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On insiste, & l’on dit que le changement de religion entraîne souvent des révolutions dans le gouvernement & dans l’état : à cela je répons encore que l’intolérance est seule chargée de ce qu’il y a d’odieux dans cette imputation ; car si les novateurs étoient tolérés, ou n’étoient combattus qu’avec les armes de l’Evangile, l’état ne souffriroit point de cette fermentation des esprits ; mais les défenseurs de la religion dominante s’élevent avec fureur contre les sectaires, arment contre eux les puissances, arrachent des édits sanglans, soufflent dans tous les cœurs la discorde & le fanatisme, & rejettent sans pudeur sur leurs victimes les desordres qu’eux seuls ont produits.

A l’égard de ceux, qui sous le prétexte de la religion, ne cherchent qu’à troubler la société, qu’à fomenter des séditions, à secouer le joug des lois ; réprimez-les avec sévérité, nous ne sommes point leurs apologistes ; mais ne confondez point avec ces coupables ceux qui ne vous demandent que la liberté de penser, de professer la croyance qu’ils jugent la meilleure, & qui vivent d’ailleurs en fideles sujets de l’état.

Mais, direz-vous encore, le prince est le défenseur de la foi ; il doit la maintenir dans toute sa pureté, & s’opposer avec vigueur à tous ceux qui lui portent atteinte ; si les raisonnemens, les exhortations, ne suffisent pas ; ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, c’est pour punir celui qui fait mal, pour forcer les rébelles à rentrer dans le sein de l’Eglise. Que veux-tu donc, barbare ? égorger ton frere pour le sauver ? mais Dieu t’a-t-il chargé de cet horrible emploi, a-t-il remis entre tes mains le soin de sa vengeance ? D’où sais-tu qu’il veuille être honoré comme les démons ? va, malheureux, ce Dieu de paix desavoue tes affreux sacrifices ; ils ne sont dignes que de toi.

Nous n’entreprendrons point de fixer ici les bornes précises de la tolérance, de distinguer le support charitable que la raison & l’humanité reclament en faveur des errans, d’avec cette coupable indifférence, qui nous fait voir sous le même aspect toutes les opinions des hommes. Nous prêchons la tolérance pratique, & non point la spéculative ; & l’on sent assez la différence qu’il y a entre tolérer une religion & l’approuver. Nous renvoyons les lecteurs curieux d’approfondir ce sujet au commentaire philosophique de Bayle, dans lequel selon nous, ce beau génie s’est surpassé. Cet article est de M. Romilly le fils.

TOLERER, SOUFFRIR, PERMETTRE, (Synonymes) on tolere les choses lorsqu’en les connoissant, & ayant le pouvoir en main, on ne les empêche pas : on les souffre lorsqu’on ne s’y oppose pas, les pouvant empêcher : on les permet lorsqu’on les autorise par un consentement formel. Tolérer ne se dit que pour des choses mauvaises, ou qu’on croit telles ; permettre se dit pour le bien & le mal.

Les magistrats sont quelquefois obligés de tolérer de certains maux, pour en prévenir de plus grands. Il est quelquefois de la prudence dans la discipline de l’église, de souffrir des abus, plutôt que d’en rompre l’unité. Les lois humaines ne peuvent jamais permettre ce que la loi divine défend, mais elles défendent quelquefois ce que celle-ci perinet. Synonymes de l’abbé Girard. (D. J.)

TOLERIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, dans l’ancien Latium. Etienne le géographe nomme ses habitans Tolerienses, & Denys d’Halycarnasse les appelle Tolerini. (D. J.)

TOLESBURG, TOLSBERG, ou TOLSBURG, (Géog. mod.) petite ville de l’empire russien dans l’Esthonie, sur le golfe de Finlande, à l’embouchure de la riviere Semsteback. (D. J.)

TOLET, (Marine.) voyez Escome.

TOLETS, s. m. (Marine.) ce sont deux chevilles de bois, qu’on pose sur de très-petits bateaux, avec lesquels on met la rame, & qui la retiennent sans étrope.

TOLETUM, (Géogr. anc.) ville de l’Espagne tarragonoise, & la capitale des Carpétains, selon Pline, l. III. c. iij. qui nomme ses habitans Toletani. La ville conserve son ancien nom, car on ne peut douter que ce ne soit Tolède. (D. J.)

TOL-HUYS, (Géog. mod.) c’est-à-dire la maison du péage ; lieu des pays-bas, au duché de Gueldre, dans le Betaw, sur la rive gauche du Rhin, près du fort de Skenck, du côté du nord. C’est là qu’en 1672. la cavalerie françoise passa le Rhin, entra dans l’île de Bétaw, & pénétra dans les Provinces-Unies. (D. J.)

TOLI, (Géog. mod.) ville de Grece dans le Comenolitari, sur la riviere Vardar, au nord du lac Petriski. (D. J.)

TOLIAPIS, (Géog. anc.) Ptolomée, l. II. c. iij. marque deux îles de la côte de la Grande-Bretagne, sur la côte des Trinoantes, à l’embouchure de la Thamise, & il nomme ces îles Toliapis, & Counos. On croit que la premiere est Schepey, & la seconde Canvey. (D. J.)

TOLISTOBOGI ou TOLISTOBOII, (Géogranc.) peuples de l’Asie mineure, dans la Galatie. Tite-Live, l. XXXVIII. c. xix. écrit Tolistoboii, comme s’il vouloit faire entendre que ce nom fût formé de celui des Boïens, peuples connus dans les Gaules & dans la Germanie. Les Tolistoboges, selon Strabon, étoient limitrophes de la Bitnynie & de la Phrygie. Pline nous apprend que leur capitale étoit Pessinunte. (D. J.)

TOLKEMIT ou TOLMITH, (Géog. mod.) petite ville du royaume de Prusse, dans le palatinat de Marienbourg. Elle fut bâtie l’an 1356, réduite en cendres l’an 1456, & n’a pu se rétablir depuis. (D. J.)

TOLLA, s. f. (Hist. nat.) petite graine de l’île de Ceylan, qui fournit une huile dont les habitans se servent pour se frotter le corps.

TOLLA-GUION, s. m. (Hist. nat.) animal amphibie de l’île de Ceylan, qui ressemble à l’alligator ; il vit ordinairement dans le creux des arbres ; sa couleur est noirâtre. Les habitans du pays mangent sa chair & la trouvent délicieuse ; elle est, dit-on, si légere, que jamais on ne la rejette, même lorsqu’on a surchargé l’estomac d’autres alimens indigestes.

TOLLENTINATES, (Géog. anc.) peuples d’Italie, dans le Picenum. Pline, l. III. c. xiij. les met au nombre des peuples qui habitoient dans les terres. Leur ville dont le nom est aujourd’hui Tolentino, étoit municipale, selon une ancienne inscription rapportée dans le thrésor de Gruter, p. 194, où on lit : Proef. Fabr. municlp. Tollentin. Le territoire de cette ville est appellé ager Tollentinus par Balbus. (D. J.)

TOLNA, (Géog. mod.) comté de la basse Hongrie, ainsi nommé de sa capitale. Ce comté est borné au nord par celui d’Albe, à l’orient par le Danube, au midi par le comté de Baran, & à l’occident, partie par le comté de Simig, partie par celui de Salavar. (D. J.)

Tolna, (Géog. mod.) capitale du petit comté de même nom, sur la droite du Danube, à vingt lieues au midi de Bude ; c’étoit autrefois une place assez considérable. Long. 36. 52. latit. 46. 28. (D. J.)

TOLOSA, (Géog. mod.) ville d’Espagne, capitale de Guipuscoa, dans une vallée agréable, sur les rivieres de l’Araxe & d’Oria, à 16 lieues au sud-ouest de Bayonne. Cette ville a été fondée par Alphonse le sage, roi de Castille. Son fils Sanche acheva de la peupler en 1290, & lui accorda de grands privileges. On y garde encore les archives de la province de