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est l’endroit du haut de la selle où le cavalier est assis.

Siege, s. m. (terme de Potier de terre.) c’est une planche un peu penchée en-devant, placée derriere la roue, sur laquelle s’assied l’ouvrier quand il veut tourner un vase, ou quelqu’autre ouvrage de poterie. Cette planche a des deux côtés deux pieces de bois qu’on nomme des payens, qui sont fendues en hoches, de distance en distance pour lui servir comme de marche-pié. C’est sur ces hoches que l’ouvrier met ses piés lorsqu’il travaille, ce qui les lui tient fort écartés l’un de l’autre, pour qu’il ait plus de facilité à se servir du tournoir, avec lequel il donne le mouvement à sa roue ; les payens sont mis en penchant aussi-bien que la planche. Savary. (D. J.)

Siege, voyez Gardon.

SIEGEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Wétéravie, sur un ruisseau de même nom. Elle est chef-lieu d’une principauté qui appartient à une branche de la maison de Nassau. Long. 23. 58. lat. 50. 42.

SIEGER, v. n. (Gram.) occuper le siege. On dit ce pape a siégé dix ans. Il siégeoit lorsque cette affaire a été jugée. Siéger se prend alors pour présider.

SIÉNÉ, (Géog. anc.) voyez Syéné.

SIENNE, (Géog. mod.) ville d’Italie, dans la Toscane, capitale du Siennois, à 9 milles de Monte-Pulciano, à 11 de Florence, à 18 de Pérouse, & à 22 de Pise.

Elle est grande & assez bien bâtie ; sa situation sur une colline fait qu’on y respire un air pur, & qu’en même tems il faut toujours monter & descendre. Ses rues sont propres & pavées de briques mises de champ.

La cathédrale, quoique gothique, passe en total pour un bel édifice ; elle est revêtue de marbre en-dedans & en-dehors ; le pavé du chœur est de marbre blanc & noir, en maniere de mosaïque. Plusieurs fontaines fournissent de l’eau dans tous les quartiers. Les couvens de religieux y sont en grand nombre, & la plûpart ont des églises riches.

L’évêché de cette ville fut érigé en métropole en 1459 ; l’université fut établie en 1387. Ce fut à Sienne que le pape Nicolas II. tint le concile qui décida que l’élection des pontifes de Rome n’appartiendroit qu’aux cardinaux. Il y a une citadelle pour la défenle de cette ville, dont le territoire rapporte du blé, du vin & d’excellent fruit. Long. suivant Cassini, 28. 51. 30. lat. 42. 22.

Pline appelle Sienne, colonia Senensis, & Tacite, colonia Seniensis. Le nom de Sena lui est donné par Caton, par l’Itinéraire d’Antonin & par Ptolomée. Plusieurs savans croient que les Gaulois sénonois bâtirent cette ville pour leur repos. Quand les Romains en devinrent les maitres, ils l’agrandirent afin d’y pouvoir loger leurs colonies.

Dans le dénombrement de leur empire, Sienne imita les autres villes ses voisines qui s’érigerent en républiques. Ensuite il s’éleva dans son sein des partis qui s’armerent les uns contre les autres. Petruccio florentin, profitant de la foiblesse des Siennois, s’empara de leur ville par surprise, & la gouverna tyranniquement.

Après sa mort, le peuple chassa ses enfans, recouvra & conserva pendant quelque tems sa liberté, sous la protection de l’empereur. Enfin Sienne fut soumise à Côme I. duc de Toscane. Philippe II. roi d’Espagne, lui céda cette ville pour payement des sommes qu’il lui devoit. Depuis lors, il ne lui est pas resté la plus petite ombre de son ancienne souveraineté.

Mais quelques papes, & des gens de lettres des plus illustres y ont pris naissance ; je dois d’autant moins oublier de les remémorer, qu’ils n’ont point laissé après eux de rejettons : cette ville est retombée dans la barbarie.

Je connois quatre papes nés à Sienne ; Alexandre III. Pie III. Paul V. & Alexandre VII.

Un des hommes du monde qui, dans les tems grossiers qu’on nomme du moyen âge, mérita le plus du genre humain, dit M. de Voltaire, est Alexandre III. élu pape en 1159, après la mort d’Adrien IV. Ce fut lui qui dans un concile abolit la servitude. C’est ce même pape qui triompha dans Venise par sa sagesse de la violence de l’empereur Frédéric Barberousse, & qui força Henri II. roi d’Angleterre, de demander pardon à Dieu & aux hommes du meurtre de Thomas Becket ; ce pape ressuscita les droits des peuples, réprima le crime dans les rois, & sut reserver au siege pontifical de Rome le privilege de la canonisation des saints. Après avoir gouverné sagement l’Eglise, il mourut comblé de gloire le 30 Août 1181.

Pie III. fils d’une sœur du pape Pie II. succéda à Alexandre VI. le 22 Septembre 1503. Il est loué dans les épîtres de Marsile Ficin, de Philelphe, de Sabellicus & de quelques autres gens de lettres, qui avoient conçu de grandes espérances de son gouvernement ; mais il mourut peu de jours après son exaltation d’une plaie à la jambe, avec soupçon d’avoir été empoisonné.

Paul V. (Camille Borghèse), originaire de Sienne, succéda au pape Léon XI. Monté sur le trône pontifical, il reprit les fameuses congrégations de auxiliis, & défendit aux deux partis de se censurer. Ensuite il s’avisa d’excommunier & d’interdire la république de Venise, pour avoir fait des lois qu’il jugeoit contraires aux libertés des ecclésiastiques ; mais les Vénitiens armerent, & Paul V. leva l’interdit & l’excommunication. Depuis lors il s’appliqua à embellir Rome, & à rassembler dans son palais les plus beaux ouvrages de peinture & de sculpture. Il mourut en 1621, à 69 ans, & eut pour successeur Grégoire XV.

Alexandre VII. de la famille des Chigi, né à Sienne en 1599, succéda à Innocent X. en 1655. Une de ses premieres démarches fut de renouveller les censures de son prédécesseur contre les cinq propositions de Jansénius. Il composa lui-même un nouveau formulaire qui fut reçu en France par une déclaration enregistrée, & par tous les évêques, excepté par quatre qui refuserent de signer ce formulaire. Alexandre VII. nomma neuf évêques françois pour faire le procès aux quatre prélats réfractaires, ce qui ne servit qu’à aigrir davantage les esprits.

Louis XIV. & le pape étoient alors en bonne intelligence ; l’insulte faite au duc de Crequi en 1662 avoit été réparée par sa sainteté, & le roi lui avoit rendu la ville d’Avignon. Ce pontife mourut peu de tems après en 1667, âgé de 68 ans, & eut pour successeur Clément IX.

On dit que dans le tems de sa nonciature d’Allemagne, il avoit resolu de quitter la religion romaine, & d’embrasser la protestante ; mais que la mort du comte Pompée son parent, qui fut empoisonné en passant par Lyon, pour se retirer en Allemagne, après son abjuration, lui fit retarder l’exécution de son premier dessein, & que son élévation au cardinalat lui inspira de toutes autres vues. Il aimoit les belles-lettres ; & quoiqu’il fût poëte médiocre, on a cependant imprimé au Louvre en 1656, un volume in-fol. de ses poésies, sous le titre de Philomathi musæ juveniles.

Je passe aux simples hommes de lettres nés à Sienne, & quelques-uns d’eux ont immortalisé leur nom.

Bernardin de Sienne étoit cependant natif de Massa-Carera en 1583. mais on lui donna le surnom de Sienne, parce qu’il passa dans cette ville la plus grande partie de sa vie. Ses prédications, ses austérités, son humilité, son zele pour le soulagement des pestiférés, lui acquirent une très-grande gloire. Il devint