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Tailles troisiemes, se dit dans la gravure en cuivre des tailles qui passent sur les contre-tailles ou secondes tailles ; on les appelle aussi triples-tailles, mais particulierement dans la gravure en bois.

Taille, (Joaillerie.) ce terme se dit des diverses figures & facettes que les Lapidaires donnent aux diamans & autres pierres précieuses, en les sciant, les limant & les faisant passer sur la roue. (D. J.)

Taille, (Marchands Détailleurs.) morceau de bois sur lequel ils marquent par des hoches ou petites incisions, la quantité de marchandise qu’ils vendent à crédit à leurs divers chalans : ce qui leur épargne le tems qu’il faudroit employer à porter sur un livre tant de petites parties. Chaque taille est composée de deux morceaux de bois blanc & léger, ou plutôt d’un seul fendu en deux dans toute sa longueur, à la réserve de deux ou trois doigts de l’un des bouts ; la plus longue partie qui reste au marchand, se nomme la souche ; l’autre qu’on donne à l’acheteur, s’appelle l’échantillon. Quand on veut tailler les marchandises livrées, on rejoint les deux parties, ensorte que les incisions se font également sur toutes les deux ; il faut aussi les rejoindre, quand on veut arrêter le compte ; l’on ajoute foi aux tailles représentées en justice, & elles tiennent lieu de parties arrêtées. Dict. de Savary. (D. J.)

Taille, (Monnoyage.) c’est la quantité d’especes que le prince ordonne être faites d’un marc d’or, d’argent ou de cuivre : ce qui fait proprement le poids de chaque piece. On dit que des especes sont de tant à la taille, pour signifier qu’on en fait une certaine au marc. Ainsi l’on dit que les louis d’or sont à la taille de vingt-quatre pieces, & les louis d’argent ou écus à la taille de six pieces, lorsqu’on fait vingt-quatre louis d’or d’un marc d’or, & six écus du marc d’argent. La taille des especes a de tout tems été réglée sur le poids principal de chaque nation, comme de livre chez les Romains qui étoit de douze onces ; en France la taille se fait au poids de marc qui est de huit onces ; c’est aussi au marc que se fait la taille de la monnoie en Angleterre & dans d’autres états : ce qui s’entend selon que le marc est plus fort ou plus foible dans tous ces endroits. Boisard. (D. J.)

Taille, (Maréchal.) les chevaux sont de diverses tailles ; les plus petits ont trois piés, & les plus grands cinq piés quatre ou six pouces. Différens corps de cavalerie sont fixés pour leurs chevaux à des tailles différentes ; ainsi il y a des chevaux taille de dragons, de mousquetaires, de gendarmes, &c. Les chevaux de belle taille pour la selle ne doivent être ni trop grands ni trop petits.

Taille, (terme de Peigniers.) on nomme taille dans la fabrique & commerce des peignes à peigner les cheveux, la différence qui se trouve dans leur longueur, & ce qui sert à en distinguer les numeros. Chaque taille est environ de six lignes, qui ne commencent à se compter que depuis les oreilles, c’est-à-dire entre les grosses dents que les peignes ont aux deux extrémités. Savary. (D. J.)

Taille se dit de la hauteur & de la grosseur du corps humain. Cet homme est d’une haute taille ; il se dit plus particulierement de la partie du corps des femmes comprise depuis le dessous des bras jusqu’aux hanches ; si elle est toute d’une venue, grosse, courte, on dit que cette femme n’a point de taille, & qu’elle est mal faite ; si elle est légere, svelte, qu’elle aille depuis la poitrine jusqu’aux hanches en diminuant selon une belle proportion, & qu’au-dessus des hanches elle soit très-menue, on dit qu’une femme a la taille belle. Les vêtemens de nos femmes sont destinés à leur donner de la taille quand elles en manquent, & à la faire valoir, quand elles en ont ; pour cet effet on tient ce qu’on appelle leurs corps très-évasés par le haut, & très-étroits par le bas,

d’où il arrive qu’on les étrangle, qu’on les coupe en deux comme des fourmis, & qu’on rend mal par art ce que la nature avoit bien fait. Grace aux précautions qu’on prend pour faire la taille, à l’usage des jarretieres & à celui des mules étroites & des petits souliers, il est presque impossible de trouver une femme qui n’ait le pié, la jambe, la cuisse & le milieu du corps gâté.

Taille, au pharaon, à la bassette, au lansquenet & autres jeux pareils, où l’on retourne les cartes deux-à-deux, dont l’une fait perdre & l’autre gagner le banquier ou celui qui taille, les pontes, ou ceux qui jouent contre le banquier. Ces deux cartes retournées s’appellent une taille.

TAILLÉ, (Gram.) participe du verbe tailler. Voyez les articles Taille & Tailler.

Taillé en gouttiere, c’est ainsi que les botanistes expriment la figure des feuilles de quelques plantes qui sont creusées en forme de gouttiere de toît. Voyez Feuille.

Taillé, on appelle, en termes de Blason, écu taillé celui qui est divisé en deux parties par une diagonale tirée de l’angle senestre du chef au dextre de la pointe. Lorsqu’il y a une tranche au milieu de la taille, on dit taillé tranché, & quand il y a une entaille sur la tranche, on dit tranché taillé. Ce mot vient du latin talca, qui signifie un rejetton, une petite branche d’arbre qu’on plante en terre. Clercy au pays de Vauds près des Suisses, taillé d’or & de gueules, à un sanglier issant de sable & mouvant de gueules sur l’or.

TAILLEBOURG, (Géog. mod.) en latin du moyen âge Talleburgus & Talcaburgus, autrefois petite ville, maintenant bourg de France, dans la Saintonge, sur la Charente, élection de Saint-Jean d’Angely, à trois lieues de Saintes. Long. 37. 5. latit. 45. 41. (D. J.)

TAILLE-MAR ou TAILLE-MER, (Marine.) c’est la partie inférieure de l’éperon. Voyez Gorgeres.

TAILLE-MECHE, s. m. en terme de Cirier, c’est une planche d’environ trois pouces de large, & dont la longueur n’est point fixée. Elle est percée d’un bout à l autre de plusieurs trous dans lesquels on plante deux chevilles dans une distance égale à la longueur qu’on veut donner aux meches ; on remplit ces chevilles dans toute leur hauteur, & on coupe ensuite les meches toutes ensemble. Voyez les fig. Planches du Cirier.

TAILLER, v. act. (Gram.) c’est couper, séparer, diviser, donner la forme & la grandeur convenables avec un instrument tranchant convenable. On taille la pierre, les arbres, la vigne, un habit, un homme attaqué de la pierre, une armée en pieces, &c. Voyez les articles suivans.

Tailler, (Charp.) c’est couper, retrancher. La taille du bois se fait en long avec des coins, de travers avec la scie, & en d’autres sens avec la coignée, la serpe & le ciseau. Dict. de Charpent. (D. J.)

Tailler la frisquette, (terme d’Imprimerie.) c’est découper le morceau de parchemin qui couvre la frisquette, pour que la forme ne porte que sur les endroits qui doivent être imprimés dans les feuilles qu’on tire. Savary. (D. J.)

Tailler en acier, en terme de Fourbisseur, c’est l’art d’orner une garde d’acier de toutes sortes de figures qu’il plait à l’ouvrier d’y graver ; cet art tient beaucoup de la sculpture & de la gravure : de l’une, en ce qu’il consiste à découvrir dans une piece d’acier les figures qu’on y a imaginées ; de l’autre, en ce que dans ses opérations il se sert des burins, comme elles. Pour l’exercer avec succès, non-seulement il faut posséder le dessein, & avoir du goût, mais encore une attention & une adresse particuliere pour