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une bulbe, garnie de plusieurs fibres, capillaires, blanches, couverte d’une écorce jaunâtre, d’une saveur brûlante. Il vient ordinairement à ses côtés plusieurs petites bulbes par lesquelles elle se multiplie ; sa tige est unique, droite, de la grosseur d’un pouce & plus, haute d’une à deux coudées, cylindrique, lisse, panachée de taches de différentes couleurs, comme la peau des serpens, & composée de gaînes.

Ses feuilles sont portées sur des queues fongueuses, & longues de neuf pouces, elles sont partagées en six, sept, ou un plus grand nombre de segmens en maniere de main, étroits, lisses, & luisans ; du milieu des feuilles s’éleve une tige, grosse à peine comme le doigt, dont le sommet est occupé par une gaîne d’un pié de longueur, verte en-dehors, purpurine en-dedans, d’une odeur fort puante : cette gaîne étant ouverte, forme une fleur d’une seule piece, irréguliere, de la figure d’une oreille de lievre ; de son sein sort un pistil noirâtre, long, gros, pointu, accompagné à la base de plusieurs sommets, & de plusieurs embryons, qui se changent en des baies presque sphériques, succulentes, disposées en grappes vertes d’abord, ensuite rouges, brulantes, & piquantes ; ces baies contiennent une ou deux graines arrondies, un peu dures, & en quelque façon ridées. La serpentaire vient dans les pays chauds, & est cultivée dans les jardins des apothicaires. (D. J.)

Serpentaire, (Mat. méd.) les racines & les feuilles de cette plante, ont les mêmes vertus que celles du pié-de-veau ; de sorte qu’on peut substituer ces deux plantes l’une à l’autre. Cependant Simon Pauli avertit que le pié-de-veau est plus doux que la serpentaire ; c’est pourquoi il faut préférer cette derniere plante, lorsqu’on veut déterger un peu plus fortement ; c’est pour cette même raison qu’on l’emploie plus fréquemment à l’extérieur. Géoffroi, mat. med. La racine de serpentaire entre dans l’emplâtre diabotanum.

Serpentaire de Virginie, (Botan. éxot.) racine, autrement nommée viperine de Virginie, serpentaria virginiana, colubrina virginiana, offic. C’est une racine fibreuse, menue, légere, brune en-dehors, jaunâtre en-dedans, d’une odeur agréable, aromatique, approchant de l’odeur de la zédoaire, d’un goût un peu âcre & amer. On nous l’apporte de la Virginie.

Il faut choisir celle qui est récente, aromatique, pure, & non mêlée avec d’autres racines. Quelques-uns confondent cette plante avec la racine du cabaret de Virginie ; mais le coup d’œil les distingue facilement, puisque les racines de ce cabaret sont noires ; il s’appelle asarum virginianum, pistolochiæ foliis subrotundis, cyclaminis more maculatis.

Thomas Johnson, qui a corrigé l’histoire de Gérard, assure que c’est la racine d’une plante appellée aristolochia, seu pistolochia altera, semper virens ; Mais Rai qui avoit dit la même chose, d’après Johnson, dans son premier tome de l’histoire des plantes, paroît en douter dans le second volume : & enfin dans le troisieme, il prouve que cette plante est différente de la pistoloche de Crete de Clusius ; Pluknet assure que l’on nous apporte de Virginie, les racines de trois plantes, sous le nom de serpentaire de Virginie.

La premiere se nomme aristolochia polyrrhison, articulatis foliis, virginiana, Pluk.

Cette racine est un paquet de fibres & de chevelus attachés à une tête, de laquelle s’éleve une tige haute de neuf pouces, garnie de quelques feuilles en forme de cœur, & portée chacune sur une petite queue ; ces feuilles, en naissant, sont pliées par le milieu, ont la figure d’une oreille, & une longue

pointe à leur extrémité supérieure ; les fleurs naissent du bas de la tige, sur de longs pédicules ; elles sont longues, creuses, droites, comme celles des aristoloches ; portées sur un embryon, qui devient un petit fruit à cinq angles, lequel renferme de petites graines semblables aux pepins de raisins.

La seconde serpentaire se nomme aristolochia violæ fructicosæ, foliis virginianæ, cujus radix serpentoria dicitur. C’est une racine composée de fibres très-menues, & blanche, de laquelle s’éleve une tige, le plus souvent seule, grêle, garnie de peu de feuilles, placées sans ordre, larges d’environ un pouce, fermes, taillées en forme de cœur à leur base, & terminées par le haut en une pointe aiguë ; chaque feuille est soutenue sur une queue d’un pouce de longueur ; les fleurs naissent vers le bas de la tige ; les graines sont petites, & semblables à celles que contient la figue.

La troisieme serpentaire est appellée aristolochia pistolochia, caule nodoso, seu serpentaria, virginiana, D. Banister, c’est la véritable espece de serpentaire.

Cette racine n’est qu’un composé de petites fibres, de couleur jaune, d’une odeur, & d’un goût aromatique ; elle pousse une ou deux tiges, lisses, ou du moins très-peu velues, cylindriques, souvent droites ; elles ne sont ni quadrangulaires, ni couchées vers la terre, ni grimpantes comme les sarmens ; les feuilles naissent sur la tige alternativement, & sont placées sur chaque nœud ; elles sont minces, longues, pointues, taillées en maniere de cœur vers la queue, un peu velues en-dessus, rudes en-dessous, saillantes aux côtés, un peu gluantes, & s’attachent aux doigts ; les fleurs sortent près de la terre, elles sont seules, ou au nombre de deux ; leur talon qui est large, arrondis en forme de bonnet, soutient un pavillon ouvert dans le centre, lequel est de couleur pourpre foncé ; le reste de la fleur est d’un jaune sale ; le fruit est à six angles, en forme de poire, & a environ un pouce de diametre lorsqu’il est parvenu à sa maturité. Cette plante n’est pas toujours verte, car lorsque les semences sont mûres, les feuilles & les tiges se fannent & se desséchent. (D. J.)

Serpentaire de Virginie, (Mat. méd.) viperine de Virginie, ou pistoloche de Virginie ; la racine de serpentaire de Virginie nous est apportée seche de l’Amérique, & principalement de la Virginie ; elle a une saveur âcre, amere & camphrée, & une odeur aromatique camphrée.

M. Cartheuser assure qu’on n’en retire point d’huile essentielle, excepté qu’on n’en distille une très grande quantité d’une seule fois ; cet auteur a retiré d’une once de ces racines, environ deux gros d’extrait, par le menstrue aqueux, & environ un gros de matiere résineuse, par l’application de l’esprit devin ; ce dernier principe lui a paru plus actif que le premier, l’un & l’autre retiennent assez la saveur propre de la plante, & le dernier retient de plus une partie de son parfum.

Cette racine est singulierement estimée par les habitans de la Virginie, parce qu’ils la regardent comme un remede souverain contre la morsure du serpent très-venimeux. appellé boccininga ; elle passe aussi pour guérir de la morsure des chiens enragés, pour prévenir & même guérir l’hydrophobie.

Elle est comptée en Europe, parmi les remedes diaphorétiques, diurétiques, carminatifs, fortifians, & vermifuges ; & parmi les alexipharmaques, & les hystériques les plus puissans ; & même M. Cartheuser avertit de l’employer avec beaucoup de circonspection : dans les cas où il seroit dangereux de trop échauffer, exciter, irriter, on doit la donner en infusion dans du vin, depuis un scrupule jusqu’à un gros ; & on peut la faire entrer en substance dans les poudres composées, & dans les électuaires ma-