Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/879

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Secteur de M. Graham, est encore un instrument d’Astronomie, qui sert à observer les distances des étoiles au zénith lorsqu’elles en passent fort près. La premiere idée en est dûe au docteur Hook, qui l’avoit imaginé pour déterminer la parallaxe des étoiles fixes ; mais par les changemens & les additions que M. Graham y a faits, il l’a rendu comme un nouvel instrument dont on peut le regarder comme l’inventeur. C’est avec un secteur que M. Bradley a fait la fameuse découverte de l’aberration des étoiles fixes, & c’est aussi avec un secteur exécuté sous les yeux & par les soins de M. Graham, que MM. les académiciens du Nord ont déterminé l’amplitude de l’arc du méridien qui devoit établir la grandeur du degré sous le cercle polaire. Nous rapporterons ici la description qu’ils en ont donnée, parce qu’il seroit impossible d’en donner une meilleure.

Ce qu’on appelle proprement secteur dans l’instrument dont il s’agit, est une lunette DN, garnie d’un limbe ou proportion de cercle TV, qui a pour rayon la distance DG qu’il y a de l’objectif à son foyer.

Ce secteur est porté par un autre secteur immobile qui lui est concentrique, & dans le plan duquel il se peut mouvoir en tournant sur l’axe qui passe par les centres des deux secteurs.

Ce second secteur qui porte le vrai secteur, est porté lui-même par un pié qui a la figure d’une pyramide tronquée.

La premiere figure fait voir l’instrument entier avec ses pieces assemblées ; mais outre que cette figure n’est pas assez grande pour en faire voir le détail, il y a plusieurs choses essentielles à l’instrument qui se trouvent cachées, & d’autres qu’on a omises, parce qu’elles auroient été trop petites pour être apperçues. Toute la suspension du vrai secteur se trouve cachée par le prisme creux exagonal, qui termine le haut du pié ; & le micrometre que l’on place sur le limbe du second secteur, & qui sert à conduire le vrai secteur & à régler son mouvement, a été omis, parce qu’il seroit devenu trop petit, & que le limbe du vrai secteur en auroit caché la plus grande partie. Il faut donc avoir recours aux figures suivantes pour connoître toutes les pieces de l’instrument ; on va les détailler toutes en commençant par le vrai secteur.

La seconde figure représente le vrai secteur en perspective dans ses proportions, & la troisieme figure en fait voir les principales parties plus en grand dans une élévation géométrale tronquée : les lettres sont relatives à la seconde & troisieme figures, mais il a été impossible de mettre sur la seconde toutes celles qui sont sur la troisieme.

DN est un tube cylindrique de lunette, long de 8 piés 11 pouces, fait de laiton bien écroui, ce tube a trois parties dans sa longueur ; les deux premieres parties DE, FG ont trois pouces de diametre, & chacune est garnie à ses extrémités de frettes cylindriques de cuivre ; la troisieme partie, dans laquelle entre l’oculaire, n’a qu’un pouce de diametre.

La frette D, qui fortifie la lunette à son extrémité supérieure, contient l’objectif ; il y a au-dedans de cette frette une feuillure faite sur le tour, dans laquelle l’objectif est exactement enchâssé & tient de lui-même avec assez de force : l’objectif est encore poussé vers le fond de sa feuillure par un tuyau à vis, de façon qu’il est arrêté de la maniere la plus fixe. La frette D porte deux tourillons A, B, de cuivre diametralement opposés, dont l’axe est bien perpendiculaire à celui de la lunette. Ces deux tourillons servent à suspendre la lunette qui, quand elle est libre, peut osciller comme un pendule. Le tourillon A porte un cylindre C d’acier trempé de trois quarts de ligne de diametre ; & ce petit cylindre, qui a même axe que les tourillons A, B, est diminué au-

tant qu’il est possible vers son extrémité, de maniere

qu’à l’endroit de l’entaille il ressemble à deux cônes opposés par la pointe : cette entaille est faite pour recevoir la boucle d’un fil à-plomb, dont on verra l’usage.

La frette E qui est au bout inférieur de la premiere partie, & la frette F qui est au bout supérieur de la seconde, sont soudées à des brides circulaires, aussi de cuivre ; ces deux brides qui sont liées ensemble par des vis, servent à assembler solidement les deux premieres parties du tube DG. Si ce tube DG avoit été d’une seule piece, on n’auroit pas eu besoin des deux frettes EF, mais alors il n’auroit pas été possible de l’écrouir aussi parfaitement qu’en le faisant de deux pieces ; au reste, ces deux parties de tube ne se desassemblent jamais.

La frette G qui est à l’extrémité inférieure de la seconde partie du tube, porte un miroir plan K d’acier bien poli, qu’on recouvre d’une piece de cuivre L, quand on ne fait point usage de la lunette : c’est par ce miroir que la vis du micrometre, que nous expliquerons, pousse la lunette pour lui donner l’inclinaison nécessaire dans les observations. Sur le couvercle L du miroir est un trait léger qui est horisontal quand le miroir est couvert ; ce trait sert à marquer la hauteur où doit être la vis du micrometre. Ainsi avant que de découvrir le miroir, il faut hausser ou baisser le micrometre jusqu’à ce que la pointe de sa vis soit précisément sur le trait du couvercle.

Le dedans de la frette G est tourné en forme de feuillure circulaire ; cette feuillure reçoit un chassis rond, précisément de même diametre : la position du chassis dans la feuillure est déterminée par deux piés diamétralement opposés, qui tiennent à la feuillure & entrent dans deux petits trous faits au chassis. Enfin le chassis est arrêté dans la feuillure par quatre vis qui l’y retiennent solidement. Ce chassis est exactement placé au foyer de l’objectif, il est percé d’une large ouverture d’environ deux pouces de diametre, & porte deux fils d’argent extrèmement fins, croisés à angles droits & perpendiculaires à l’axe de la lunette dans lequel ils se croisent. L’un de ces fils est parallele à l’axe des tourillons A, B. La position des fils sur le chassis est invariable ; car le chassis est percé de quatre trous qui ne sont guere plus gros que les fils qui y passent ; une extrémité de chaque fil est arrêtée dans son trou par une goupille, & les deux autres extrémités sont tirées par des ressorts qui tiennent toujours les fils bien tendus, malgré leur racourcissement dans le froid & leur alongement dans le chaud.

La même frette G est fixée perpendiculairement sur une platine quarrée de cuivre, à laquelle sont attachées plusieurs pieces qu’on va expliquer.

1°. Une piece de cuivre M parallele au miroir S, au-dessous duquel elle est placée. C’est par cette piece M qu’on commence à pousser la lunette par le moyen d’une seconde vis qui est au micrometre : cette piece M & la vis qui la pousse, servent à empêcher la principale vis du micrometre de s’émousser en heurtant contre le miroir d’acier K.

2°. Un limbe TV plan, perpendiculaire à l’axe des tourillons A, B, & dont la face antérieure est aussi éloignée de l’axe de la lunette, que l’entaille C du cylindre d’acier est distante du même axe. Sur ce limbe sont tracés deux arcs, qui ont tous deux l’entaille C pour centre ; ces deux arcs sont chacun de cinq degrés & demi, & sont divisés de sept minutes & demie en sept minutes & demie par des points très fins qu’on peut à peine appercevoir : les points du cercle inférieur sont plus fins que ceux du supérieur ; ces deux arcs peuvent servir à se vérifier mutuellement.