudre depuis le dehors de la galerie jusqu’à la chambre de la mine, ce qui ne permet plus de la faire sauter.

Saucisson, (Artificier.) les Artificiers appellent ainsi une espece de fusée que l’on attache ordinairement à la queue d’une plus grande, pour en rendre l’effet plus agréable. J’ai dit ordinairement, parce qu’on en fait quelquefois qui volent en l’air comme les fusées ordinaires, & alors on les appelle saucissons volans, pour les distinguer des premiers qu’on nomme saucissons fixes.

Le cartouche du saucisson se fait avec une baguette. Ce cartouche doit être de quatre pouces de long ; il se fait de carton roulé deux fois & bien colé partout ; on l’étrangle par un bout à un demi-pouce de son extrémité ; on le lie avec de la ficelle ; on prend un tampon de papier que l’on fait entrer dans ce cartouche ; on le pousse dans le cul du saucisson avec la baguette ; on frappe celle-ci avec un maillet, après quoi l’on met de la poudre ordinaire dans ce cartouche ; & quand il est plein à-peu-près, l’on couvre cette charge d’un tampon que l’on frappe encore avec la baguette, & ensuite on l’étrangle & on le lie en cet endroit. Après cela l’on serre ce saucisson depuis les deux endroits étranglés avec beaucoup de ficelle, ensorte qu’il en soit tout couvert ; en cet état on le jette dans la colle forte & on le laissé sécher, afin que le feu y étant mis, il trouve plus de résistance, & fasse un plus grand bruit en faisant crever le cartouche.

Il faut pour cela que le saucisson soit percé à celui de ses bouts qu’on appliquera à la queue de la fusée, où il doit avoir un peu de poudre grenée, & cette poudre servira à allumer le saucisson que l’on fera tenir contre la fusée avec du papier ou du parchemin, ou bien avec une corde ou autrement, afin que la fusée venant à finir, le saucisson prenne feu & produise son effet.

Pour construire des saucissons volans, on fera leurs cartouches comme ceux des précédens, excepté qu’ils doivent être un peu plus longs. Après avoir étranglé un de leurs bouts comme à l’ordinaire, on les charge aussi de poudre grainée ; puis à un doigt d’épaisseur, on ajoute de la poudre pilée & passée, comme pour les fusées par terre, en pressant le tout à coup de maillet, comme pour les fusées volantes ; enfin on couvre le cartouche avec une corde, après avoir étranglé l’autre bout, ensorte qu’il n’y reste qu’une lumiere grosse comme un petit tuyau de plume d’oie ; on l’amorce avec un peu de poudre mouillée.

Saucisson, c’est aussi, dans les feux d’artifice, une sorte de pétard fait avec un cartouche cylindrique court, étranglé, & fermé par les deux bouts, ce qui le fait ressembler à un saucisson à manger. Pour augmenter la détonation de la poudre qu’il renferme par la résistance du cartouche, on l’enveloppe de ficelle colée.

Saucisson volant, c’est le même artifice alongé, pour continuer un peu de composition qui le fait pirouetter en le jettant en l’air par le moyen d’un pot, d’où il sort comme d’un mortier, & finit par tirer un coup. Frezier, traité des feux d’artifice. (Q)

Saucisson, (Marine.) c’est un boyau de toile, rempli de poudre à canon, dont on se sert dans un brûlot, pour conduire le feu depuis les dales jusque aux artificiers.

Saucisson, (Chaircuiterie.) les saucissons sont de grosses saucisses qui se font en plusieurs endroits, particulierement en Italie, avec de la chair de porc crue, bien battue & bien broyée dans un mortier, où l’on mêle quantité d’ail, de poivre en grain, & autres épices ; les meilleurs saucissons sont ceux de Bologne. (D. J.)