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SCHEKINA, s. m. (Critiq. sacréc.) mot hébreu qui veut dire la présence divine qui se manifestoit sur le propitiatoire. Voyez Propitiatoire. (D. J.)

SCHELDAL, s. m. (Monnoie danoise.) c’est une monnoie d’argent qui se fabrique & qui a cours en Danemark, & dans quelques lieux d’Allemagne. (D. J.)

SCHÉLESTAT, (Géog. mod.) on écrit aussi Selestat, Nestat & Schlestat, mais je suis l’ortographe la plus commune, en remarquant qu’on écrivoit autrefois Soladistat, comme on le voit par les anciennes annales de Charlemagne. Ville de France dans la haute Alsace, sur l’Iss, à 4 milles de Brisac, & à 3 au midi de Strasbourg. Long. 25. 12. lat. 48. 16.

Schélestat a succéde à l’ancienne ville d’Ell, appellée dans les itineraires Elcebum, & dans la table de Peutinger Helellum ; en sorte que l’ancienne Ell n’est plus qu’un petit village des environs. Schélestat étoit déja considérable du tems de Charlemagne qui y célébra la fête de Noël, & le premier jour de l’an 776. L’empereur Charles le gros y avoit un palais où il faisoit quelquefois sa résidence, comme le prouve plusieurs de ses chartes données en ce lieu.

Cette ville tomba néanmoins dans la décadence jusqu’au xiij. siecle, que Wolfelin préfet d’Alsace, la fit fermer de murailles en 1216, la rendit franche, & la peupla d’habitans. L’empereur Sigismond lui donna le pouvoir de choisir ses magistrats. Louis XIV. la prit l’an 1673 ; & la fit fortifier l’an 1679, après la paix de Nimégue ; c’est aujourd’hui un gouvernement de place avec état major.

Bucer (Martin) né à Schélestat l’an 1491, mort à Cambridge l’an 1551, se montra l’un des plus habiles théologiens protestans de son siecle. Non-seulement il savoit prêcher & faire des livres, mais il étoit encore très-propre à manier les affaires ecclésiastiques. S’il n’eut pas le bonheur de pacifier les différens des Luthériens & des Zuingliens, ce ne fut ni manque de zele, ni de beaucoup de dextérité. Il ne s’amusa point en Angleterre à condamner la hiérarchie ; il témoigna tout au contraire qu’il n’approuvoit pas sur cet article les idées de Calvin.

Beatus Rhenanus, né à Schélestat en 1485, & mort à Strasbourg en 1547, âgé de 62 ans, s’acquit aussi beaucoup de gloire par sa modération dans les disputes théologiques, & dans les belles-lettres par ses commentaires sur Pline, Tite-Live, Velleius Paterculus, Tacite & autres historiens de l’ancienne Rome. Ses ouvrages furent imprimés à Basle en 1551, & à Strasbourg en 1610.

Wimphelinge (Jacques), son compatriote, avoit déja rompu la glace dans l’étude de la littérature, & s’étoit même distingué dans la poésie. Les Augustins le firent citer à Rome, pour avoir écrit que S. Augustin n’avoit jamais été moine ; mais le pape Jules II. assoupit la mauvaise querelle qu’on faisoit à ce savant. Il a laissé quelques ouvrages sur divers sujets, & entr’autres un traité assez curieux sur les hymnes. Il mourut dans sa patrie en 1528, à 79 ans. (D. J.)

SCHELLING, (Géog. mod.) île de la mer d’Allemagne, sur les côtes de Northollande, entre les îles de Vliéland & d’Ameland. On donne à l’île de Schelling environ 12 milles de largeur.

SCHEMA, s. m. vieux mot qui signifie la même chose que figure ou plan ; c’est la représentation que l’on fait de quelque chose dans l’Astronomie ou dans la Géométrie par des lignes sensibles à l’œil : en Astronomie c’est la représentation des planetes chacune en son lieu, pour un instant donné.

Le mot schema est plus d’usage en latin qu’en françois. On a formé de ce mot son diminutif, schematismus ou schematisme. Voyez Schematisme.

SCHEMATISME, s. m. (Géom.) est le nom que quelques anciens auteurs donnent aux planches de fi-

gures mathématiques : c’est ainsi qu’elles sont appellées,

par exemple, dans les œuvres du pere Tacquet, imprimées à Anvers, in fol. 1635. Aujourd’hui on ne se sert plus que du mot figure, voyez Figure. (O)

SCHEMBERG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Suabe, au comté d’Hohenberg.

SCHEME, (Musique anc.) σχῆμα, terme employé dans la musique des Grecs pour désigner les variétés qui naissent des différentes positions de tons & des demi-tons dans l’harmonie. (D. J.)

SCHEMKAL, s. m. (terme de Relation.) autrement chamkal ou kamkal ; nom que les Tartares circasses donnent à leur prince ou kan : cette dignité n’est point héréditaire, mais élective ; & l’élection se fait par le moyen d’une pomme que le chef de la loi jette au milieu d’un cercle composé de tous les murses de la nation. Il sait si bien jetter cette pomme, qu’il la fait tomber le plus près de celui qu’il veut favoriser de cette dignité ; aussi les autres murses ses concurrens n’obéissent à ce schemkal qu’autant qu’il leur plaît. (D. J.)

SCHEMNITZ, (Géog. mod.) ville de la haute Hongrie, & l’une des sept villes des montagnes, située partie sur un mont, & partie dans la plaine, au comté de Zoll, au nord-est de Bukans. Elle a des mines d’or, d’argent très-abondantes, & des bains chauds très-renommés. L’empereur possede les plus riches mines, mais les particuliers en ont aussi en propre qui leur procurent de gros revenus. Les principales de ces mines sont celles de Windschacht & de la Trinité. Le détail de leur exploitation mérite de faire un article particulier dans cet ouvrage. Voyez donc Schemnitz, Mines de, (Métall.) (D. J.)

Schemnitz, Mines de, (Métall.) les mines de cette ville de la haute Hongrie, sont extrèmement renommées, quoiqu’elles ne soient pas toutes également abondantes, ni les veines également riches. On estime les veines à-demi-noires les meilleures, parce qu’elles sont ordinairement mêlés de matiere marcassite ; on trouve assez souvent dans ces mines un minéral rouge qui s’attache aux métaux, & que l’on appelle cinnabre d’argent : en le mêlant artistement avec de l’huile, on en fait un vermillon qu’on estime aussi bon que le cinabre sublimé.

Lorsque quelque mineur a découvert une nouvelle veine, on en porte de la montre à un officier appellé probierer, qui l’éprouve en cette maniere : il prend une même quantité de toute sorte de métaux, il les fait sécher, brûler & peser ; il y mêle du plomb, & les purifie. Ensuite il indique à ceux qui fondent dans les grands fourneaux, la quantité de métaux qu’ils employeront pour la fonte. D’ordinaire sur dix livres pesant de matiere nouvellement tirée de la mine, qui rend environ deux onces & demie de bon argent, on mêle par cent livres pesant, quatre mille livres de plomb, & vingt mille livres de pierre de fer ; on y mêle aussi, selon la quantité de marcassite, un peu de kis, qui est une sorte de pyrites ; on y joint encore du slaken à volonté. Cette derniere matiere est l’écume qu’on ôte de dessus la poële, dans laquelle on fait couler les métaux, & elle se forme de ceux qui viennent d’être nommés.

Tout ce qu’on fait fondre dans la fournaise s’écoule par un trou dans une poële qu’on met dessous. Il s’y fait aussi-tôt une écume fort dure, que l’on enleve, & qui emporte l’impureté du métal. On y ajoute ensuite du plomb, qui entraîne avec soi tout l’argent au fond de la poële. Au bout de quelque tems, on prend ce métal, & on le fait fondre une seconde fois : après quoi on en tire le plomb, ainsi que tout ce qui étoit mêlé avec l’argent en forme de litharge ; ce qui est au-dessus est toujours blanc, & ce qui vient le dernier & qui demeure plus long-tems dans le feu, est rouge.