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les Romains à donner son suffrage pour la condamnation à la mort ; d’où vient que Martial l’appelle mortiferum theta, & que Perse dit : vitio, nigrumque præfigere theta. (D. J.)

THETES, (Antiq. grecq.) θήτες, nom de la plus basse classe du peuple à Athenes. Aristides fit revivre la loi de Solon qui excluoit cette classe de citoyens, d’avoir aucune charge dans le gouvernement de la république. (D. J.)

THETFORD, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, dans la province de Norfolck, sur la riviere d’Ouse, à 18 milles de Norvich, à 22 à l’orient de Dély, à 31 de Cambridge, & à 60 de Londres. Elle est bâtie sur les ruines de l’ancienne Sitomagum : elle a droit de députer au parlement & de tenir marché. (D. J.)

THETIDIUM, (Géog. anc.) bourgade en Thessalie, près de la vieille & de la nouvelle Pharsale. Strabon, liv. IX. pag. 431. & Polybe, liv. XXVII. n°. 16. parlent de cette bourgade. (D. J.)

THETIS, (Mytholog.) fille de Nérée & de Doris, étoit la plus belle des néréïdes. Jupiter, Neptune & Apollon la vouloient avoir en mariage ; mais ayant appris que, selon un ancien oracle de Thémis, il naîtroit de Thétis un fils qui seroit plus grand que son pere, les dieux se désisterent de leurs poursuites, & céderent la nymphe à Pélée. Les noces se firent sur le mont Pélion avec beaucoup de magnificence, & toutes les divinités de l’Olympe y furent invitées, excepté la déesse Discorde. Pour ôter à ce récit l’air de fable, on dit qu’aux noces de Thétis & de Pélée, les princes & princesses qui y assisterent prirent ce jour-là le nom des dieux & déesses, parce que Thétis portoit celui de Néréïde. Quoi qu’il en soit, ce n’est point le nom de Néréïde que portoit Thétis ; ce n’est point encore sa beauté & la somptuosité de ses noces qui ont immortalisé sa gloire, c’est d’avoir eu pour fils Achille, dont Homere a chanté la colere & les exploits. (D. J.)

THÉTYS, (Mytholog.) femme de l’Océan, & la fille du Ciel & de la Terre. Voyez Téthis.

THEUDORIA, (Géog. anc.) ville de l’Athamanie. Tite-Live, liv. XXXVIII. chap. j. dit que les Macédoniens en furent chassés par les Romains. (D. J.)

THEUDURUM, (Géog. anc.) ville de la basse Germanie. L’itinéraire d’Antonin la marque à 9 milles de Mederiacum, & à 7 de Coriovallum ; on croit que c’est aujourd’hui un bourg appellé Tuddere : il est situé dans le duché de Juliers, sur le Rebecq. (D. J.)

THEUMEUSIA-ARRA & JUGA, (Géog. anc.) champs & montagnes de la Boëotie. Theumeusia Juga sont vraissemblablement la montagne Theumessus de Pausanias. (D. J.)

THEU-PROSOPON, (Géog. anc.) en latin Facies Dei, promontoire de Phénicie. Ptolomée, liv. V. ch. xxv. le place entre Tripolis & Botrys : c’est l’Euprosopon de Pomponius Mela. (D. J.)

THÉURGIE ou THEOURGIE, s. f. (Divinat.) espece de magie chez les anciens, dans laquelle on avoit recours aux dieux ou aux génies bienfaisans, pour produire dans la nature des effets surnaturels & absolument supérieurs aux forces de l’homme, du mot θεος, Dieu, & ἐργον, ouvrage.

La théurgie, si on en veut croire ceux qui en faisoient profession, étoit un art divin, qui n’avoit pour but que de perfectionner l’esprit & de rendre l’ame plus pure ; & ceux qui étoient assez heureux pour parvenir à l’autopsie, état où l’on croyoit avoir un commerce intime avec les divinités, se croyoient revêtus de toute leur puissance.

L’appareil même de la magie théurgique avoit quelque chose de sage & de spécieux. Il falloit que le prêtre theurgique fût irréprochable dans ses mœurs, que tous ceux qui avoient part aux opérations fus-

sent purs, qu’ils n’eussent eu aucun commerce avec

les femmes, qu’ils n’eussent point mangé de choses qui eussent eu vie, & qu’ils ne se fussent point souillés par l’attouchement d’un corps mort. Ceux qui vouloient y être initiés devoient passer par différentes épreuves toutes difficiles, jeuner, prier, vivre dans une exacte continence, se purifier par diverses expiations : alors venoient les grands mysteres où il n’étoit plus question que de méditer & de contempler toute la nature, car elle n’avoit plus rien d’obscur ni de caché, disoit-on, pour ceux qui avoient subi ces rigoureuses épreuves ; on croyoit que c’étoit par le pouvoir de la théurgie qu’Hercule, Jason, Thésée, Castor & Pollux, & tous les autres héros opéroient ces prodiges de valeur qu’on admiroit en eux.

Aristophane & Pausanias attribuent l’invention de cet art à Orphée, qu’on met au nombre des magiciens theurgiques ; il enseigna comment il falloit servir les dieux, appaiser leur colere, expier les crimes & guérir les maladies : on a encore les hymnes composés sous son nom vers le tems de Pisistrate : ce sont de véritables conjurations théurgiques.

Il y avoit une grande conformité entre la magie théurgique & la théologie mystérieuse du paganisme, c’est-à-dire celle qui concernoit les mysteres secrets de Cérès de Samothrace, &c. Il n’est donc pas étonnant, dit M. Bonami, de qui nous empruntons cet article, qu’Apollonius de Thyane, Apulée, Porphyre, Jamblique, l’empereur Julien, & d’autres philosophes platoniciens & pythagoriciens accusés de magie se soient fait initier dans ses mysteres ; ils reconnoissoient à Eleusis les sentimens dont ils faisoient profession. La théurgie étoit donc fort différente de la magie goëtique ou goëtie, où l’on invoquoit les dieux infernaux & les génies malfaisans ; mais il n’étoit que trop ordinaire de s’adonner en même tems à ces deux superstitions, comme faisoit Julien.

Les formules théurgiques, au rapport de Jamblique, avoient d’abord été composées en langue égyptienne ou en langue chaldéenne. Les Grecs & les Romains qui s’en servirent, conserverent beaucoup de mots des langues originales, qui mêlés avec des mots grecs & latins, formoient un langage barbare & inintelligible aux hommes ; mais qui, selon le même philosophe, étoit clair pour les dieux. Au-reste, il falloit prononcer tous ces termes sans en omettre, sans hésiter ou begayer, le plus léger défaut d’articulation étant capable de faire manquer toute l’opération théurgique. Mém. de l’académie, tome VII.

Les démonographes & les théologiens prouvent que la théurgie étoit superstitieuse & illicite, parce que les démons intervenoient dans ses mysteres, quoi qu’en disent ses défenseurs.

THEUTAT ou THEUTATES, s. m. (Mytholog. & Hist. anc.) noms sous lequel les Celtes adoroient la divinité, connue aux Grecs & aux Romains sous le nom de Mercure.

Le mot theutat dans la langue des Celtes signifioit pere du peuple ; ils le regardoient comme le fondateur de leur nation, & prétendoient en être descendus. Il étoit le dieu des arts & des sciences, des voyageurs & des grands chemins, des femmes enceintes, des voleurs, & il avoit des temples dans toute la Gaule. C’est ce même dieu qui étoit connu des Gaulois sous le nom d’Ognius, ou du dieu de l’éloquence, que Lucain a confondu avec Hercule. Voyez Ognius & Mercure.

THEUTH, s. m. (Mythol. égyptienne.) nom d’un dieu des anciens Egyptiens.

Parmi les anciens auteurs, les uns comme Platon, écrivent Theuth, d’autres, comme Cicéron Thoyt, d’autres Thoyth, d’autres Thot, d’autres Thouth ;