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île aux Génois, en reconnoissance du secours qu’ils lui avoient donné en plusieurs occasions. Il ne les en mit pourtant pas en possession, parce qu’un seigneur, nommé Martin, qui la possédoit comme héritier de ceux à qui les prédécesseurs de Michel Paléologue l’avoient engagée, y demeuroit alors.

Andronic Paléologue le jeune ne laissa pas néanmoins d’en chasser ce seigneur Martin, & se mit lui-même en possession de l’île, ou plutôt les Génois s’en emparerent, du consentement de ce prince, avec une flote considérable, & moyennant une grosse somme qu’ils lui avoient donnée. D’autres disent qu’Andronic Paléologue la donna aux Génois en récompense du secours qu’il en avoit reçu contre les Vénitiens en 1216. Quoi qu’il en soit, elle passa sous la puissance des Génois à titre de seigneurie. Son gouvernement tomba aux Maunèses, premiers nobles de la maison Justiniani, qui acheterent cette île de la république de Genes. Cette maison en jouit l’espace de deux cens ans ; mais le sultan Selim s’empara de Scio, en 1566, & les Vénitiens firent de vains efforts en 1694 pour en déposséder le grand-seigneur.

Cette île a produit anciennement des hommes illustres, dans le nombre desquels sont Théopompe l’historien, & Théocrite le sophiste, qui ont écrit l’un & l’autre sur la politique. Elle fut aussi dans le dernier siecle la partie d’Allazi, en latin Allatius (Léon), homme d’une grande érudition. Il vint en Italie dès son enfance, & mourut à Rome en 1669, à 83 ans. Il est connu par plusieurs ouvrages, sur les temples, les livres ecclésiastiques des Grecs, & par celui qu’il a fait pour prouver qu’Homere étoit son ancien compatriote.

L’ile de Scio peut avoir cent vingt milles de tour, & c’est à-peu-près la circonférence que lui donne Strabon. La ville de Scio est vers le milieu de l’île à l’est, sur le bord de la mer. Cette ville est grande, riante, mieux bâtie que les autres du Levant, mais mal percée, & pavée de cailloux comme les villes de Provence. Le port de Scio n’est presentement qu’un méchant mole, ouvrage des Génois, formé par une jettée à fleur d’eau.

A l’égard de la campagne, les pays ne manque que de grain, mais c’est manquer de la principale denrée ; & c’est pourquoi les princes chrétiens ne pourroient conserver longtems cette île, s’ils étoient en guerre avec les Turcs. Les denrées de cette île sont la soie, la laine, les figues, le mastic, & du vin très estimé comme autrefois. Voyez Vin de Chios.

Le cadi gouverne tout le pays en tems de paix : pendant la guerre on y envoie un bacha pour commander les troupes. Le cadi de Scio est du premier rang, & c’est le mufti de Constantinople qui le nomme. La Porte envoie encore dans l’île un janissaire aga, commandant environ cent cinquante janissaires en tems de paix, & le double pendant la guerre. On compte dans Scio six mille turcs, cinquante mille grecs, & seulement trois mille latins. Le séjour de Scio est fort agréable ; on y fait bonne chere, & toutes sortes de gibier y abondent. Les femmes y ont plus de politesse & de propreté que dans les autres villes du Levant. L’évêque grec est fort riche ; les monasteres grecs jouissent aussi dans cette île de gros revenus ; mais les prêtres latins, au nombre d’une vingtaine, sont fort pauvres. Les religieuses ne sont point cloitrées dans cette île, non plus que dans le reste du Levant. Long. 43. 44. lat. 38. 39. (Le Chevalier de Jaucourt.)

SCIOESSA, (Géog. anc.) lieu du Péloponnèse, dans l’Achaïe propre. Pline, l. IV. c. v. dit que ce lieu étoit fort connu à cause de ses neuf montagnes. (D. J.)

SCIOLI, ou SICLI, (Géog. mod.) petite ville de Sicile, dans le val de Noto, sur le torrent de Sicli,

au voisinage de Modica, à 10 milles ouest de la ville de Noto. Long. 32. 41. latit. 37. 3. (D. J.)

SCIOMANTIE, (Divination.) espece de divination, qu’on appelloit autrefois psycomantie. C’étoit l’art d’évoquer les ombres ou les manes des morts, pour apprendre les choses futures. Ce mot est formé de σκιὰ, ombre, & métaphoriquement l’ombre, les manes, & μαντεία, divination. (D. J.)

SCION, s. m. (Jardinage) menu brin de bois que poussent les arbres. On dit aussi les scions d’une veine, de ses petites ramifications ; & les scions de la verge, de ses traces marquées à la peau de celui qu’on en a frappé.

SCIONE, ou SCION, (Géog. anc.) ville de Thrace, selon Thucydide, l. IV. & V. Hérodote, l. VII. Pomponius Méla, l. II. c. ij. & Etienne le géographe, qui la placent près du promontoire Canastricum. Arrien & Pline mettent une ville insulaire de ce même nom, sur la mer Egée ; & Strabon en connoit une en Macédoine, dans la Chersonnèse de Pallene ; Etienne le géographe dit que Scione fut bâtie par des grecs qui revenoient du siege de Troye, ce qui est confirmé par Pomponius Méla. On voyoit à Athènes, dit Pausanias, l. I. c. XV. dans le Poecile, des boucliers attachés à la muraille, avec une inscription qui portoit que c’étoient les boucliers des Scionéens, & de quelques troupes auxiliaires qu’ils avoient avec eux. (D. J.)

SCIOPTIQUE, adj. se dit d’une sphere ou d’un globe de bois, dans lequel il y a un trou circulaire où est placée une lentille. Cet instrument est tel qu’il peut être tourné & placé dans tous les sens, comme l’œil d’un animal : on s’en sert dans les expériences de la chambre obscure. Voyez Chambre obscure, & Œil artificiel. Ce mot est formé des deux mots grecs σκιὰ, ombre, & ὄπτομαι, je vois. Chambers. (O)

SCIOTE, ou petite scie, f. f. (Marqueterie.) morceau de feuillet de scie à scier le marbre, sur le dos duquel est un morceau de bois qui a nom rainure, pour servir de manche : ou un ourlet de la même matiere que la lame. On s’en sert pour scier de petits traits. Voyez les Planches de Marqueterie.

SCIOTERIQUE, adj. (Gnom.) Telescope scioterique, est un cadran horisontal, garni d’un télescope pour observer le tems vrai, tant pendant le jour que pendant la nuit, & pour régler les horloges à pendules, les montres, &c. Cet instrument a été inventé par M. Molineux ; il a publié un livre portant ce même titre, qui contient une description exacte de cet instrument, & la maniere de s’en servir. (O)

SCIOULE la, (Géog. mod.) petite riviere de France, dans le Bourbonnois ; elle vient d’Auvergne, arrose le pays de Combrailles, l’élection de Gannat, & se jette dans l’Alliers, vers les Echerolles. (D. J.)

SCIPIO, s. m. (Hist. anc.) nom que donnoient les Romains à un bâton ou sceptre d’ivoire, que portoient les consuls pour marque de leur dignité. Dans les tems de la république, il paroît que ce bâton n’étoit qu’une verge unie & sans ornement ; sous les empereurs, & princialement sous ceux de Constantinople, le scipio étoit surmonté d’une aigle, & terminé par un buste qui représentoit l’empereur régnant.

SCIRADIUM, (Géog. anc.) promontoire dont parle Plutarque, dans sa vie de Solon ; il paroît le placer sur la côte de l’Attique, dans le golfe Saronique, près de la ville de Mégare. (D. J.)

SCIZES, s. m. (Mythol.) Σκίροι, nom que l’on donne à Arsalus, Dryus, & Trosobius, trois princes qui régnoient sur le mont Taurus, & dont les habitans firent trois dieux, selon Eusebe. On les appelle σκίροι, parce que leurs statues étoient de marbre,