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ceux qui sont destinés pour l’habitation du pere de famille, quand même cet héritage seroit situé dans une ville.

Les principales servitudes de cette espece chez les Romains étoient celles appellées, iter, actus, via.

La servitude appellée iter, revenoit à ce que nous appellons droit de passage pour les gens de pié ; actus droit de passage pour les bêtes de somme, & via le passage pour les chariots & autres voitures.

Les autres servitudes sont aquæ ductus, c’est-à-dire de faire passer de l’eau par l’héritage d’autrui ; aquæ haustus, le droit d’y puiser de l’eau ; pecoris ad aquam appulsus, le droit d’abreuver ses bestiaux dans l’eau du voisin ; pascendi pecoris, droit de pascage ; calcis coquendæ, de faire cuire sa chaux dans le fonds d’autrui ; arenæ fodiendæ, de tirer du sable sur le voisin ; cretæ fodiendæ, d’y tirer de la craie ou marne ; eximendi lapidis, d’en tirer de la pierre. Voyez ff. de servit. præd. rustic.

Servitude urbaine, est celle qui est dûe à un bâtiment destiné pour l’habitation du pere de famille, quand même ce bâtiment seroit situé aux champs.

On en distingue ordinairement huit.

La premiere, qu’on appelle servitus oneris ferendi, oblige celui qui la doit de porter les charges d’un autre.

La seconde appellée ligni immittendi, c’est le droit de poser ses poutres dans le mur voisin.

La troisieme, ligni projiciendi, est le droit d’avancer son bâtiment sur l’héritage voisin, comme sont les saillies & avances, les balcons.

La quatrieme, stillicidii recipiendi vel non recipiendi, est l’obligation de recevoir l’eau du toît du voisin, ou au contraire l’exemption de la recevoir.

La cinquieme, fluminis recipiendi vel non, c’est par l’eau qui tombe du toît voisin, mais rassemblée dans une gouttiere.

La sixieme, jus altiùs non tollendi, consiste à empêcher le voisin d’élever son bâtiment au-delà d’une certaine hauteur.

La septieme est, jus prospectus ou ne luminibus officiatur, c’est le droit d’empêcher le voisin de rien faire qui puisse nuire aux vûes de l’héritage dominant.

La huitieme appellée, servitus luminum, est le droit d’avoir des jours sur le voisin. Voyez au ff. le tit. de servit. prædior. urban.

SERVIVI, (Jurisprud.) terme latin qui s’est conservé long-tems dans l’usage des chancelleries, pour exprimer l’attestation que chaque officier de chancellerie devoit donner à l’audiencier du tems qu’il avoit servi, soit au conseil, soit au parlement, à la chancellerie du palais ou ailleurs. Ces sortes d’attestations furent ainsi appellées, parce qu’étant autrefois rédigées en latin comme tous les actes de justice, elles commençoient par ce mot servivi. Voyez le sciendum de la chancellerie. (A)

SERUM, s. m. (Gram.) la partie aqueuse, claire & transparente, du sang, du lait, des humeurs animales.

SERUS, (Géog. anc.) fleuve de l’Inde, en-deçà du Gange. Ptolomée, liv. VII. ch. j. place l’embouchure de ce fleuve sur le grand golfe, au midi d’Aganagara. Il ajoute que ce fleuve se formoit de deux sources, qui étoient dans le mont Semanthinus. Mercator croit que le nom moderne est Coromaran. (D. J.)

SERVUS à pedibus meis, (Littérat.) c’étoit le nom qu’on donnoit à l’esclave dont on se servoit pour les messages & pour porter les lettres, du tems de la république des Romains ; car il n’y avoit point alors de commodité réglée pour les faire tenir par des postes : aussi n’avons-nous point de terme qui réponde exactement aux mots latins servus à pedibus meis : celui de valet de pié, qui semble les exprimer, n’en

donneroit pas une idée assez juste. Mongault. (D. J.)

SERY, voyez Musaraigne.

SESAC, (Mythol. orientale.) divinité des Babyloniens, à ce que pensent la plûpart des critiques sacrés. Ils ont cru trouver dans Jérémie le nom de ce dieu. Voici les paroles du prophete, ch. xxv. v. 15. « Ainsi a dit le seigneur : prends de ma main la coupe du vin de ma fureur, & fais-en boire à toutes les nations… & le roi Sesac en boira avec eux ; » puis il ajoute dans un autre endroit : « comment a été prise Sesac ? Comment Babylone est-elle devenue l’étonnement de toutes les nations ?»

Les interpretes qui conviennent que dans ces deux passages, Sesac désigne également le roi & la ville de Babylone, sont persuadés que ce Sesac étoit une des divinités des Babyloniens, & que Jérémie a prétendu désigner la ville même par le nom de cette divinité ; mais cette opinion est purement conjecturale. (D. J.)

SÉSAME, s. m. (Botan.) suivant Linnæus, le calice de ce genre de plante est monopétale, divisé en cing segmens : la fleur est aussi monopétale, en forme de cloche, & découpée en cinq parties dont l’une est beaucoup plus longue que les autres ; les étamines sont quatre filets plus courts que la fleur ; leurs bossettes sont oblongues, droites & pointues ; le germe du pistil est ovale & rude ; le stile est un filet ; le stigma est en forme de lance, divisé en deux ; le fruit est une capsule oblongue à quatre loges qui contiennent quantité de semences ovoïdes. Linnæi gen. plant. p. 293

Tournefort met cette plante parmi les digitales, & l’appellent digitalis orientalis sesamum dicta, I. R. H. 164 Sa racine est annuelle ; son calice part des ailes des fleurs, presque sans pellicules ; il est petit, & divisé en cinq segmens longs & foibles ; sa fleur est monopétale ; son ovaire est en silique, tétragonal, oblong, divisé en quatre cellules, pleines de semences qu’on peut manger. Elles sont modérément humectantes, émollientes, parégoriques, visqueuses, grasses, & par conséquent empiastiques.

Les Egyptiens se servent beaucoup de sesame, tant en alimens qu’en remede, parce qu’il croît promptement, & qu’il précede les autres fruits après les inondations du Nil ; il récompense bien ceux qui le cultivent de leurs travaux par la quantité de siliques qu’il donne. Parkinson prétend que le sésame croît de lui-même aux Indes orientales, mais qu’on le cultive en Egypte, en Syrie, en Grece, en Crete & en Sicile. Les Arabes usent fréquemment dans leurs mets de l’huile exprimée de la graine de sésame. Il est vraissemblable que notre sésame n’est point celui des anciens ; car les vertus que Dioscoride lui attribue, ne conviennent point au nôtre. (D. J.)

SÉSAMOIDE, s. f. (Hist. nat. Bot.) sésamoides, genre de plante dont la fleur ressemble à celle du réseda. Voyez Réseda. Le fruit a différente forme, selon les diverses especes ; tantôt il est composé de plusieurs petites cornes qui sont remplies chacune par une semence qui a la figure d’un rein ; dans d’autres especes il ressemble par sa forme à une étoile, & il est divisé en plusieurs capsules. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Sésamoïde, adj. en Anatomie, nom de quelques petits os qui ressemblent à la semence d’une plante de ce nom.

Les vrais os sésamoïdes sont au nombre de deux, & on les observe dans le pouce tant de la main que du pié. C’est à ces os que les fléchisseurs du pouce sur le métacarpe sont attachés, & outre cela l’abducteur du pouce dans le pié. On remarque encore différens autres os sésamoïdes dans les autres articulations des doigts, mais ils ne se trouvent pas constamment.