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Il y a souvent dans les veines d’argent de Schemnitz un peu d’or, qu’on purifie de cette maniere : on fait fondre l’argent, & on le met presqu’en poudre ; ensuite on le fait dissoudre par le secret d’une eau-forte que l’on compose à Schemnitz, d’une sorte de vitriol particulier, par le moyen duquel l’or demeure au fond, d’où on le tire quelque tems après pour le faire fondre. Cette eau-forte se distille de l’argent, & on peut s’en servir plusieurs fois.

Les principales mines de Schemnitz sont celles de Windschacht & de la Trinité. La mine de la Trinité a dix brasses de profondeur ; elle est solidement bâtie, toujours ouverte ; & quoiqu’elle soit dans une méchante terre qui oblige à de gros frais, elle dédommage par sa richesse. La matiere que l’on en tire est ordinairement de couleur noire, & enduite d’une terre ou boue qui rend l’eau des ruisseaux dans laquelle on la fait tremper, blanche comme du lait ; il y a apparence que c’est ce qu’on appelle lac lunæ.

La mine de Windschacht est fort profonde, on y descend à trois fois par une échelle qui peut avoir trois cens degrés. On y voit une grande roue de neuf aunes de diametre, que les eaux souterreines font tourner en tombant. Cette roue fait mouvoir plusieurs machines, qui élevent l’eau du fond de la mine jusqu’à l’endroit où la roue est placée. L’eau va ensuite par un conduit souterrein, creusé pour cet usage, se rendre au pié d’une montagne voisine.

Outre cette roue, il y en a encore une autre au-dessus de la terre, que douze chevaux font tourner ; elle sert aussi à élever l’eau. Il y a environ deux mille ouvriers occupés à exploiter cette mine ; ils se relevent jour & nuit après huit heures de travail, de façon que chaque ouvrier travaille huit heures dans les vingt-quatre. On leur donne pour salaire de chaque jour quatre gros & demi, dont trente sont l’écu d’Allemagne. Communément la mise de chaque semaine monte à cinq ou six mille florins, & le produit à mille ou douze cens marcs d’argent.

Il fait grand froid dans quelques endroits de la mine, & dans d’autres il y fait extrèmement chaud, sur-tout dans le lieu où l’on travaille. On a toujours néanmoins la précaution de mettre au-dessus de toutes les portes, aussi-bien que dessus tous les chemins où l’on creuse, des barils en maniere de soupiraux, qui servent à faire entrer & sortir l’air, à le renouveller sans cesse, à en remplir les lieux souterreins, & à rafraîchir les travailleurs. Voyez Tollii epistolæ itinerariæ, & les voyages de Brown. (D. J.)

SCHENAW, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, en Silésie, sur le Katzboch, dans la principauté de Jawes, au-dessus de Goldberg. (D. J.)

SCHENCK, le fort de, ou Schenckenschans, (Géog. mod.) fort des Pays-bas, à une lieue de Clèves, à quatre de Nimegue, & à cinq d’Arnheim. Il est situé à la pointe du Betuwe, dans l’endroit où le Rhin se partage en deux bras, dont celui qui coule à gauche se rend à Nimegue, & s’appelle le Wahal ; l’autre se porte à Arnheim, & conserve le nom de Rhin. Le fort de Schenck a été bâti en 1586 par Martin Schenck, hollandois, d’après la résolution des Provinces-Unies ; il a été pris par les Espagnols en 1636, & par Louis XIV. en 1672. Il appartient à présent au roi de Prusse. Long. 23. 44. latit. 51. 48. (D. J.)

SCHÉNING, & Skenninge, (Géog. mod.) ville, ou pour mieux dire, bourgade de Suede, dans la Gothie orientale, ou Ostrogothie, à deux lieues vers l’orient de Wastena ; elle est assez ancienne, & devoit être autrefois considérable ; sa situation est belle, l’air bon, & le terroir fertile ; il s’y tint vers l’an 1248. un concile fameux, dans lequel il fut défendu pour la premiere fois aux ecclésiastiques de se marier, ce qu’ils avoient pratiqué jusqu’alors, à

l’exemple des Grecs. Long. 33. latit. 58. 10. (D. J.)

SCHENKCBERG, (Géog. mod.) bailliage de Suisse, au canton de Berne, à la gauche de l’Aare. Ce bailliage est grand, & comprend neuf à dix paroisses ; le château qui lui donne son nom est situé sur une hauteur, au pié de laquelle est un village nommé Thalen. (D. J.)

SCHEPPEL, s. m. (Commerce.) mesure des grains dont on se sert à Hambourg ; le scheppel est moindre que le minot de Paris ; il faut quatre-vingt dix scheppels pour dix-neuf septiers de Paris ; on se sert aussi des scheppels à Amsterdam ; quatre scheppels font la mude, & vingt-sept mudes le last. Voyez Mude & Last. Diction. de com.

SCHER, ou Scheer, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne dans la Suabe, à la droite du Danube, qu’on passe sur un pont, au-dessous de Sigmaringen. Long. 26. 46. latit. 48. 6. (D. J.)

Scher, la, (Géog. mod.) riviere de France, dans l’Alsace ; elle a sa source un peu au-dessus de Dambach, & son embouchure dans l’Ill, entre Hipsheim & Ichtersheim. (D. J.)

SCHERARDIA, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante, ainsi nommé par Linnæus, en l’honneur du fameux botaniste Sherard ; le calice particulier de la fleur est très-petit, divisé en quatre segmens subsistans, & placé sur le germe, la fleur est monopétale, formant un long tuyau cylindrique, découpé à l’extrémité en quatre quartiers pointus ; les étamines sont quatre filets placés sur la partie supérieure du calice ; les bossettes des étamines sont simples, le germe du pistil est double, oblong, & placé au-dessous du placenta ; le style est délié & partagé en deux à l’extrémité ; les stigma sont gros au sommet ; le fruit est un corps oblong, contenant deux graines longues, convexes d’un côté, applaties de l’autre, & marquées de trois points au sommet. Linn. gen. plant. p. 25. (D. J.)

SCHERBORN, (Géog. mod.) bourg à marché d’Angleterre, en Yorck-Shire, à dix milles de la ville d’Yorck, sur une petite riviere de même nom. Il se distingue par son école publique. (D. J.)

SCHERBRO, (Géog. mod.) île de l’Afrique, dans la haute Guinée, sur la côte de Malaguette, à l’embouchure du Scherbro, entre le cap S. Anne, & celui de Monte ; elle a dix lieues de long est-sud-est. On y recueille du ris, du maïs, des bananes, des patates, des figues, des citrons, des oranges, & des melons d’eau. Les habitans ont l’usage de la circoncision. Latit. 6. 40. (D. J.)

SCHÉRÉFI, s. m. (Monnoie de Perse.) monnoie d’or qui a cours dans les états du roi de Perse. Il vaut huit larins, à raison de deux pieces de huit réaux d’Espagne le larin. On fait aussi des schéréfis en Egypte, dont l’or est apporté par de pauvres Abyssins, qui font souvent des cent lieues à-travers des déserts, pour venir échanger deux, trois, quatre livres de poudre d’or, contre les marchandises dont ils ont besoin. Les européens nomment les schéréfis des sultanins, ou des séraphins d’or. (D. J.)

SCHÉRIF, s. m. (Hist. mod.) titre que les mahométans donnent à un prince arabe, qui est souverain de la Mecque, & sous la dépendance du sultan qui lui laisse une ombre d’autorité. Ce titre en arabe, signifie noble, élevé par sa naissance & sa dignité ; on le donne sur-tout aux descendans de Mahomet, par sa fille Fatime & son gendre Ali. Les schérifs s’appellent aussi émir & seid, c’est-à-dire prince & seigneur ; ils portent un turban verd pour se distinguer ; il y a eu plusieurs dynasties de schérifs en Afrique ; la race des princes qui occupe le trône de Maroc & de Fez, porte le titre de schérif. Voyez d’Herbelot, bibliot. orient.

SCHETLAND, isle de (Géog. mod.) île de la