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de Mies. Ziska, chef des Hussites, la prit d’assaut en 1427, & y mit garnison. Long. 30. 42. latit. 49. 55. (D. J.)

TACHAN, (Géog. mod.) ville du royaume de Tunquin, située dans une plaine vis-à-vis d’une île de même nom, laquelle est couverte d’oiseaux qui viennent s’y retirer dans les grandes chaleurs.

TACHARI, (Géog. anc.) peuples d’Asie, dans l’Hyrcanie. Selon Strabon, l. XI. pag. 511. ils étoient Nomades, & ils furent du nombre de ceux qui chasserent les Grecs de la Bactriane. Ortelius croit que ce sont les Tachori que Ptolomée, l. VI. c. xij. place dans la Sogdiane, contrée voisine. (D. J.)

TACHE, TÂCHE, s. f. (Lang. franç.) la prononciation détermine le sens de ces deux mots, qui signifient deux choses toutes différentes. Le premier veut dire une marque, une impression étrangere qui gâte quelque chose ; & le second, un ouvrage que l’on doit finir dans un certain tems, soit par devoir, soit pour de l’argent. La premiere syllabe du premier mot est breve ; on alonge au contraire la premiere syllabe du second mot, & l’on y met un accent circonflexe. Ménage avoue qu’il ignore l’origine du mot tache ; mais Casseneuve a remarqué qu’autrefois on s’en servoit pour exprimer les bonnes & les mauvaises qualités d’un homme, ou d’une bête. L’ancienne chronique de Flandres, parlant de Marguerite, comtesse de Flandres, dit ch. xxvj. « Et elle avoit quatre taches ; premierement, elle étoit une des plus grandes dames du lignage de France ; secondement, elle étoit la plus sage & la mieux gouvernant terre qu’on sçeust », &c. Les autres deux taches sont qu’elle étoit libérale & riche. Le livre intitulé, Li établissement de li roi de France. « Or si aucun menoit sa bête au marché, ou entre gens, & qu’elle mordist ou prist aucun, & cil qui seroit blessé se plaingnist à la justice, & li autres dist, sire, je n’en sçavoye mie qu’elle eût telle tache, &c. »

Quant au mot tâche, les uns le dérivent de taxa, taxatio ; d’autres nous apprennent pour expliquer son étymologie, qu’on appelloit autrefois tâche, une pochette, parce que plus on travaille à la tâche, & plus on rassemble d’argent dans sa poche. On prétend même qu’on appelle encore tâche en Bourgogne, une pochette.

On dit dans quelques provinces, donner des fonds à tâche, c’est-à-dire, sous la redevance d’une certaine partie des fruits, selon que l’on en convient. Le fonds est appellé tachable ou tachible Ce droit ressemble au champart qui ne porte ni lods, ni mi-lods, & ne change point la qualité de l’héritage. (D. J.)

Taches, en Astronomie, ou maculæ, endroits obscurs qu’on remarque sur les surfaces lumineuses du soleil, de la lune, & même de quelques planetes. Voyez Soleil, Lune, Planete, Face, &c.

En ce sens, taches, maculæ est opposé à facules, faculæ ; ces taches du soleil sont des endroits obscurs d’une figure irréguliere & changeante qu’on observe sur la surface du soleil ; entre toutes les taches que nous voyons, il y en a qui ne commencent à paroître que vers le milieu du disque, & d’autres qui disparoissent entierement après s’être détruites peu-à-peu, à mesure qu’elles se sont avancées. Souvent plusieurs taches se ramassent ou s’accumulent en une seule, & souvent une même tache se resout en une infinité d’autres extrémement petites.

Il n’y a pas long-tems qu’on a remarqué des taches dans le soleil : elles varient beaucoup quant au nombre, &c… Quelquefois il y en a beaucoup, & quelquefois point du tout. Galilée est le premier qui les ait découvertes aussitôt après l’invention du télescope : Scheiner les observa dans la suite avec plus de

soin, & a publié un gros livre à ce sujet : dans ce tems là on en voyoit plus de cinquante sur le soleil ; mais depuis 1753 jusqu’en 1670, à peine en a-t-on découvert une ou deux ; depuis elles ont reparu assez souvent en abondance, & il n’y a presque point de volume de l’académie des sciences où il n’en soit fait mention. Il semble qu’elles ne suivent aucune loi dans leurs apparitions.

Quelques-uns s’imaginent que ces taches peuvent devenir en si grand nombre, qu’elles cachent toute la face du soleil, ou du-moins la plus grande partie, & c’est à cela qu’ils attribuent ce que dit Plutarque, la raison pour laquelle la premiere année du regne d’Auguste la lumiere du soleil fut si foible & si obscure, qu’on pouvoit aisément la considérer sans en être ébloui.

Les histoires sont pleines de remarques sur des années entieres où le soleil a paru fort pâle & dépouillé de cette vive lumiere à laquelle les hommes sont accoutumés ; on prétend même que sa chaleur étoit alors sensiblement ralentie ; ce qui pourroit bien venir d’une multitude de taches qui couvroient alors le disque apparent du soleil. Il est certain que l’on voit souvent des taches sur le soleil dont la surface excede non-seulement l’Asie & l’Afrique, mais même occupent un plus grand espace que n’occuperoit sur le soleil toute la surface de la terre. Voyez Eclipse.

A quoi Kepler ajoute qu’en 1547 le soleil paroissoit rougeâtre, de même que quand on l’apperçoit à-travers d’un brouillard épais ; & il conjecture delà que les taches qu’on voit dans le soleil sont une espece de fumée obscure, ou nuages qui flottent sur sa surface.

D’autres prétendent que ce sont des étoiles ou des planetes qui passent devant le corps du soleil. Mais il est beaucoup plus probable que ce sont des corps opaques en maniere de croûtes qui s’y forment, comme l’écume sur la surface des liqueurs.

Plusieurs de ces taches paroissent n’être autre chose qu’un amas de parties hétérogenes, dont les plus obscures & les plus denses composent ce qu’Hevelius appelle le noyau, & elles sont entourées de tous côtés de parties plus rares & moins obscures, comme si elles avoient des atmospheres ; mais la figure, tant du noyau que des taches entieres, est variable. En 1644 Hevelius observa une petite tache qui en deux jours de tems devint deux fois plus grosse qu’il ne l’avoit vûe d’abord, paroissant en même tems plus obscure, & avec un plus gros noyau, & ces changemens soudains étoient fréquens. Il observa que le noyau commença à diminuer insensiblement, jusqu’à ce que la tache disparut, & qu’avant qu’il se fut entierement évanoui, il se partagea en quatre portions qui se réunirent de nouveau en deux jours de tems : il y a eu des taches qui ont duré 2, 3, 10, 15, 20, 30, & même, quoique rarement, 40 jours. Kirchius en a observé une en 1681, depuis le 26 Avril jusqu’au 17 Juin. Les taches se meuvent sur le disque du soleil d’un mouvement qui est un peu plus lent près du limbe que près du centre. Celle que Kirch observa fut douze jours visible sur le disque du soleil, & elle fut quinze jours derriere le disque, selon la regle ordinaire qu’elles reviennent au limbe 27 ou 28 jours après qu’elles en sont parties.

Il faut enfin observer que les taches se contractent près du limbe ; que dans le milieu du disque elles paroissent plus étendues, y en ayant de séparées les unes des autres vers le limbe, qui se réunissent en une seule dans le disque ; que plusieurs commencent à paroître dans le milieu du disque, & que plusieurs disparoissent au même endroit, qu’on n’en a vu aucune qui s’écartât de son orbite près de l’horison, au-lieu qu’Hevelius observant Mercure dans le soleil près de l’horison, le trouve écarté de 27 secondes