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même classe, & qu’ils ne different entr’eux que par de très légeres nuances. Il en est de l’usage & de diverses significations de ces tems, comme de l’emploi & des différens sens, par exemple, des adjectifs fameux, illustre, célebre, renommé : tous ces mots marquent la réputation, & l’on pourra peut-être s’en servir indistinctement lorsqu’on n’aura pas besoin de marquer rien de plus précis, mais il faudra choisir, pour peu que l’on veuille mettre de précision dans cette idée primitive. (Voyez les Synonymes françois). M. Harduin lui-même, en assignant les cas où il faut employer le prétérit qu’il appelle absolu, plutôt que le tems qu’il nomme aoriste, fournit une preuve suffisante que chacune de ces formes a une destination exclusivement propre, & que je puis adopter toutes ses observations pratiques comme vraies, sans cesser de regarder ce qu’il appelle notre aoriste comme un présent, & sans être forcé de convenir que notre prétérit exprime plus souvent une chose présente qu’une chose passée. (B. E. R. M.)

Tems, (Critiq. sacrée.) ce mot signifie proprement la durée qui s’écoule depuis un terme jusqu’à un autre ; mais il se prend aussi dans plusieurs autres sens ; 1°. pour une partie de l’année (Gen. j. 14.) 2°. pour l’espace d’un an ; les saints du pays, dit Daniel, vij. 25. tomberont entre les mains de ce puissant roi pour un tems, des tems, & la moitié d’un tems, ad tempus, tempora, & dimidium temporis ; ces expressions hébraïques signifient les trois ans & demi que durerent les persécutions d’Antiochus contre les Juifs : tempus fait un an, tempora deux ans, dimidium temporis une demi-année ; 3°. ce mot signifie l’arrivée de quelqu’un, (Is. xiv. 1.) 4°. le moment favorable & passager de faire quelque chose ; pendant que nous en avons le tems, faisons du bien à tous, Galat. vj. 10.

Racheter le tems, dans Daniel, c’est gagner du tems ; comme les mages consultés par Nabuchodonosor, qui lui demandoient du tems pour expliquer son songe ; mais racheter le tems dans saint Paul, Eph. v. 16. ἐξαγοράζομαι τὸν καιρόν, c’est laisser passer le tems de la colere des méchans, & attendre avec prudence des circonstances plus heureuses.

Le tems de quelqu’un, c’est le moment où il reçoit la punition de son crime, Ezech. xxi. 3.

Les tems des siecles passés (Tite j. 2.] sont ceux qui ont précédé la venue de Jesus-Christ.

Les tems d’ignorance, χρόνος τῆς ἀγνοίας, sont ceux qui ont précédé les lumieres du christianisme, par rapport au culte de la divinité. Saint Paul annonce, Actes xvij. 30. que Dieu, après avoir dissimulé ces tems, veut maintenant que toutes les nations s’amendent, c’est-à-dire qu’on ne rende plus de culte aux idoles. (D. J.)

Tems, (Mytholog.) on personnifia, on divinisa le tems avec ses parties ; Saturne en étoit ordinairement le symbole. On représentoit le tems avec des aîles, pour marquer la rapidité avec laquelle il passe, & avec une faux, pour signifier ses ravages. Le tems étoit divisé en plusieurs parties ; le siecle, la génération ou espace de trente ans, le lustre, l’année, les saisons, les mois, les jours & les heures ; & chacune de ces parties avoit sa figure particuliere en hommes ou en femmes, suivant que leurs noms étoient masculins ou féminins ; on portoit même leurs images dans les cérémonies religieuses. (D. J.)

Tems, se dit aussi de l’état ou disposition de l’atmosphere, par rapport à l’humidité ou à la sécheresse, au froid ou au chaud, au vent ou au calme, à la pluie, à la grêle, &c. Voyez Atmosphere, Pluie, Chaleur, Vent, Grêle, &c.

Comme c’est dans l’atmosphere que toutes les plantes & tous les animaux vivent, & que l’air est suivant toutes les apparences le plus grand principe

des productions animales & végétales (voyez Air.), ainsi que des changemens qui leur arrivent, il n’y a rien en Physique qui nous intéresse plus immédiatement que l’état de l’air. En effet, tout ce qui a vie n’est qu’un assemblage de vaisseaux dont les liqueurs sont conservées en mouvement par la pression de l’atmosphere ; & toutes les altérations qui arrivent ou à la densité ou à la chaleur, ou à la pureté de l’air, doivent nécessairement en produire sur tout ce qui y vit.

Toutes ces altérations immenses, mais régulieres, qu’un petit changement dans le tems produit, peuvent être aisément connues à l’aide d’un tube plein de mercure ou d’esprit-de-vin, ou avec un bout de corde, ainsi que tout le monde le sait par l’usage des thermometres, barometres & hygrometres. Voyez Barometre, Thermometre, Hygrometre, &c. Et c’est en partie notre inattention, & en partie le défaut d’uniformité de notre genre de vie, qui nous empêche de nous appercevoir de toutes les altérations & de tous les changemens qui arrivent aux tubes, cordes & fibres dont notre corps est composé.

Il est certain qu’une grande partie des animaux a beaucoup plus de sensibilité & de délicatesse que les hommes sur les changemens de tems. Ce n’est pas qu’ils aient d’autres moyens ou d’autres organes que nous ; mais c’est que leurs vaisseaux, leurs fibres étant en comparaison de ceux des hommes, dans un état permanent, les changemens extérieurs produisent en eux des changemens intérieurs proportionnels. Leurs vaisseaux ne sont proprement que des barometres, &c. affectés seulement par les causes extérieures ; au lieu que les nôtres recevant des impressions du dedans aussi-bien que du dehors, il arrive que plusieurs de ces impressions nuisent ou empêchent l’effet des autres.

Il n’y a rien dont nous soyons plus éloignés que d’une bonne théorie de l’état de l’air. Mais on ne sauroit y parvenir sans une suite complette d’observations. Lorsque nous aurons eu des registres tenus exactement dans différens lieux de la terre, & pendant une longue suite d’années, nous serons peut-être en état de déterminer les directions, la force & les limites du vent, la constitution de l’air apporté par le vent, la relation qui est entre l’état du ciel de différens climats, & les différens états du ciel dans le même lieu ; & peut-être nous saurons prédire alors les chaleurs excessives, les pluies, la gelée, les sécheresses, les famines, les pestes, & autres maladies épidémiques. Ces sortes d’observations s’appellent du nom général d’observations météorologiques. Voyez Météorologiques.

Erasme Bartolin a fait des observations météorologiques jour par jour pour l’année 1571. M. W. Merle en a fait de pareilles à Oxford pendant les sept années 1337, 1338, 1339, 1340, 1341, 1342, 1343. Le docteur Plot au même lieu pour l’année 1684. M. Hillier au cap Corse pour les années 1686, 1687. M. Hunt, &c. au college de Gresham pour les années 1695, 1696. M. Derham à Upminster, dans la province d’Essex pour les années 1691, 1692, 1697, 1698, 1699, 1703, 1705, 1707. M. Townley, dans la province de Lancastre, pour les années 1698, 1699, 1700, 1701. M. Hocke, à Oats, dans la province d’Essex, en 1692. Le docteur Scheuchzer à Zuric en 1708 ; & le docteur Tilly à Pise la même année. Voyez Transactions philosophiques.

Nous joindrons ici la forme des observations de M. Derham, pour servir d’échantillon d’un journal de cette nature, en faisant remarque qu’il dénote la force des vents par les chiffres 0, 1, 2, 3, &c. & les quantités d’eau de pluie reçues dans un tonneau en livres & en centiemes.