ment de ses passions, coule doucement ses jours dans une honnête médiocrité, un seigneur riche & puissant a d’ordinaire le cœur flétri par les soucis les plus amers. Lucrèce dit :
Metus curoeque sequaces
Nec metuunt sonitus armorum feraque tela.
« Les soucis & les craintes ne respectent ni le bruit des armes, ni la fureur des traits ». Il s’en faut de beaucoup, c’est-là que les soucis se plaisent ; ils s’établissent sur-tout dans le cœur des puissances & des têtes couronnées, malgré l’éclat de l’or & de la pourpre qui les environne. (D. J.)
Souci de hanneton, en terme de Boutonnier, c’est une espece de meche en soie plate, & non torse, devidée sur une bobine ; on la noue à une certaine distance, de deux nœuds près l’un de l’autre, puis de deux autres à la même distance, ainsi tout le long, jusqu’à ce qu’on en ait assez ; ensuite on coupe la soie au milieu de la distance des nœuds ; cette distance partagée forme de petits bouquets brillans, à proportion de la beauté de la soie ; le souci entre dans les graines d’épinars, & autres ajustemens d’hommes & de femmes.
SOUCIE, s. m. (Ornithol.) en latin trochilus, espece de moineau ou passereau ; on le nomme soucie, à cause que ses sourcils sont composés de plumes noires, élevées sur chaque côté des temples au-dessus des yeux, au-milieu desquels il a une espece de crète de plusieurs plumes jaunes, sur le sommet de la tête. Cet oiseau fréquente les haies & les jardins, où il se met volontiers sur les choux pour y attraper des insectes ; il a le bec un peu crochu quand il est jeune ; le dessus de sa gorge, de l’estomac, & du ventre, sont jaunâtres ; sa queue & ses aîles sont cendrées, mais le dessus de son dos tire sur le brun. Quand il est vieux, il a le bec rond, longuet, pointu, & très-noir ; ses jambes sont d’un brun qui tire sur le noir, les plumes du dos sont de couleur d’ocre ; le dessus du ventre & de la gorge sont blancs, ses yeux sont noirs & ombrés de plumes cendrées ; il est sauvage, & ne vit pas en cage. (D. J.)
SOUCIS, ou SOUTIS, s. m. pl. (soirie des Indes) ce sont des mousselines de soie rayées, de diverses couleurs, qui viennent des Indes. On les appelle mousselines, quoiqu’il n’y entre aucun coton dans leur fabrique ; ce qui leur a fait donner ce nom, c’est une espece de bourre légere qui paroît sur la superficie de la toile, comme sur les mousselines ; mais ce sont de vraies toiles de soie. Il n’y a que les Indiens qui aient la maniere de travailler ainsi ces sortes d’étoffes. Dict. de comm. (D. J.)
SOUCIER, v. act. & n. il ne se dit guere qu’avec le pronom personnel : c’est prendre du souci. Voyez Souci. De quoi vous souciez-vous dans ce monde ? Je méprise à présent tout ce qui me plut autrefois, je ne me soucie plus de cet amas de raretés que j’avois achetées à grand prix.
SOUCIEUX, adj. qui prend aisément du souci. Il a toujours un air soucieux qui afflige.
SOUDAIN, adj. (Grammaire.) terme relatif à la promptitude de l’action ; rien de plus soudain que le mouvement de la lumiere : on dit aussi, une irruption soudaine, une mort soudaine, une maladie soudaine, une révolte soudaine, &c.
SOUCOUPE, s. f. terme d’Orfèvre & de Fayencier, ouvrage d’orfèvre, de fayencier, ou de potier d’étain, qui forme la figure d’un vase, composé d’un pié, & d’un dessus, qui est une sorte d’assiette large, avec de petits rebords, servant à poser un verre ou une tasse. (D. J.)
SOUDAN, s. m. (Hist. mod.) ou comme on le trouve dans nos vieux auteurs soldan, & en latin soldanus ; étoit le nom qu’on donnoit autrefois aux
lieutenans généraux des califes dans leurs provinces & dans leurs armées ; mais la puissance des califes étant déchue peu-à-peu par diverses révolutions, & sur-tout par la trop grande étendue de pays soumis à leur domination ; ces lieutenans généraux s’érigerent en souverains. Saladin, général des troupes de Noradin roi de Damas, prit ce titre, & fut le premier soudan d’Egypte. Les empereurs turcs détruisirent toutes les petites dinasties que les soudans avoient fondées dans l’Asie mineure, comme celles de Cogni, de Caramanie, &c. & soumirent aussi celle d’Egypte en 1516. Pour l’étymologie du mot soudan, voyez Sultan.
Soudan, ou Soldan, s. m. (Hist. mod.) est le nom d’un officier de la cour de Rome, qu’on appelle autrement juge de la tour de nove, ou maréchal de Rome à la cour de savelles ; c’est une espece de prevôt qui a la garde des prisons, & qui connoît de plusieurs affaires criminelles, sur-tout de celles où les courtisanes sont impliquées. Pendant la vacance du siege, on lui confie quelquefois la garde du conclave avec des soldats sous ses ordres. Ducange, glossar. latinit.
SOUDE, ou Sel de soude, (Chimie & Médec.) on appelle soude le sel lixiviel, ou les cendres de plusieurs plantes qui contiennent du sel marin, & qui croissent pour la plûpart sur les côtes maritimes des pays chauds, quoique on en trouve quelques-unes au milieu des terres, comme le kali geniculatum que Henkel a cueilli en Saxe. Les botanistes n’ont éclairé jusqu’à présent qu’imparfaitement cette partie, & nous trouvons si peu d’ordre & de clarté dans les noms & les descriptions qu’ils donnent des plantes dont on a coutume de tirer la soude, que nous n’osons en présenter un tableau complet ; on les a presque toutes confondues sous le nom de kali, tandis que plusieurs sont de différens genres. M. de Jussieu, mémoires de l’académie 1717, nomme kali d’Espagne annuel couché sur terre, à feuilles courtes, & de sedum, celui dont on retire principalement à Alicant la soude dite de barille. On prépare la soude dans plusieurs autres contrées. Les marchands distinguent ces différentes soudes par le nom que la plante dont on les tire a dans chaque endroit. Ainsi ils appellent la soude préparée à Cherbourg, soude de varech ; ainsi ils divisent celle d’Alicant en soude de barille & soude de bourdine. C’est du kali geniculatum de Caspard Bauhin, du kali majus cochleato semine, & du salsola sativa du même auteur, qu’on retire les soudes communes. Pour y parvenir, voici la méthode qu’on suit dans tous les pays où le travail s’exécute en grand, en Egypte, près d’Alexandrie, à Carthagene, à Alicant, à Cherbourg, & en d’autres endroits.
On cueille cette plante qui a crû sans art, ou qu’on a semée pour la multiplier ; on la coupe lorsqu’elle est dans sa plus grande force, on la fait sécher au soleil comme le foin ; on la met en gerbes, après en avoir ramassé le fruit, si on souhaite ; on la brûle ensuite sur des grils de fer, d’où les cendres tombent dans une fosse, ou par un procédé plus suivi, dans un grand creux ; on jette d’abord une botte de kali séchée & enflammée, qui réduit successivement en cendres toutes celles dont on la couvre peu-à-peu. Le feu éteint naturellement, on tire du creux les cendres qui contiennent une très-grande quantité de sel alkali fixe marin (voyez Sel), auquel on a donné les noms de soude, soude en pierre, salicore, salicote, la marie, alun catin, dont Pline dit que la découverte est dûe à des marchands qui jettés par la tempête à l’embouchure du fleuve Bélus en Syrie, firent cuire leurs alimens avec le kali, dont la cendre unie au sable sur lequel elle tomboit, forma du verre par la fusion de l’un & de l’autre.
On préférera la soude des pays chauds à celle des