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trois cens quarante de Tarente. Au reste, les géographes ont remarqué que Florus, liv. I. ch. xviij. a confondu la riviere Liris avec celle de Siris, en parlant du combat de Pyrrhus contre le consul Lœvinus. Il dit que ce combat se donna, apud Heracleam & Campaniæ fluvium Lirim, au lieu de dire apud Heracleam & Lucaniæ fluvium Sirim. (D. J.)

SIRITIS, ou SIRENETIS, (Géog. anc.) contrée d’Italie, dans la Lucanie. Athénée, liv. XIV. dit qu’elle prenoit son nom de la ville de Siris, qui y étoit située. Voyez Siris. (D. J.)

SIRIUS, s. m. en Astronomie, ou la canicule, est une étoile de la premiere grandeur, très-brillante, qui est placée dans la gueule du grand chien. Voyez Chien & Constellation.

Les Arabes la nomment aschere, les Grecs σείριος, & les Latins canicula. Voyez Canicule & Caniculaire. (O)

SIRMICH, ou SIRMISCH, (Géog. mod.) en latin Sirmiensis comitatus, contrée du royaume de Hongrie. Elle s’étend au midi le long de la Save, qui la sépare de la Servie & de la Rascie. Le Danube la borne à l’orient, le comté de Valpon au nord, & celui de Posega à l’occident. Les Turcs sont aujourd’hui les maîtres de cette contrée.

La ville de Sirmich, sa capitale, en latin Sirmium, lui a donné son nom. Cette ville, appellée par ceux du pays Szreino ou Schremnia, est située sur la riviere de Bosweth, proche la Save, au pié du mont Arpareta, à quinze milles d’Essek au midi. Long. 38. 6. latit. 45. 4.

Elle a eu un évêché sous Colocza. Il s’y est tenu deux conciles, l’un en 351, & l’autre en 537. Cette ville, alors considérable, fut ruinée par les Huns vers l’an 460, & les Turcs ne l’ont pas rétablie, ensorte que ce n’est plus aujourd’hui qu’une bourgade dépeuplée ; mais elle étoit puissante & célebre sous les empereurs romains, comme on peut le voir en lisant l’article Sirimum. (D. J.)

SIRMIO, (Géog. anc.) péninsule d’Italie, dans la Gaule transpadane, au territoire de Vérone, dans le lac Benocus, du côté du midi. Cette péninsule charmante n’étoit pas la patrie de Catulle, qui étoit né à Véronne, comme le disent Pline, l. XXXVI. c. vj. & Eusebe, in chronic. mais il y avoit seulement une maison de campagne, ou une agréable retraite, aussi ne l’appelle-t-il pas sa patrie, mais son domaine, & il s’en dit le maître, & non pas le nourrisson. Voici de quelle maniere il en parle, carm. xxxij.

Peninsularum Sirmio, insularumque
Ocelle, quaseumque in liquentibus stagnis
Marique vasto fert uterque Neptunus.
Quam te libenter, quamque lætus inviso
.

Et un peu plus bas il ajoute :

O quid solutis est beatius curis !
Quum mens onus reponit, ac peregrino
Labore fessi venimus larem ad nostrum,
Desideratoque adquiescimus lecto !
Hoc est, quod unum est pro laboribus tantis.
Salve, ô venusta Sirmio, atque hero gaude.

Que ces vers sont doux & agréables ! Quel aimable poëte que Catulle ! (D. J.)

SIRMIUM, (Géog. anc.) ville de la basse-Pannonie, sur la rive gauche de la Save, dans l’endroit où cette riviere reçoit celle que les anciens nomment Bacuntius. C’est-là sa position, selon Pline, liv. III. ch. xxv. & Ptolomée, liv. II. ch. xvj.

C’étoit une très-grande ville, au rapport d’Hérodien, liv. VII. ch. ij. & la métropole de la Pannonie. On voit dans Gudius, pag. 146. une ancienne inscription, avec ces mots : natione Pannonius domu flavia Sirmio ; & on lit dans la notice des dignités

de l’empire, flavia Augusta Sirmium, ce qui nous apprend que Sirmium fut redevable de quelques bienfaits à la maison flavienne. Peut-être les empereurs de cette maison y envoyerent-ils une colonie ; du moins M. le comte de Marsilly rapporte, dans son danube, une inscription, qui justifie que cette ville étoit une colonie romaine. Dec. col. Sirmiens. Les Huns la détruisirent vers l’an 460, & ce n’est plus aujourd’hui qu’un bourg de l’Esclavonie, nommé Sirmich.

Mais Sirmium, dans le tems de son lustre, a été la résidence, la patrie, ou le lieu du tombeau de plusieurs empereurs romains, ce qui lui valut le titre de ville impériale.

Je remarque d’abord que c’est à Sirmium que mourut Marc-Aurele, le 17 Mars de l’an 180 de Jesus-Christ, à l’âge de 59 ans, après en avoir regné 19. « On sent en soi-même un plaisir secret lorsqu’on parle de cet empereur, dit M. de Montesquieu. On ne peut lire sa vie sans une espece d’attendrissement. Tel est l’effet qu’elle produit, qu’on a meilleure opinion de soi-même, parce qu’on a meilleure opinion des hommes ». Il fit le bonheur de ses sujets, & l’on vit en lui l’accomplissement de cette ancienne maxime de Platon, que le monde seroit heureux si les philosophes étoient rois, ou si les rois étoient philosophes. Marc-Aurele faisoit profession ouverte de philosophie, mais de la plus belle, j’entends de celle des Stoïciens, dont il suivoit la secte & la morale. Il nous reste de ce prince douze livres de réflexions sur sa vie, ouvrage précieux, dont Madame Dacier a donné une traduction de grec en françois, avec des remarques.

L’empereur Claude finit aussi ses jours à Sirmium en 270, à 56 ans, d’une maladie pestilentielle qui s’étoit mise dans son armée, après de grandes batailles contre les Goths, les Scythes & les Sarmates.

Les empereurs nés à Sirmium sont Aurélien, Probus, Constance II. & Gratien. Rappellons briévement leur caractere.

Aurelianus (Lucius Domitius), l’un des plus grands guerriers de l’antiquité, étoit d’une naissance obscure, & parvint à l’empire par sa valeur, après la mort de Claude. Il aimoit le travail, le vin, la bonne-chere, & n’aimoit pas les femmes. Il fit observer la discipline avec la derniere sévérité ; & quoique d’un caractere des plus sanguinaires, sa libéralité, & le soin qu’il prit de maintenir l’abondance, firent oublier son extrême cruauté. Il battit les Perses, & s’acquit la plus haute réputation par la conquête des états de la reine Zénobie. Il traita les Palimyréniens avec une rigueur énorme, soumit l’Egypte à son obéissance, & triompha de Tetricus avec une pompe extraordinaire. Il alloit conduire en Thrace son armée contre les Perses, lorsqu’il fut tué par un de ses généraux au mois de Janvier 275. Il porta la guerre d’Orient en Occident, avec la même facilité que nos rois font marcher leurs armées d’Alsace en Flandres. On le déifia après sa mort, & l’on éleva un temple en son honneur. Il fut nommé dans une médaille le restaurateur de l’empire, orbis restitutor. C’est un bonheur que ce prince payen, attaché au culte du soleil, ne se soit pas mis dans l’esprit de persécuter les chrétiens, car un homme si sanguinaire n’en eût pas laissé subsister un seul.

Probus (Marcus Aurelius), parvint de bonne heure aux premieres dignités militaires. Gallien lui donna le commandement de l’Illyrie. Tacite y joignit celui de l’Orient ; & c’est là qu’il fut nommé par ses troupes à l’empire. Il vainquit Florien, frere de Tacite, qui avoit été son concurrent. Ensuite il remporta de grandes victoires sur les Vandales, les Gaulois, les Sarmates & les Goths. Il se préparoit à porter la guerre jusque dans la Perse, lorsqu’il fut tué