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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 15.djvu/656

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dérables. Enfin les sultans-chérifs ont usurpé un grand pays sur les Abyssins, lesquels ne possedent plus aujourd’hui de port en propriété sur la mer Rouge. (D. J.)

SULTANE, s. f. (Hist. mod.) maîtresse ou concubine du grand-seigneur. Nous ne disons pas son épouse, parce que la politique des empereurs turcs ne leur permet pas d’en prendre. Sultane favorite est une des femmes du serrail que le sultan a honoré de ses faveurs, & qu’on nomme aseki sultana. Voyez Aseki.

Sultane regnante est la premiere de toutes qui donne un enfant mâle au grand-seigneur. On l’appelle ordinairement bujuk aseki, c’est-à-dire, la premiere ou la grande favorite.

Sultane validé est la mere de l’empereur regnant, comme nous disons la reine mere.

Toutes ces sultanes sont renfermées dans le serrail sous la garde d’eunuques noirs & blancs, & n’en sortent jamais qu’avec le grand-seigneur, mais dans des voitures si exactement fermées, qu’elles ne peuvent ni voir ni être vues.

Quand le grand-seigneur meurt, ou perd l’empire par quelque révolution, toutes ces sultanes sont confinées dans le vieux serrail.

Sultane est aussi le nom que les Turcs donnent à leurs plus gros vaisseaux de guerre.

Sultane, en terme de Confiseur, ce sont des petits ouvrages d’assortiment & de symmétrie dont on se sert pour garnir quelque tourte ou autre chose.

SULTANIE ou SULTANIA, (Géog. mod.) ville de Perse, dans l’Irac-Agémi, sur les frontieres de l’Azerbijane, dans une plaine terminée par une montagne. Sultan Mahomet Chodabande fit bâtir Sultanie des ruines de l’ancienne ville de Tigranocerta, & en fit le siege de son empire ; c’est de là qu’elle a pris le nom de Sultanie, qui veut dire ville royale. Elle devint très-considérable, & les prédécesseurs d’Ismaël sophi y firent souvent leur résidence ; mais cette ville ayant été saccagée par Tamerlan, & par d’autres princes turcs & tartares, n’a conservé de son ancien lustre qu’une belle mosquée dans laquelle est le tombeau de Chodabande. On en peut voir la description dans l’histoire de Timur-Bec, l. III. c. xxj. Long. de Sultanie, suivant Tavernier, 76. 15. latit. 39. 40. (D. J.)

SULTANIN, s. m. (Monnoie.) le sultanin est une monnoie d’or qui se fabrique au Caire, & qui a cours dans tous les états du turc ; c’est la seule espece d’or qui se fasse au coin du grand seigneur ; on l’appelle aussi schérifi & sequin ; il vaut à-peu-près le ducat d’or. On nomme aussi sultanins des especes d’or qui se frappent à Tunis ; mais outre que ces sultanins sont d’un tiers plus forts que ceux d’Egypte, l’or en est à plus haut titre, & tout du plus fin qu’il puisse être, c’est-à-dire, au plus près de vingt-quatre karats. (D. J.)

SULTZ, (Géog. mod.) petite ville ou plutôt bourg de France, dans la haute-Alsace, dépendant de l’évêché de Strasbourg. Il y a aussi un bourg appellé Sultz, en Allemagne, dans la Suabe, chef-lieu d’un comté de même nom, ce comté confine avec les cantons de Zurich, de Schaffhouse, le landgraviat de Stulingen, & la forêt-noire. (D. J.)

Sultz, comté de, (Géog. mod.) comté d’Allemagne, en Suabe ; ce comté confine avec les cantons de Zurich & de Schaffhouse, le landgraviat de Stulingen, & la forêt-noire. Le pays en est assez beau, & divisé en quatre bailliages. Son chef-lieu est un gros bourg de même nom. (D. J.)

SULTZBACH, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la principauté de même nom, qui est située aux confins du haut palatinat, vers la Franconie. Cette seigneurie appartenoit à la branche de Neubourg. (D. J.)

SULTZBURG, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans le Brisgaw, dépendante des margraves de Bade-Dourlac, qui y ont bâti un château. Le terroir de ce lieu produit des vins rouges sort estimés en Allemagne. Long. 25. 14. latit. 47. 53. (D. J.

SUMAC, rhus, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposées en rond ; le pistil sort du calice, & devient dans la suite une capsule arrondie, qui a presque la forme d’un rein, & qui renferme une semence de la même forme. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Sumach, rhus, petit arbre qui vient naturellement dans l’Europe méridionale, dans quelques contrées de l’Amérique septentionale, & en Afrique ; mais les sumachs d’Afrique sont toujours verds, de plus petite stature, & bien différens de ceux d’Europe & d’Amérique : ces derniers s’élevent à douze ou quinze piés : ils font rarement une tige droite, leur écorce est lisse sur les vieilles branches, & extrèmement velue sur les jeunes rameaux, ce qui, joint à la direction courbe & oblique de ces rameaux qui sont fort gros, leur donne de loin l’apparence d’un bois de cerf ; c’est ce qui a occasionné de donner au sumach le nom de bois de cerf ; leurs feuilles sont composées de plusieurs folioles longues, pointues, dentelées & rangées par paires sur un filet commun qui est terminé par une seule foliole. Ces arbrisseaux donnent en Juin & Juillet de grosses grappes de fleurs un peu jaunâtres, & de peu d’apparence ; les graines qui s’étendent, sont de très petites baies velues, & bien peu charnues, qui contiennent un noyau rond l’automne & le tems de leur maturité.

Les sumachs d’Europe & d’Amérique sont très-robustes, & leur accroissement est très-prompt : on les voit réussir par-tout, depuis le sol de pur argile, jusque dans les terreins les plus pierreux : ils s’accommodent de toutes les expositions, ils reprennent aisément à la transplantation, ils souffrent la taille dans toutes les saisons, & ils se multiplient plus que l’on ne veut : on n’est pas en usage de les semer, ce seroit un moyen trop long, & d’ailleurs les graines levent difficilement ; mais leurs racines qui rampent près de la surface de la terre, & qui s’étendent au loin, poussent une grande quantité de rejettons : cependant à leur défaut, on peut se servir des seules racines, qui étant coupées de la longueur du doigt, & mises en terre au printems, reprennent très-aisément.

On peut tirer quelque parti des sumachs pour l’agrément ; leur feuillage est fort apparent & d’une belle verdure, quelques especes même donnent des grappes rouges qui sont d’un bel aspect dans l’automne & pendant tout l’hiver, & ces arbrisseaux sont très-propres soit à faire de la garniture dans les bosquets, soit à remplir promptement des places vuides, où quantité d’arbrisseaux ne pourroient réussir à cause de la défectuosité du terrein ; mais ces arbrisseaux ne sont pas sans utilité : on se servoit anciennement de leurs graines pour assaisonner différens mets. Bellon rapporte que de son tems les Turcs les employoient à cet usage, qui n’a cessé vraissemblablement qu’à cause que cet assaisonnement noircissoit les dents. Il y a tout lieu de présumer cette propriété dans la graine du sumach, puisque la décoction de ses feuilles noircit les cheveux, & que le bois peut servir à faire de l’encre : on cultive ces arbrisseaux en Espagne & dans nos provinces méridionales, pour la préparation des cuirs, & on emploie à ce service toutes les parties du sumach, le bois, la feuille, & la graine. Ce petit arbre est au nombre des drogues colorantes qui sont communes aux teinturiers du grand & du petit teint ; il sert à teindre en verd, & il entre dans l’apprêt des maroquins noirs, & de