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grossier, vitriolique fixe, du sel nitreux, ou natron, & un peu d’alun. Elle est trop salée & nauséabonde pour en boire ; mais elle doit être utile en forme de bain dans toutes les maladies cutanées, & en particulier dans les cas de lepre ; car elle est propre à déterger puissamment, nettoyer les pores excrétoires ; & elle peut par son poids & son action stimulante, rétablir les solides en général dans leur état & leur ton naturel. Philos. Transact. n°. 462. (D. J.)

Tibériades, (Mythol.) ou les nymphes qui habitoient les bords du Tibre ; les poëtes latins invoquoient quelquefois ces nymphes, qui n’existerent que dans leurs écrits ; mais les grecs en avoient forgé bien d’autres. (D. J.)

Tibériade, (Géog. anc.) ville de la Galilée, à l’extrémité méridionale du lac de Génésareth, qu’on appelloit aussi mer de Tibériade de son nom. Josephe nous apprend que cette ville fut bâtie en l’honneur de Tibere, par Hérode Agrippa, Tétrarque de Galilée. Il en jetta les fondemens l’an 17 de l’ére chrétienne, & en fit la dédicace dix ans aprés ; elle avoit dans ses environs des bains d’eau chaude qui y attiroient des malades. Ce sont les eaux d’Emaüs, dont parle Nicéphore & Sozomene ; car on n’en trouve point à l’Emaüs où notre Seigneur fut invité par deux de ses disciples le lendemain de sa résurrection.

Vespasien ayant pris Tibériade, se contenta d’abattre une partie de ses murailles par considération pour Agrippa à qui elle appartenoit. Après la ruine de Jérusalem, quelques savans juifs s’y retirerent, & y jetterent les fondemens d’une espece d’école, qui devint célebre dans la suite ; c’est de cette école que sortirent la Misma, & l’ouvrage des Massoretes. Les Chrétiens sous Godefroi de Bouillon, s’emparerent de Tibériade, mais ils ne la garderent pas long-tems. Il n’y a plus aujourd’hui dans cet endroit qu’une espece de fort appartenant aux Turcs, & plusieurs palmiers ; tout ne présente que ruine & destruction. Cette ville a été la patrie de Juste de Tibériade en Palestine, contemporain de l’historien Josephe dont il n’étoit pas ami ; il avoit fait une chronique des rois des Juifs ; mais cet ouvrage est perdu. (D. J.)

TIBERINA-CASTRA, (Géog. anc.) lieu de la Vindélicie : Lazius dit que c’est aujourd’hui le village de Peringen, au voisinage de Dingelfing, dans la basse Baviere. (D. J.)

Tiberina-insula, (Géogr. anc.) île du Tibre, dans la ville de Rome, selon Vitruve ; Suétone la nomme l’île d’Esculape ; &, selon Plutarque, on l’appelloit à Rome l’île sacrée, & l’île des deux ponts. Voici de quelle maniere il rapporte l’origine du premier de ces noms.

Parmi les biens des Tarquins, il se trouvoit une piece de terre dans le plus bel endroit du champ de Mars ; on la consacra à ce dieu, dont on lui donna le nom ; les blés ne venoient que d’être coupés, & les gerbes y étoient encore. On ne crut pas qu’il sût permis d’en profiter, à cause de la consécration qu’on venoit d’en faire ; mais on prit les gerbes, & on les jetta dans le Tibre avec tous les arbres que l’on coupa, laissant au dieu le terrein tout nud, & sans fruit. Les eaux étoient alors fort basses, en sorte que ces matieres n’étant pas portées loin par le fil de l’eau, elles s’arrêterent à un endroit découvert ; les premieres arrêtoient les autres, qui ne trouvant point de passage, se lierent si bien avec elles, qu’elles ne firent qu’un même corps, qui prit racine. L’eau coulante servit encore à l’affermir, parce qu’elle y charrioit quantité de limon, qui en grossissant la masse, contribuoit à la lier & à la resserrer.

La solidité de ce premier amas, le rendit encore plus grand ; car le Tibre ne pouvoit presque plus rien amener qui ne s’y arrêtât ; de maniere qu’enfin, il se forma une île que les Romains appellerent l’île sacrée

crée, à cause de divers temples qu’on y avoit élevés en l’honneur des dieux : on l’appelle en latin, ajoute Plutarque, l’île des deux Ponts.

Il y a pourtant des écrivains qui prétendent que cela n’arriva que plusieurs siecles après Tarquin ; lorsque la vestale Tarquinie eut fait au dieu Mars la consécration d’un champ qu’elle possédoit, & qui se trouvoit voisin de celui de l’ancien roi de Rome, dont elle portoit le nom. (D. J.)

TIBERINUS, s. m. (Mytholog.) fils de Capetus, devint roi d’Albe, se noya dans le Tibre, & fut mis par Romulus au nombre des dieux ; on le regardoit comme le génie qui présidoit au fleuve dans lequel il se noya. (D. J.)

TIBERIOPOLIS, (Géog. anc.) c’est, 1°. une ville de la grande Phrygie, selon Ptolomée, liv. V. c. ij. Sophien l’appelle Stromizz ; 2°. c’est une ville de la Bulgarie, sur le bord du Pont-Euxin. Leunclavius dit, que le nom moderne est Varna. (D. J.)

TIBET ou THIBET, (Géog. mod.) vaste pays d’Asie, qui nous est très-peu connu ; on le divise en deux parties, dont l’une s’appelle le petit, & l’autre le grand Tibet.

Le petit Tibet est à peu de journées de Caschemire : il s’étend du septentrion vers le couchant, & s’appelle Baltistan. Ses habitans & les princes qui le gouvernent sont mahométans, & tributaires du Mogol.

Le grand Tibet qu’on nomme aussi Boutan, s’étend du septentrion vers le levant, & commence au haut d’une affreuse montagne, nommée Kaniel, toute couverte de neige ; cependant la route est assez fréquentée par les Caravanes qui y vont tous les ans chercher des laines. Son chef-lieu nommé Ladak, où réside le roi, n’est qu’une forteresse, située entre deux montagnes. Dans ces provinces montueuses, tout le trafic se fait par l’échange des denrées. Les premieres peuplades qu’on rencontre, sont mahométannes ; les autres sont habitées par des payens, mais moins superstitieux qu’on ne l’est dans plusieurs contrées idolâtres.

Les religieux des Tibétins se nomment lamas. Ils sont vêtus d’un habit particulier, différent de ceux que portent les personnes du siecle ; ils ne tressent point leurs cheveux, & ne portent point de pendans d’oreilles comme les autres ; mais ils ont une bousane, & ils sont obligés à garder un célibat perpétuel. Leur emploi est d’étudier les livres de la loi, qui sont écrits en une langue & en des caracteres différens de la langue ordinaire. Ils récitent certaines prieres en maniere de chœur ; ce sont eux qui font les cérémonies, qui présentent les offrandes dans le temple, & qui y entretiennent des lampes allumées. Ils offrent à Dieu, du blé, de l’orge, de la pâte & de l’eau dans de petits vases fort propres.

Les lamas sont dans une grande vénération ; ils vivent d’ordinaire en communauté, ils ont des supérieurs locaux, & outre cela un pontife général, que le roi même traite avec beaucoup de respect. Ce grand pontife qu’on nomme dalaï-lama, habite Lasa, qui est le plus beau des pagodes qu’aient les Tibétins ; c’est dans ce pagode bâti sur la montagne de Poutala, que le grand lama reçoit les adorations non seulement des gens du pays, mais d’une partie de l’indoustan.

Le climat du grand & du petit Tibet est fort rude, & la cime des montagnes toujours couverte de neige. La terre ne produit que du blé & de l’orge. Les habitans n’usent que des étoffes de laine pour leurs vêtemens ; leurs maisons sont petites, étroites, & faites sans art.

Il y a encore un troisieme pays du nom de Tibet, dont la capitale se nomme Rassa ; ce troisieme Tibet n’est pas fort éloigné de la Chine, & se trouve plus