Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/901

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point, & qu’il reste sédentaire sur le fond, cette maniere de pêcher ne peut causer aucun préjudice, d’ailleurs on n’y peut prendre que de gros poissons avec des mailles aussi ouvertes ; nous l’avons nommée seine dormante, à cause de son opération, les Pêcheurs ne la peuvent traîner ; ils ne font qu’exposer leurs rets à la mer. Voyez les Planches & les fig. de la Pêche.

Une autre sorte de seine s’appelle seine traversante. En voici la manœuvre.

Quand les Pêcheurs veulent se servir de ce filet pour faire la pêche, ils se mettent ordinairement quatre bateaux ensemble pour en faire la manœuvre, la chaloupe qui pêche, c’est-à-dire celle qui porte le filet, a cinq hommes d’équipage pour tendre ; quatre hommes nagent, de maniere que le cinquieme tend la seine, la place en demi-cercle ; un des bouts est amarré à l’arriere du bateau, & pour le relever, deux des pêcheurs se mettent à l’avant ; le bateau tournant suivant l’établissement du filet, & pour empêcher le poisson qui se trouve dans l’enceinte d’en sortir ou de sauter au-dessus des flottes de liége qui la tiennent à fleur d’eau, deux des trois autres bateaux entrent dans l’enceinte & battent l’eau avec leurs avirons ; ils s’en servent aussi pour lever le filet par les flottes, le troisieme bateau se met en-dehors & fait aussi la même manœuvre.

Ces filets ont leurs pieces chacun de trente brasses de long & de trois de chûte ; les Pêcheurs s’en servent également à la mer, comme aux embouchures des rivieres ; ils se mettent ordinairement cinq pêcheurs ensemble, fournissent chacun une piece de filet, ce qui fait environ cent cinquante brasses de longueur, lesquelles montées & jointes ensemble ne donnent au plus que soixante-dix à quatre-vingt brasses d’étendue, à cause du sac & du ventre qu’il faut que forme ce filet pour y arrêter le poisson plat & le poisson rond.

Cette pêche se fait en tout tems, & hors la saison de la sardine le tems le plus favorable est celui des chaleurs de l’été, parce qu’elles font lever le poisson de dessus les fonds ; quelques-uns, comme les vieillards & les jeunes gens qui ne font point la pêche de la sardine, font celle-ci en tout tems.

Ces mêmes filets placés sédentaires sur les fonds servent aussi à faire la pêche des mulets & du poisson blanc, pour-lors ils doivent être regardés comme des especes d’haussieres de basse Normandie, & des cibaudieres & petits rieux des pêcheurs normands & picards.

Seine ou Senne caplaniere, terme de Pêche, usité par les Pêcheurs du ressort de l’amirauté de S. Malo, & qui désigne une sorte de filet, avec lequel ils font la pêche des petits poissons propres à servir d’appât pour la pêche de la morue sédentaire aux côtes de Terre-neuve.

On reproche encore aux Pêcheurs terre-neuviers de se servir au retour de leur voyage des seines caplanieres, qui leur sont nécessaires pour prendre les caplans, harengs, sardines, maquereaux, & autres sortes de poissons qui servent à faire la boîte de la pêche le long des côtes de Terre-neuve, où il y a toujours, suivant la force des équipages, quelques chaloupes qui sont destinées à pêcher l’appât, & que l’on nomme à cet effet caplaniere ; elles ont coutume de seiner ces sortes de poissons, & de revenir le soir vers leur échaffaut, afin d’en fournir les Pêcheurs lorsque ces chaloupes partent du matin pour la pêche ; quelquefois même on tient dans l’enceinte de la seine ou senne, les poissons qui s’y trouvent pris, pour ne les en retirer qu’à mesure qu’on en a besoin, pour avoir une boîte plus fraîche & plus nouvelle.

Les Pêcheurs de S. Malo n’ont pour la pêche en mer que trois petits bateaux seulement du port de

deux à trois tonneaux, montés de trois, quatre à cinq hommes d’équipage, qui font en mer la pêche le long de la côte avec les rets, nommés trésures, étales ou étalieres, qui sont les séchées des pêcheurs des côtes de l’amirauté de Morlaix, & quelquefois lorsqu’ils n’ont rien autre chose à faire, celle de la pêche de la ligne au libouret pendant seulement les mois de Juin, Juillet, Août & Septembre ; durant cette saison des chaleurs, ils font aussi la pêche du lançon ou esquille, à la senne ou seine, mais d’une maniere différente de cette même pêche pratiquée par les Pêcheurs de pié d’Oystrehan & de Gray, sur les côtes du Benin ; ceux de S. Malo ne pouvant aller qu’avec bateaux sur les lieux de la pêche.

Cette pêche se fait sur les bancs de gros sables de l’île Herbours placée à l’O. de S. Malo par le travers de la Caplaniere, paroisse des Lunacco de Pontval, on la fait aussi sur les sables à Cézambre, où il n’y a jamais de gué ou passage à pié & sur la paille, placé par le travers de Dinars, paroisse de S. Enogats, où on ne peut aussi se rendre qu’avec bateaux.

Seines flottantes a fleur d’eau, terme de pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Brest ; ce sont des filets que les pêcheurs nomment improprement seines, & que l’on doit regarder plutôt comme une espece de picots flottans, à la différence de ces mêmes filets dont se servent aux embouchures des rivieres & des bayes les pêcheurs du pays d’Auge & de la basse Normandie, qui les tendent sédentaires par fond ; les filets des pêcheurs de Léon se tiennent à fleur d’eau, où ils sont soutenus par des flottes de liege, & n’ont des pierres fort éloignées les unes des autres que pour faire caler le filet de sa hauteur ; ils ne le laissent pas long-tems à la mer, & ne le tendent que lorsqu’ils apperçoivent des poissons en troupe ; aussi-tôt que le ret a fait son enceinte, & qu’ils en ont rejoint les deux bouts, ils le relevent en prenant le filet, un homme par la tête, & un autre par le pié ; ce ret tendu de cette maniere, & relevé de même au large de la côte, ne peut être abusif, ni regardé comme la seine traînante dont la manœuvre est toute différente, ainsi la pêche en doit être permise sans aucune difficulté.

Seine ou Seune, terme de pêche, en usage dans le ressort de l’amirauté de S. Malo.

Les petits pêcheurs de S. Malo qui font la pêche du lançon autour de l’île Herbours & de la Paille, commencent à tendre leurs filets, lorsque les bancs qui les entourent se découvrent de marée baissante des vives eaux ; mais autour de Cezambre, la pêche du lançon ne se fait que de morte eau seulement.

Les bateaux sont mâtés en quarré, pincés avant & arriere, n’ayant qu’un seul mât, une voile & un foc dont ils ne se servent qu’autant qu’ils en ont besoin, ils sont ordinairement dans ces bateaux cinq hommes d’équipage.

Leurs seines ont environ 30 à 35 brasses de longueur, & 15 à 16 piés de chute ou de hauteur ; elles sont agrées de même que les seines ordinaires, avec un canon ou échalon de bois de chaque côté ; les jets, brasses ou hales sont d’une longueur proportionnée à l’endroit où ils veulent tendre leurs filets, dont les mailles ont 4, 5 à 6 lignes en quarré formées d’assez gros fils ; le tête garnie de flottes de liége, & la corde du pié de pierres éloignées du filet de quelques pouces par les avançons ou petites lignes où elles sont frappées, pour empêcher que le bas du filet ne traîne sur le fond : au milieu du filet, est une chausse ou sac de serpilliere d’environ deux brasses de longueur, au bout duquel est amarré de même avec un avançon, une pierre pour faire caler le sac & le tenir en état d’y recevoir les lançons qui se trouvent dans l’enceinte du filet.

La manœuvre de le tendre & de le relever, est