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ouvrage allemand de M. Klein, qui a pour titre, Description détaillée de la soudure des métaux, publié à Berlin en 1760, & qui est l’ouvrage le plus complet qui ait encore été publié sur cette matiere intéressante. (—)

Soudure, en terme de Bijoutier, c’est une composition d’or bas, d’argent & de cuivre fort, aisée à fondre. Il y a de la soudure au tiers, au quatre, au cinq, au six, au sept, au huit, au neuf & au dix, qui est la plus forte qu’on employe. Pour faire la soudure au quatre, par exemple, on prend trois parties d’or & une d’aloi que l’on fait fondre ensemble, & que l’on forge de l’épaisseur d’une piece de six liards ; & on la coupe par paillons plus ou moins gros. On marque chaque morceau de soudure du numéro de son titre, & on renferme les paillons coupés dans des boîtes aussi numérotées de leurs titres, afin d’éviter l’inconvénient d’employer une soudure pour une autre. Voyez Aloi.

Soudure, en terme de Diamantaire, est une composition d’étain & de plomb fondus ensemble : un tiers du premier, & deux tiers de l’autre. Monter en soudure, Voyez Mettre en soudure.

Mettre en soudure, en terme de Diamantaires, c’est monter le diamant dans la coquille sur un mélange d’étain & de plomb, qu’on appelle soudure. Ce mélange prend la forme d’un cone qui remplit par sa base la coquille & au fond duquel est le diamant que l’on veut tailler.

Soudure, terme de Ferblantiers. La soudure des ferblantiers est d’étain. Ils s’en servent pour joindre ensemble deux ou plusieurs pieces de fer-blanc. Ils commencent par mettre sur la raie ou les pieces qu’ils veulent souder, de la poix-résine écrasée ; ensuite ils enlevent avec le fer à souder un petit morceau de soudure, & le posent sur la poix-résine : la chaleur du fer fait fondre la soudure, la poix-résine, & les fait incorporer avec les pieces de fer-blanc & les assujettit ensemble.

Soudure, terme d’Horlogers. Les Horlogers en emploient de plusieurs especes. La soudure d’étain qui est la même que celle des ferblantiers, le zinch & la soudure d’argent ou soudure au tiers : elle se fait en mettant les deux tiers d’argent & un tiers de cuivre.

Les mouleurs de boîtes ont des soudures de différens numéros, comme de la soudure au 3, au 4, au 5, ce qui signifie que sur 3 ou 4 ou 5 parties de soudure il y en a une d’alliage d’un métal inférieur, ainsi la soudure d’or au 4 est un mélange de 3 parties d’or au titre avec une d’argent ou de rosette, selon que l’on emploie de l’or rouge ou de l’or blanc. On emploie la soudure la plus forte sur les ouvrages de plus haut titre.

Soudure, dont les Facteurs d’orgues se servent, est un mélange de deux parties d’étain & d’une de plomb, que l’on fond ensemble dans une cuillier de fer, & que l’on coule en plusieurs bandes larges d’un pouce, & épaisses seulement de deux lignes ou environ. On met la soudure en bandes plates, afin que les fers à souder avec lesquels on la prend sur la tuile, puissent la fondre plus aisément. Ainsi si on veut faire trois livres de soudure, il faut deux livres d’étain & une livre de plomb : elle sert à joindre deux ou plusieurs pieces & à n’en faire qu’une. Avant que d’employer la soudure, il faut blanchir les rives de ce que l’on veut souder, laisser sécher le blanc, ensuite gratter le blanc & la surface du tuyau avec la pointe à gratter décrite à son article. Cette pointe doit être bien afilée sur la pierre à l’huile, afin de ne point éclater le blanc qui doit border les deux côtés de la soudure, & qui l’empêche de s’étendre au-delà de ce qui est nécessaire. Une bonne soudure doit avoir une ligne, une ligne & demie ou au plus deux lignes de large, selon l’épaisseur & la grandeur des pieces que l’on soude, & être bordée

de chaque côté par une bande de blanc de 4 ou 5 lignes de large plus ou moins. Le blanc qui sert à empêcher la soudure de couler & de s’étendre au-delà de l’endroit où on veut qu’elle soit, sert aussi à empêcher les tuyaux de fondre à l’approche du fer chaud avec lequel on pose & on fait couler la soudure dans l’espace que l’on a gratté de part & d’autre de la fente qui sépare les deux pieces que l’on veut joindre. On doit avoir gratté en biseau, c’est-à-dire, ensorte que la pointe ait pénétré plus avant vers la rive ou arrête, où elle doit avoir atteint toute l’épaisseur, que vers le blanc où elle ne doit qu’effleurer la superficie.

La gratture doit être bien unie, sans ressauts ni bosses, afin que la soudure vienne de même ; pour cela il faut gratter légerement : on la graisse ensuite avec du suif de chandelle, & on applique la soudure avec les fers à souder que l’on traîne tout-du-long des endroits qu’il faut souder, voyez Fers a souder, qui doivent être étamés & chargés de soudure autant qu’il est besoin.

Lorsqu’une soudure est bien faite, elle doit former dans toute sa longueur une petite convéxité très unie & par-tout de même largeur, laquelle dépend de l’égalité avec laquelle on a gratté le tuyau.

Soudure, (Plomberie.) mélange fait de deux livres de plomb avec une livre d’étain, qui sert à joindre les tables de plomb ou de cuivre. On la nomme soudure au tiers.

Soudure en losange ou en épi. Grosse soudure avec bavures en maniere d’arrête de poisson. On la nomme soudure plate, quand elle est plus étroite, & qu’elle n’a d’autre saillie que son arrête. Daviler. (D. J.)

Soudure, (Maçonn.) On entend par soudure, du plâtre serré dont on raccorde deux enduits qui n’ont pu être faits en même tems sur un mur ou sur un lambris. (D. J.)

Soudure, (Droit romain.) La soudure fait dans le droit romain un objet de question qui a partagé tous les jurisconsultes ; parce que comme ils ont cru qu’on ne pouvoit pas séparer les métaux, par exemple, l’or du cuivre, ou que la soudure produisoit un vrai mélange des deux matieres soudées ensemble ; ils ont établi, que des deux choses jointes ensemble, la moindre étoit acquise au maître de la plus grande.

Quelques-uns d’eux ont distingué deux sortes de soudure, l’une qui se fait avec une matiere de même genre que les deux corps soudés ensemble ; l’autre qui se fait avec une matiere de différente nature. Ils appellent la premiere ferruminatio, & l’autre plumbatura. Suivant l’idée de ces jurisconsultes, la premiere sorte de soudure confond les deux corps soudés ensemble, de maniere que le tout demeure par droit d’accessoire au propriétaire de la plus grosse, ou de la plus considérable partie, quand même elle viendroit ensuite à être séparée de la moindre ; comme si un bras soudé à une statue d’or, se détachoit. Que si les deux parties étoient égales, en sorte que l’une ne pût être regardée comme une accessoire de l’autre ; alors, disent-ils, aucun des deux propriétaires ne pourroit s’approprier le tout, & chacun demeureroit maître de sa portion.

D’un autre côté, quand deux pieces d’argent, par exemple, sont soudées avec du plomb, ou que l’on soude ensemble deux pieces de différent métal, ce qu’on appelloit plumbatura ; ces mêmes jurisconsultes vouloient qu’en ce cas, il n’y eût point de mélange, & qu’ainsi les deux corps soudés demeurent chacun à leur maître, soit que l’un se trouve plus ou moins considérable que l’autre.

Mais on ne voit aucun fondement solide de cette différence ; car deux pieces d’argent soudées ensemble avec de l’argent, demeurent aussi distinctes l’une de l’autre, que si elles étoient soudées avec du