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ture ; & ceux qui n’y regardent pas d’assez près, croient qu’il se pique ; mais quand même il le voudroit, il auroit beaucoup de peine à l’exécuter, & vraissemblablement n’en pourroit pas venir à bout, tout son corps étant cuirassé comme celui des écrevisses.

Je ne dois pas m’arrêter aux autres contes extravagans que quelques anciens naturalistes rapportent des scorpions. Ils disent, par exemple, qu’ils ne piquent que les parties couvertes de poil ; qu’ils font plutôt du mal aux femmes qu’aux hommes, & aux filles qu’aux femmes ; qu’étant morts ils reprennent vie, si on les frotte d’ellébore ; que la salive d’un homme à jeun les tue ; qu’on ne pourroit guérir de leur morsure, si on avoit mangé du basilic quelques heures auparavant, & que c’est cette plante qui les produit, &c. mais les gens les plus crédules n’ajoutent pas même de créance à de pareilles sornettes.

Il faut encore mettre au rang des contes de bonne femme, les vertus médicinales du scorpion séché & pulvérisé, pris intérieurement pour exciter l’urine, pour chasser le sable des reins & de la vessie, pour résister aux maladies contagieuses.

De la fécondité du scorpion, & de sa haine pour l’araignée. Cet insecte multiplie prodigieusement. Aristote, Pline, Elien assurent que la femelle du scorpion porte onze petits ; & ce n’est pas assez dire, car Redi en marque 26 & 40 pour les limites de leur fécondité : mais les scorpions de Redi le cédoient encore de beaucoup en fécondité à ceux de Souvignargues examinés par M. de Maupertuis, qui a trouvé dans plusieurs femelles qu’il a ouvertes, depuis 27 petits jusqu’à 65. Il faudroit en quelques pays n’être occupé qu’à détruire ces animaux, s’ils ne périssoient par divers accidens qui nous sont inconnus, ou s’ils ne s’entremangeoient pas eux-mêmes.

J’ai parlé de la férocité du scorpion, au commencement de cet article, je le termine par un autre trait, celui de sa haine pour l’araignée, insecte qui est au reste aussi barbare que lui. Quand les scorpions, même au milieu de leurs guerres civiles, rencontrent une araignée, ils suspendent leurs combats mutuels, & se jettent tous sur elle pour la dévorer. Il y a plus, aucun scorpion n’hésite à combattre une araignée plus grosse que lui ; il commence d’abord par la saisir par l’une ou l’autre de ses grandes serres, quelquefois avec les deux en même tems. Si l’araignée est trop forte, il la blesse de son aiguillon par-tout où il peut l’attraper, & la tue ; après quoi ses grandes serres la transmettent aux deux autres plus petites qu’il a au-devant de la tête, avec lesquelles il la mâche, & ne la quitte plus qu’il ne l’ait toute mangée. Fuyons cet insecte odieux & le spectacle de sa cruauté. La plume tombe assez des mains quand on voit comment les hommes en usent avec les hommes. (Le chevalier de Jaucourt.)

Scorpion aquatique, Punaise d’eau, Punaise a aviron, hepa, insecte aîlé, dont M. Linnæus, fann. suec. ne donne que deux especes ; la plus petite est la plus commune.

Le scorpion aquatique de la petite espece a les yeux placés au-dessus de la bouche ; ils sont hexagones & réticulaires ; la bouche a la figure d’un bec recourbé ; la tête est d’une substance dure & d’un noir rougeâtre. Cet insecte a dans la bouche un aiguillon creux & d’une couleur brune ; les aîles tiennent au corcelet dont la substance est la même que celle de la tête ; les pattes sont au nombre de six attachées aussi au corcelet ; elles ont chacune à l’extrémité deux crochets. On a donné aux premieres pattes le nom de bras. Les aîles supérieures ont la même couleur que le corcelet, & couvrent si exactement les aîles inférieures, que celles-ci ne sont jamais mouillées, quoique cet insecte nage presque continuellement. La

partie supérieure de l’abdomen est d’un rouge foncé, & couverte d’un poil touffu ; la partie inférieure a une couleur grise-pâle, elle est terminée par une queue fourchue ; le corcelet & le ventre sont très-applatis.

La grande espece de scorpion aquatique differe principalement de la petite, en ce que le corps est plus long & plus pointu, & que la couleur est plus pâle, & d’un gris tirant sur le roux : les piés sont aussi beaucoup plus longs, & ressemblent à des soies roides. Collection académique, tome V. de la partie étrangere. Voyez Insecte.

Scorpion de mer, voyez Rascasse.

Scorpion, (Critique sacrée.) σκορπίον dans l’Ecriture ; cet insecte cruel & venimeux désigne au figuré les méchans, les choses pernicieuses. Vous habitez avec des scorpions, dit Ezech. ij. 6. c’est-à-dire avec des gens aussi méchans que des scorpions ; s’il demande un œuf, lui présentera-t-il un scorpion ? Luc. xj. 12. c’est-à-dire, lui donnera-t-il un mets pernicieux à la place d’un mets salutaire ? C’étoit une espece de proverbe ; un scorpion pour un poisson, dit Suidas, est un proverbe qui regarde ceux qui préferent les mauvaises choses aux bonnes.

Ce mot dans le vieux Testament signifie encore une sorte de fouet armé de fer, de la figure d’un scorpion, II. Paral. x. 14. c’est aussi le nom d’une machine de guerre pour jetter des traits, I. Macc. vj. 51. enfin la montée du scorpion étoit le nom d’une montagne qui servoit de borne à la terre de Chanaan du côté de l’Idumée, Nomb. vj. 34. (D. J.)

Scorpion, (Mythol.) ce huitieme signe du zodiaque, composé de 19 étoiles, selon Hygin, & de 20 selon Ptolomée, est dans la mythologie un scorpion admirable. Les poëtes ont feint que ce scorpion étoit celui que la terre fit sortir de son sein pour se battre avec Orion. Celui-ci s’étoit vanté à Diane & à Latone, de vaincre tout ce qui sortiroit de la terre. Il en sortit un scorpion, & Jupiter, après avoir admiré sa bravoure & son adresse dans le combat, le mit au ciel, pour apprendre aux mortels qu’ils ne doivent jamais présumer de leurs forces, car Orion ne croyoit pas trouver son vainqueur sur la terre. (D. J.)

Scorpion, s. m. en terme d’Astronomie, est le nom du huitieme signe du zodiaque. Voyez Signe.

Les étoiles de cette constellation sont au nombre de 20 dans le catalogue de Ptolomée ; au nombre de 10 dans celui de Tycho ; au nombre de 49 dans celui de Flamsteed. Chambers. (O)

Scorpion, (Fortification.) scorpio, c’est le nom d’une machine des anciens dont ils faisoient usage dans l’attaque & la défense des places.

Bien des auteurs prétendent que cette machine est la catapulte, mais M. de Folard soutient que c’est la baliste. Voyez Baliste.

Vegece dit qu’on nommoit autrefois scorpion ce que de son tems on appelloit manubaliste. C’est l’arbalête dont on commença à se servir du tems de nos peres, & que nous avons abandonnée depuis l’invention de nos fusils ou de nos mousquets. On voit dans plusieurs endroits des commentaires de César, qu’il emploie indifféremment les termes de scorpion & de baliste, pour signifier la même machine ; mais il distingue toujours la catapulte : Cæsar in castris, dit Hirtius, scorpionum catapultorum magnam vim habebat. Voyez Catapulte. (q)

SCORPIUS, s. m. (Hist. nat. Botan.) espece de genista-spartium, appellé par Tournefort genista-spartium majus, brevioribus & longioribus aculeis, & connu vulgairement en françois sous le nom de genêt piquant. C’est un arbrisseau qui s’éleve à différentes hauteurs suivant les lieux. Il pousse des verges garnies de toutes parts d’un grand nombre d’épines de différentes grandeurs, mais toutes dures & piquantes. Ses