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autres gouvernemens ; savoir, le royaume de Grenade & le Popayan.

Le nom de Castille d’or étoit autrefois commun à une grande partie de ce pays-là, qui est aujourd’hui partagé entre trois audiences ; celle de Saint-Domingue, celle de Santa-Fé & celle de Panama.

La Terre-ferme proprement dite, est une province particuliere du grand pays qui est le long de la côte septentrionale de l’Amérique méridionale ; c’en est proprement la partie, qui est entre la nouvelle Espagne, la mer du Nord, la mer du Sud & le golfe de Darien. Panama & Puerto-Belo en sont les principales villes. (D. J.)

Terre-franche, la, (Géog. mod.) canton des Pays-Bas dans la Flandre françoise. Il comprend les chatellenies de Bourrugob, de Bergue S. Vinox & de Gravelines ; Dunkerque en faisoit autrefois une partie. Ses principales villes sont Gravelines, Bourbourg & Bergue S. Vinox. (D. J.)

Terre de Feu, îles de la, (Géog. mod.) les Espagnols disent improprement Terra del Fuego, comme si c’étoit un continent ; les îles de la Terre de Feu sont situées entre le détroit de Magellan & celui de le Maire. Ce sont plusieurs îles qui s’étendent environ 60 lieues est & ouest, le long du détroit de Magellan, & qui en forment la côte méridionale.

Le nom de Terre de Feu fut donné à cette côte, à cause de la grande quantité de feux & de la grosse fumée que les navigateurs, qui la découvrirent les premiers, y apperçurent. On croyoit alors qu’elle joignoit à quelque partie des terres australes ; mais quand on eut découvert le détroit de S. Vincent ou de le Maire, on s’apperçut qu’elle étoit isolée. Les nouvelles découvertes ont fait connoître que cette terre est divisée en plusieurs îles ; que pour passer dans la mer du Sud, il n’est pas même nécessaire de doubler le cap de Horn ; qu’on le peut laisser au sud en entrant par l’est dans la baie de Nassau, & gagner la haute mer par l’ouest de ce cap ; enfin, que comme on voit par-tout des anses, des baies & des golfes, dont la plûpart s’enfoncent dans les terres autant que la vue peut s’êtendre, il est à présumer qu’il y a des passages dans la grande baie ou golfe de Nassau, par où les vaisseaux pourroient traverser dans le détroit de Magellan.

Les îles de la Terre de Feu, sont habitées par des sauvages qu’on connoît encore moins que les habitans de la Terre Magellanique. Dom Garcias de Model ayant obtenu du roi d’Espagne deux frégates pour observer ce nouveau détroit, y mouilla dans une baie, où il trouva plusieurs de ces insulaires, qui lui parurent d’un bon naturel. Ils sont blancs comme les européens ; mais ils se défigurent le corps, en changeant la couleur naturelle de leur visage par des peintures bizarres. Ils sont à-demi couverts de peaux d’animaux, portant au cou un collier d’écailles de moules blanches & luisantes, & au-tour du corps une ceinture de cuir. Leur nourriture ordinaire est une certaine herbe qui croît dans le pays, & dont la fleur est à-peu-près semblable à celle de nos tulipes.

Ces peuples sont armés d’arcs & de fleches, où ils enchâssent des pierres, & portent avec eux une espece de couteau de pierre. Leurs cabanes sont faites de branches d’arbres entrelacées les unes dans les autres ; & ils ménagent dans le toit, qui se termine en pointe, une ouverture pour donner un libre passage à la fumée. Leurs canots faits d’écorces de gros arbres, sont assez artistement travaillés. Ils ne peuvent contenir que sept à huit hommes, n’ayant que douze ou quinze piés de long sur deux de large. Leur figure est à-peu-près semblable à celle des gondoles de Venise.

La côte de la Terre de Feu est très-élevée ; le pié des montagnes est rempli de gros arbres fort hauts,

mais le sommet est presque toujours couvert de neige.

On trouve en plusieurs endroits un mouillage assez bon pour faire commodément du bois & de l’eau ; mais il regne dans ces îles des fréquentes tempêtes produites par les vents d’ouest ; c’est pourquoi ceux qui veulent faire route à l’ouest, évitent la côte de ces îles autant qu’ils peuvent, & courent au sud où ils trouvent les vents du sud qui les conduisent en toute sûreté au lieu de leur destination. (D. J.)

Terre de Guinée, (Géog. mod.) pays de l’Afrique occidentale, à la droite de la riviere Niger, ou Sénégal, après qu’on a passé la Barre. Ce pays est beaucoup plus agréable que la pointe de Barbarie. Il est uni, couvert çà-&-là de verdure, avec des bouquets de grands arbres de différentes especes, entremêlées de cocotiers & de palmiers. (D. J.)

Terre-Neuve, île de, (Géog. mod.) grande île de l’Océan sur la côte orientale de l’Amérique septentrionale, à l’entrée du golfe de S. Laurent, entre le 36 & le 53 degré de latitude. Cette île fut reconnue en 1497 par Jean & Sébastien Cabot pere & fils, envoyés pour des découvertes par Henri VII. roi d’Angleterre ; c’est pourquoi les Anglois la nommerent Newfound-land. On lui donne près de 300 lieues de tour. La dispute des Anglois & des François sur la premiere découverte de cette île n’a plus lieu depuis que par le traité d’Utrecht, la France a cédé la possession entiere de Terre-Neuve à la grande-Bretagne.

C’est à soixante lieues de Terre Neuve qu’est le grand banc pour la pêche de la morue, étendue de pays que l’on estime avoir 200 lieues de longueur ; les morues y sont si abondantes, qu’un bon pêcheur en prend plus d’une centaine dans un jour. Cette pêche y est très ancienne, car un anglois rapporte y avoir trouvé l’an 1521, cinquante bâtimens de différentes nations. On en voit aujourd’hui chaque année cinq ou six cens, anglois, françois ou hollandois ; c’est aussi tout l’avantage qu’on retire de Terre-Neuve, qui est un pays rempli de montagnes & de bois. Les brouillards y sont fréquens & de longue durée. Le grand froid en hiver est en partie causé par les glaces, qui venant à flotter sur les côtes, refroidissent l’air sensiblement. Les sauvages de Terre-Neuve sont de petite taille, n’ont que peu ou point de barbe, le visage large & plat, les yeux gros, & le nez court. (D. J.)

Terre de Patna, (Hist. nat.) terre qui se fait à Patna, ville des Indes sur le bord du Gange, & capitale d’une province à laquelle elle donne son nom. Cette terre est argilleuse, approchante de la terre sigillée, de couleur grise tirant sur le jaune, insipide au goût, & d’une odeur agréable ; on en fait dans ce pays-là des pots, des vases, des bouteilles, des carafes minces & si légeres que le vent les emporte facilement. On nomme ces carafes gargoulettes. Voyez Gargoulette.

La terre de Patna passe pour absorbante & propre pour arrêter les cours de ventre ; mais l’artifice de cette poterie est plus joli que les vertus qu’on lui attribue ne sont réelles. On s’en sert dans le serrail du mogol, & dans les serrails des princes indiens. (D. J.)

Terre persique, (Hist. nat.) persica terra dans les auteurs d’histoire naturelle, est une terre du genre des ochres, nommée dans les boutiques de Londres rouge-indien, indian red ; c’est un ochre d’un très-beau pourpre, d’une texture compacte & très-pesante. On la trouve dans la terre d’un rouge sanguin, & il faut se servir de crocs de fer pour l’en tirer en masses irrégulieres ; sa surface est sale, inégale, pleine de particules larges, blanches & brillantes ; cette terre est rude au toucher, tache les mains profondement, est d’un goût très-astringent, & fait une violente effervescence avec des menstrues acides. On