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quelques autres peaux ; c’est du Portugal qu’on tire la plus grande partie du sumac qui se consomme en France on peut faire du vinaigre avec les grappes de cet arbrisseau ; en faisant des incisions au tronc, il en découle un suc résineux qui pourroit avoir de l’utilité pour les arts : enfin on fait quelqu’usage des graines de sumac en médecine, par rapport à leur qualité astringente & rafraîchissante.

Il y a plusieurs especes de sumacs.

1o. Le sumac à feuille d’orme : c’est le seul qui vienne naturellement en Europe, & celui qui a le moins d’agrément : on doit appliquer particulierement à cette espece, ce qui a été dit ci-dessus.

2o. Le sumac de Virginie : c’est celui que l’on cultive le plus communément dans les jardins pour l’agrément de ses grappes rouges qui restent sur l’arbre pendant tout l’hiver ; son bois est fort tendre, mais il est veiné d’une couleur verte de deux nuances assez belles.

3o. Le sumac de Virginie velouté de rouge : c’est une variété du précédent, il fait un plus grand arbre, son accroissement est plus prompt, ses jeunes rameaux sont garnis de duvet d’un rouge fort vif, ses grappes de fleurs sont blanches, fort grandes, & éparses.

4o. Le sumac d’Amérique à bois lisse : c’est l’espece qui a la plus jolie apparence, par la verdure bleuâtre de son feuillage & de ses jeunes rameaux, qui sont sans aucun duvet ; ses grappes sont éparses, & elles n’ont jamais de couleur apparente ; cet arbre fait une tige plus droite que les autres.

5o. Le sumac de Canada à feuilles longues, ou le vinaigrier : cet arbrisseau s’éleve moins que les précédens ; ses feuilles sont luisantes & d’une couleur de verd de mer, & ses grappes de fleurs d’un rouge vif de la plus belle apparence ; il est vrai que ses branches viennent fort irrégulierement, & qu’il pousse un grand nombre de rejettons, ce qui déprime un peu l’agrément qu’il a d’ailleurs.

6o. Le petit sumac de Virginie : cet arbrisseau ne s’éleve guere qu’à quatre piés ; sa fleur n’a rien de fort remarquable ; toute sa beauté consiste dans la singularité de ses feuilles qui sont doublement empannées, c’est-à-dire que le filet qui soutient plusieurs paires de folioles est bordé d’un fanage qui se réunit avec les folioles ; cet arbrisseau ne donne point de rejetton du pié, il faut le faire venir de graine.

7o. Le sumac de Caroline à fruit écarlate.

8o. Le sumac de Caroline à fruit noir : ces deux dernieres especes sont encore très-rares, & peu connues.

9o. Le sumach copal, rhus obsoniorum : cet arbre est originaire de la Caroline & de la Virginie, où il s’éleve à plus de vingt piés ; ses feuilles sont ailées & composées de quatre, cinq, ou six paires de folioles, mais celle qui termine le filet commun n’a point de pédicule ; il sort du tronc de cet arbre un suc épais qui a quelque ressemblance avec la gomme copal.

On connoit encore de cinq ou six sortes de sumacs qui sont originaires de l’Afrique : ce sont de petits arbrisseaux fort délicats, qui n’ont d’autre agrément que d’être toujours verds.

Sumac, (Mat. med.) ordinaire ou commun, & sumac de Virginie. Les fruits de la premiere espece de sumac étoient employés dans la cuisine des anciens, à titre d’assaisonnement ; aussi portent-ils chez plusieurs botanistes le titre de sumac, ou rhus obsoniorum, rhus culinaria, &c. les Turcs s’en servent encore aujourd’hui, au rapport de Bellon ; mais il est absolument inusité à ce titre parmi nous.

Nous n’employons plus cet arbrisseau, & principalement celui de la seconde espece, le sumac de Virginie, qu’à titre de remede ; ses feuilles & ses fruits sont comptés parmi les plus puissans astringens : on

en emploie l’infusion & la décoction dans les cours de ventre & les hémorrhagies qu’il faut arrêter. Ces remedes sont encore mis au rang des bons anti-scorbutiques.

Le fruit de sumac entre dans le sirop myrtin & dans le vin astringent pro tolu, de la pharmacopée de Paris ; les semences entrent dans l’onguent de la comtesse.

Sumac, s. m. (Teinture.) drogue propre pour teindre en verd ; cette drogue dont on se sert aussi dans l’apprêt des maroquins noirs & de quelques autres peaux, n’est autre chose que les feuilles & les jeunes branches de l’arbrisseau, pilées dans un mortier.

Quoique le sumac soit du nombre des drogues colorantes, qui sont communes aux teinturiers du grand & du petit teint, il est néanmoins défendu aux uns & aux autres d’en employer de vieux, c’est-à-dire qui a déja servi à passer les maroquins, ou autres peaux. Le meilleur sumac pour la teinture est celui qui est verdâtre & nouveau. C’est du port de Porto, en Portugal, que vient la plus grande partie du sumac qui se consomme en France. (D. J.)

SUMATIA, (Géog. anc.) ville du Péloponnèse dans l’Arcadie. Pausanias, liv. VIII. c. xxxvj. nous apprend que cette ville étoit ruinée de son tems, & qu’elle avoit été située au midi de Lycoa, autre ville ruinée. (D. J.)

SUMATRA, (Géog. mod.) grande île de l’Océan indien, à l’occident de la presqu’île du Malaca & de l’île de Bornéo, & séparée de celle de Java par le détroit de la Sonde.

Cette île s’étend depuis la pointe d’Achem qui est par les 5 deg. 30′. nord, jusqu’au détroit de la Sonde, par les 5 deg. 30′. sud, qui font onze degrés. Ainsi cette île auroit 300 lieues de longueur, & environ 70 de large.

Elle est arrosée d’un grand nombre de rivieres, grandes, moyennes & petites. Elle ne manque pas de mines d’étain, de fer & de cuivre. Elle est semée çà & là de montagnes très-hautes ; mais l’air de ce pays est fort mal-sain, à cause de la ligne équinoxiale qui le coupe par le milieu, & des pluies qui y regnent une partie de l’année, & qui sont ensuite suivies de calmes qui surviennent après des tempêtes. Cependant les côtes de cette île offrent à la vûe des plaines couvertes d’orangers, de cocotiers & d’autres arbres fruitiers ; des forêts toujours verdoyantes, des collines ornées de bocages, & des hameaux où brillent toutes les beautés champêtres.

Les terres produisent une quantité prodigieuse de riz, d’orge, de miel, de cire & sur-tout du poivre. Les lieux incultes & sauvages nourrissent des éléphans, des sangliers, des cerfs, des singes & des serpens. Les rivieres ne manquent pas de crocodiles qu’on nomme caymans. Les prairies nourrissent quantité de bufles, de bœufs & de chevaux.

L’île de Sumatra est divisée en plusieurs royaumes, dont le plus puissant est celui d’Achem, qui occupe le côté septentrional de l’île. Le côté méridional dépend en partie du royaume de Bantam, & on partie du Mataram de Java.

On parle la langue malaye dans toute l’île, & la plupart des habitans ont embrassé le Mahométisme, à l’exemple des Maures. En général ils sont noirs, de la taille des Javanois, fiers, audacieux, perfides & sanguinaires. Ils craignent leurs rois qui sont absolus, & qui pour des fautes légeres, leur font couper inhumainement les piés & les mains.

Ils sont presque tout nus, depuis la ceinture en-haut. Les plus magnifiques ont une légere cabaie, qui est de toile de coton. Leurs édifices, pagodes & maisons, sont élevés sur des piliers de bois, & bâtis de légers matériaux, à la maniere des Maures.