Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/751

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Petit Scel, ou Petit Sceau, est celui dont on use dans les chancelleries près les cours.

Scel présidial, est celui dont on se sert dans les présidiaux pour sceller les jugemens, & dans les chancelleries présidiales pour sceller les lettres qui s’y expédient. Voyez Chancellerie présidiale, & Présidial.

Scel privé, est celui qui n’est point public ni authentique ; c’est le sceau ou cachet d’un particulier qui n’a point de caractere pour avoir un scel.

Scel propre, est le sceau ou cachet dont chacun a coutume d’user pour ses expéditions particulieres.

Scel provençal, est celui dont usoient les comtes de Provence, & dont le roi use encore dans les lettres qu’il donne pour cette province, elles sont scellées en cire rouge.

Scel public, est opposé à scel privé ; tout scel royal & authentique, soit ecclésiastique ou seigneurial, est un scel authentique.

Scel a queue pendant, est celui qui est attaché aux lettres par le moyen d’une queue de parchemin qui est prise dans le sceau.

Scel de la regence, est celui dont les régens du royaume usoient autrefois, pendant le tems de leur administration ; ils ne se servoient point du scel du roi, mais de leur scel propre, que l’on appelloit alors scel de la régence ; présentement quand il arrive une régence, on continue toujours à se servir du scel du roi.

Scel de la ricueur de Nismes, ou de quelqu’autre jurisdiction semblable, est celui qui donne droit de contraindre ceux qui ont contracté sous ce scel, suivant les rigueurs ou ferces des conventions de cette cour. Voyez ci-après Scel rigoureux.

Scel rigoureux, est celui qui donne droit d’exécution parée & de contrainte, contre celui qui s’est obligé sous la rigueur de ce scel, non seulement sur ses biens, mais aussi sur sa personne ; à Nismes il y a un juge des conventions qui a scel royal authentique & rigoureux ; il connoit des conventions faites & passées aux forces & rigueurs de sa cour, aux fins de contraindre les débiteurs à payer par saisie & vente de leurs biens, & détention de leurs personnes, pourvu qu’ils s’y soient soumis, & que la somme soit au moins de dix livres. Voyez le style de Nismes de l’an 1659. & le gloss. de M. de Lauriere, au mot rigueur.

Scel du secret, ou Scel secret, étoit proprement le petit sceau ou cachet du roi ; il étoit porté par un des chambellans ; toutes les lettres qui devoient être scellées du grand sceau, devoient d’abord être examinées par deux maitres des requêtes, puis scellées du scel du secret, après quoi le chancelier y apposoit le grand sceau. M. de Lauriere croit que le scel secret étoit la même chose que le scel privé ou particulier, & que le scel privé du prince, qui étoit beaucoup plus petit que le grand sceau, est le même qu’on a appellé depuis contre-scel.

Il est aussi parlé en quelques endroits du scel secret des juges, c’est-à-dire de leur scel privé. Voyez le recueil des ordonnances de la premiere race, tom. I. & II.

Scel seigneurial, est celui du seigneur haut justicier, dont on scelle les jugemens émanés des jurisdictions, & les actes reçus par ses notaires ; ce scel est public & authentique, & a le même effet que le scel royal, pourvu qu’il ne soit applique qu’à des actes passés dans la jurisdiction ; on l’appelle quelquefois scel authentique, pour le distinguer du scel toyal.

Scel vacant, c’est lorsqu’il n’y a point de garde des sceaux, & que le roi tient lui-même le sceau.

Scel des villes, ou Scel commun, est celui dont les officiers municipaux font apposer à leurs expéditions qu’ils veulent rendre publiques & authenti-

ques. Voyez Loiseau, en son traité des seigneuries. (A)

SCÉLÉRAT, adj. qui se prend aussi substantivement (Gram.) celui qui est né malfaisant, & qui s’est rendu coupable de quelques grands crimes. On dit le scélérat ! c’est le plus scelérat des hommes. Qui croiroit que dans une societé bien policée, il pût y avoir des scélérats impunis ; cela est pourtant. On ôte la vie à celui qui pressé par la misere, brise votre coffre fort, & en emporte un écu pour acheter du pain, & on laisse vivre l’homme noir qui prend l’innocence par les cheveux, & qui la traîne ; on est attaqué dans les choses qui touchent à l’honneur & à la considération publique, dans des biens infiniment plus précieux que la fortune & la vie ; & cette scélératesse, la plus vile de toutes, puisqu’elle se commet impunément, reste sans châtiment. Cet homme qui affiche tant de probité, je le connois ; ses amis qu’il a perdus le connoissent comme moi ; croyez-moi, ce n’est au-dedans qu’un scélérat ; combien il a de semblables ! On a dit que Tacite apprenoit à être scélérat, ce n’est pas là l’effet que la lecture de cet historien produira sur les ames bien faites.

SCELERATA PORTA, (Topogr. de Rome.) c’est-à-dire la porte scélérate, ou exécrable ; c’étoit une des portes de l’ancienne Rome, ainsi nommée de la mort des trois cens six Fabiens qui sortirent par cette porte pour aller attaquer les Véïens, & qui périrent tous, à ce que prétendoit la tradition fabuleuse, dans le même jour, au combat de Crémer, l’an 277. de la fondation de Rome. Ovide a adopté le conte de la perte des Fabiens, dans ses fastes, pour le narrer en deux vers simples & naïfs.

Una dies Fabios ad bellum miserat omnes,
Ad bellum missos perdidit una dies.

(D. J.)

SCÉLÉRATESSE, s. f. (Gram.) action noire, énorme & perfide. Voyez l’article Scélérat. Scélérat & scélératesse se disent aussi quelquefois par plaisanterie, de choses d’assez peu d’importance. On vous a donné un rendez-vous auquel on ne se trouvera point ; méfiez-vous de cette coquine-là, c’est une scélérate.

SCÉLITE, s. f. (Gram.) pierre figurée graveleuse, tirant sur le blanc, & représentant la jambe de l’homme, à ceux sur-tout qui voyent dans les nuées tout ce qu’il leur plait d’y voir.

SCELLA, (Géog. mod.) province d’Afrique, dans l’Abyssinie ; elle est bornée au levant par les provinces de Bamba & de Tamba, & au couchant par celle de Rhimba ; cette province est remplie de montagnes, & est arrosée de tant de sources, qu’on trouve par tout des prairies qui nourrissent des troupeaux nombreux de toutes sortes d’animaux domestiques. (D. J.)

SCELLE, s. m. (Jurisprudence.) est l’apposition du sceau du roi sur les effets de quelqu’un pour la conservation de ces mêmes effets, & pour l’intérêt d’un tiers.

Dans les justices seigneuriales le scellé est aux armes du seigneur ; mais les officiers ne peuvent pas l’apposer sur les effets du seigneur ; cela n’appartient qu’aux officiers royaux.

Le scellé se met sur les coffres, cabinets, & portes des chambres où sont les effets, par le moyen d’une bande de papier qui est attachée aux deux bouts par des sceaux ou cachets en cire rouge, de maniere que cette bande de papier couvre les serrures & empêche d’ouvrir les portes & autres lieux fermés sur lesquels le scellé est apposé.

Quelquefois pour empêcher que le scellé apposé à une porte extérieure ne soit endommagé par inadvertance ou autrement, on le couvre d’une plaque de taule attachée avec des clous.