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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/565

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servée, que quand un verbe est suivi de son sujet, il y a ellipse du verbe principal auquel est subordonné celui qui est dans une construction inverse. On en peut voir des exemples, (article Relatif, à la fin), dans lesquels le verbe est à l’indicatif ; & l’on a vu (article Interrogatif), que c’est un des moyens qui nous servent à marquer l’interrogation, sans charger la phrase de mots superflus qui la rendroient lâche. Il en est de même pour le sens optatif de la phrase en question ; & l’ellipse y est indiquée non-seulement par l’inversion du sujet, mais encore par la forme subjonctive du verbe, laquelle suppose toujours un autre verbe à l’indicatif, qui ne peut être ici que le verbe je souhaite ; l’adverbe ardemment que j’y ajoute, me semble nécessaire pour rendre l’énergie du tour elliptique ; & en sorte est l’antécédent nécessaire de la conjonction que, qui doit lier la proposition subjonctive à la principale.

Pour ce qui concerne les tems du subjonctif, il en sera parlé ailleurs. Voyez Tems.

Remarquons, en finissant, que le subjonctif, est un mode mixte, & par conséquent non nécessaire dans la conjugaison ; c’est pour cela que la langue hébraïque ne l’a point admis ; & il est évident que M. Lavery se trompe dans sa grammaire angloise dédiée à madame du Boccage, lorsqu’il veut faire trouver un subjonctif dans les verbes anglois : il ne faut pour s’en convaincre, que comparer les tems du prétendu subjonctif avec ceux de l’indicatif, & l’on y verra l’identité la plus exacte ; ce sera la même chose en comparant le prétendu second subjonctif avec le prétendu potentiel ; ils sont également identiques, & j’ajoute que ni l’un ni l’autre ne doit pas plus être compté dans la conjugaison angloise qu’on ne doit compter dans la nôtre ; je puis diner, je pouvois diner, &c. je veux diner, je voulois diner, &c. j’aime à diner, j’aimois à diner, &c. ou telle autre phrase où entreroit l’infinitif diner. Il me semble difficile de bien exposer les regles d’aucune grammaire particuliere, quand on ne connoît pas à fond les principes de la Grammaire générale. (E. R. M. B.)

SUBIR, v. act. (Gram.) être expose de gré ou de force ; subir une loi dure ; subir un châtiment ; subir la rigueur du sort.

SUBIT, adj. (Gram.) qui s’exécute tout-à-coup ; il y a des coups subits, des échecs subits, des bonheurs subits, des fortunes, des élévations subites. C’est alors qu’on considere les hommes élevés si subitement, & qu’on se demande comment cela s’est fait, sans pouvoir se répondre. On se rappelle seulement un endroit où Lucien introduit Jupiter fatigué des clameurs qui s’élevoient de la terre, mettant la tête à sa trape, & disant de la grêle en Scythie, un volcan dans les Gaules, la peste ici, la famine là ; refermant sa trape, achevant de s’enyvrer, s’endormant entre les bras de Ganimede ou de Junon, & appellant cela gouverner le monde.

SUBJUGAL, adj. terme de plein chant, un ton subjugal, ou subordonné, tels que sont tous les tons plagau x. Voyez Plagal.

SUBJUGUER, v. act. vaincre, dompter, soumettre, courber sous le joug ; c’est un homme subjugué par sa femme ; les conquérans se plaisent à subjuguer les hommes ; ce qu’ils n’exécutent pas sans en égorger un grand nombre. Philippe divisa les républiques de la Grece, pour les subjuguer plus facilement. Il a, je ne sais quel ascendant sur moi ; il me subjugue malgré que j’en aie ; la grace subjugue la passion dans l’homme religieux ; l’âge, la raison, l’expérience, le dégoût dans le philosophe.

SUBLAPSAIRE, ou Post-lapsaire, ou Infralapsaire, s. m. (Hist. ecclésiastique.) qualification usitée parmi les calvinistes, pour désigner ceux d’entre leurs théologiens qui pensent que Dieu ne reprou-

ve certains hommes, & ne les destine aux supplices

éternels qu’en conséquence de la prévision de la chute d’Adam. Ce sentiment est erroné, selon les catholiques, en ce que les sublapsaires veulent que le péché originel, quoique remis par le baptême, soit la cause primitive & radicale de la damnation des hommes, & les porte nécessairement au mal. Voyez calvin. Instit. lib. II. c. v. n°. 1.

SUBLAQUEUM, (Géog. anc.) ville d’Italien, dans le Latium. Pline, l. III. c. xiij. dit que l’Anio passe au-travers de trois lacs fort agréables, qui avoient donné le nom à la ville de Sublaqueum. Tacite, Annal. l. XIV. p. 227. appelle aussi Sublaqueum la maison de plaisance que Néron avoit fait bâtir dans ce quartier-là, & à laquelle il avoit donné le nom de la ville, car la ville étoit au bord d’un des lacs, & la maison de plaisance sur une élevation. Hermolaüs voudroit lire Sublacum, au lieu de Sublaqueum, parce que la maison de plaisance de Néron est appellée Sublacensis villa, dans Frontain, de aquæduct. p. 247. Sublaqueum n’étoit pas beaucoup au-dessous de la source de l’Anio. Paul Diacre le met à quarante milles de Rome. Le nom de ce lieu est aujourd’hui corrompu en celui de Subiaco. (D. J.)

SUBLAVIO, onis, (Géog. anc.) ville du Norique ou de la Rhétie, suivant l’itinéraire d’Antonin ; mais Clauier croit qu’il faut lire Sub-savione, au lieu de Sublavione, & sa correction paroît juste. Quoi qu’il en soit, cette ville n’est plus aujourd’hui qu’un méchant bourg nommé Siben ou Süben, dans le comté de Tirol. (D. J.)

SUBLIMATION, s. f. (Chimie.) espece de distillation dont le caractere spécial est de ne fournir que des produits sous forme seche.

La forme, ou plutôt la consistance de ces produits est de deux especes, ou elle est ramassée en une seule masse solide, qu’on appelle quelquefois pain ou gateau, tels que les gateaux de sel ammoniac, les masses denses & liées de sublimé corrosif, &c. Les produits de la sublimation qui prennent cette consistence, retiennent spécialement le nom de sublimé. La seconde espece se présente sous la forme d’une couche rare & sans liaison. Ce produit est connu dans l’art sous le nom de fleurs ; c’est ainsi qu’on dit fleurs de soufre, fleurs de mars, fleurs de benjoin, &c. Les vaisseaux sublimatoires les plus usités sont l’alambic à chapiteau borgne, les alludels, les matras, les bouteilles de verre mince, appellées dans les boutiques phioles à médecine ; le pot de terre à double couvercle pour les fleurs d’antimoine en particulier, la cucurbite de terre basse surmontée d’un cone de papier pour celle de benjoin, &c. tous ces vaisseaux & appareils sont représentés dans les planches de chimie (voyez ces Planches).

La théorie de la sublimation & les lois manuelles de cette opération doivent se déduire absolument de la théorie & des lois manuelles de la distillation en général. Voyez Distillation. La seule manœuvre particuliere dont l’artiste puisse être averti, c’est le moyen de donner de l’air ou de ménager une issue aux vapeurs qui se raréfient dans l’intérieur de l’appareil fragile du matras ou des phioles, & de tenir le col de ces vaisseaux ouverts pendant les premiers tems de l’opération, en rompant ou abattant le sublimé, ou les fleurs qui l’obstruent au moyen d’une baguette ou d’un fil-de-fer, &c. (b)

SUB-LUPATIA, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans la Pouille. L’itinéraire d’Antonin la marque entre Silvianum & Canales, à 21 milles du premier de ces lieux, & à 13 milles du second. Cette ville selon Holsten, étoit où est aujourd’hui la ville épiscopale d’Altamura. (D. J.)

SUBLIME, adj. (Math. Transc.) géométrie sublime ou transcendante, est le nom qu’on donne particulierement à la géométrie infinitésimale, ou des in-