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Observations météorologiques. Octobre 1697.
Jours. Heur. Tems. Vent. Barom. Pluie.
27 7 Beau. S. O. 2 29 37 1 52
12 Pluvieux. S. O. par O. 5 29 34
9 Orageux. 0 29 88 0 29

Afin de faire voir un essai de l’usage de ces sortes d’observations, nous ajouterons quelques remarques générales tirées de celles de M. Derham.

1°. Les tems lourds font monter le mercure aussi bien que les vents du nord ; ce qui, suivant M. Derham, vient de l’augmentation de poids que l’air reçoit par les vapeurs dont il est chargé alors. Voyez Brouillard. M. Derham remarque qu’il en est de même dans les tems de bruine. Voyez Bruine.

2°. Le froid & la chaleur commencent & finissent à-peu-près dans le même tems en Angleterre & en Suisse, & même toutes les températures d’air un peu remarquables lorsqu’elles durent quelque tems.

3°. Les jours de froid remarquables pendant le mois de Juin 1708 en Suisse, précédoient communément ceux d’Angleterre d’environ 5 jours ou plus, & les chaleurs remarquables des mois suivans commencerent à diminuer dans les deux pays à-peu-près dans le même tems, seulement un peu plutôt en Angleterre qu’en Suisse.

4°. Le barometre est toujours plus bas à Zurich qu’à Upminster, quelquefois d’un pouce, quelquefois de deux, mais communément d’un demi pouce ; ce qui peut s’expliquer en supposant Zurich plus élevé que Upminster.

5°. La quantité de pluie qui tombe en Suisse & en Italie est plus grande que celle qui tombe dans la province d’Essex, quoique dans cette province il pleuve plus souvent ou qu’il y ait plus de jours pluvieux que dans la Suisse. Voici la proportion des pluies d’une année entiere en différens lieux, tirée d’assez bonnes observations. A Zurich la hauteur moyenne de la pluie tombée pendant un an étoit de pouces anglois ; à Pise  ; à Paris 23 ; à Lisle en Flandre  ; à Townley dans la province de Lancastre  ; à Upminster . Voyez Pluie.

6°. Le froid contribue considérablement à la pluie, vraissemblablement à cause qu’il condense les vapeurs suspendues & les précipite ; ensorte que les saisons les plus froides & les mois les plus froids sont en général suivis des mois les plus pluvieux, & les étés froids sont toujours les plus humides.

7°. Les sommets glacés des hautes montagnes agissent non-seulement sur les lieux voisins, par les froids, les neiges, les pluies, &c. qu’ils y produisent, mais encore sur des pays assez éloignés, témoin les Alpes, dont l’effet agit jusqu’en Angleterre ; car le froid extraordinaire du mois de Décembre 1708, & les relâchemens qu’il eut ayant été apperçus en Italie & en Suisse quelques jours avant qu’en Angleterre, doivent, suivant M. Derham, avoir passé de l’un à l’autre.

Depuis un certain nombre d’années, on fait par toute l’Europe les observations météorologiques avec une grande exactitude. La société royale de Londres adressa il y a environ vingt ans, un écrit circulaire à tous les savans pour les y exhorter. Il y avoit déja long-tems que l’on les faisoit dans l’académie royale des Sciences de Paris. Dès avant 1688, quelques-uns de ses membres avoient observé pendant plusieurs années, la quantité d’eau de pluie & de neige qu’il tombe tous les ans, soit à Paris, soit à Dijon ; ce qui s’en évapore, & ce qui s’en imbibe dans la terre à plus ou moins de profondeur, comme on en peut juger par quelques ouvrages fort antérieurs, touchant

l’origine des fontaines & des rivieres, & sur-tout par le Traité du mouvement des eaux, de M. Mariotte. Mais il est certain qu’en 1688, la compagnie résolut de mettre ces observations en regle.

M. Perrault donna le dessein d’une machine propre à cet usage, & M. Sedileau se chargea des observations. Après M. Sedileau, ce fut M. de la Hire, &c. & enfin, elles ont été continuées jusqu’à aujourd’hui sans interruption. On y joignit bientôt les observations du barometre & du thermometre, le plus grand chaud & le plus grand froid qu’il fait chaque année, chaque saison, chaque jour, & avec les circonstances qui y répondent, les déclinaisons de l’aiguille aimantée, & dans ce siecle les apparitions de l’aurore boréale.

Pronostics du tems. Nous ne voulons point entretenir ici le lecteur de ces vaines & arbitraires observations du peuple. Nous abandonnons cette foule de prédictions qui ont été établies en partie par la ruse, & en partie par la crédulité des gens de la campagne ; elles n’ont aucun rapport naturel & nécessaire que nous connoissions avec les choses en elles-mêmes. Telles sont les prédictions de la pluie & du vent qu’on tire du mouvement qui est parmi les oiseaux aquatiques pour se rassembler vers la terre, & les oiseaux terrestres vers l’eau ; qu’on conclut encore, lorsque les oiseaux élaguent leurs plumes, que les oies crient, que les corneilles vont en troupe, que les hirondelles volent bas & geroillent, que les paons crient, que les cerfs se battent, que les renards & les loups heurlent, que les poissons jouent, que les fourmis & les abeilles se tiennent renfermées, que les taupes jettent de la terre, que les vers de terre se traînent, &c.

Nous n’offrirons rien de cette nature, mais ce qui peut être fondé en quelque maniere sur la nature des choses, ce qui peut jetter quelque lumiere sur la cause & les circonstances de la température de l’air, ou du-moins aider à découvrir quelques-uns de ses effets sensibles.

1°. Lorsque le ciel est sombre, couvert, qu’on est quelque tems de suite sans soleil, ni sans pluie, il devient d’abord beau, & ensuite vilain, c’est-à-dire qu’il commence par devenir clair, & qu’ensuite il tourne à la pluie ; c’est ce que nous apprenons par un journal méteorologique que M. Clarke a tenu pendant trente ans, & que son petit-fils, le savant Samuel Clarke, a laissé à M. Derham. Il assuroit que cette regle lui avoit toujours paru s’observer du moins lorsque le vent étoit tourné à l’orient. Mais M. Derham a observé, que la regle avoit également lieu pour tous les vents ; & la raison, selon lui, en est assez facile à trouver. L’atmosphere est alors rempli de vapeurs, qui sont à la vérité suffisantes pour réfléchir la lumiere du soleil & nous l’intercepter, mais n’ont pas assez de densité pour tomber. Ensorte que tant que ces vapeurs restent dans le même état, le ciel ne change pas, & ces vapeurs y restent quelque tems de suite à cause qu’il fait alors ordinairement une chaleur modérée, & que l’air est fort pesant & propre à les soutenir, ainsi qu’on le peut voir par le barometre qui est communément haut dans ce tems-là. Mais, lorsque le froid approche, il rassemble ces vapeurs par la condensation & en forme des nuages détachés entre lesquels passent les rayons du soleil, jusqu’à ce qu’enfin la condensation de ces vapeurs devient si considérable, qu’elles tombent en pluie.

2°. Un changement dans la chaleur du tems, produit communément un changement dans le vent. Ainsi les vents de nord & de sud, qui sont ordinairement réputés la cause du froid & du chaud, ne sont réellement que les effets du froid & de la chaleur de l’atmosphere. M. Derham assure, qu’il en a tant de confirmations, qu’il ne sauroit en douter. Il est commun, par exemple, de voir qu’un vent chaud du sud se