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l’enfance, qui tournant avec rapidité autour de son centre, & traçant dans un vaste lieu plusieurs cercles par son mouvement, est admiré de la jeune troupe ignorante, qui l’entoure & qui le réveille sans cesse à coups de fouet ». (D. J.)

Toupie, (Marine.) c’est un instrument inventé en Angleterre, pour observer sur mer l’horison, malgré le tengage & le roulis du vaisseau : c’est une toupie de métal couverte d’une glace très-haute ayant trois pouces de diametre. Elle a un creux en-dessous en forme de cône, qui reçoit l’extrémité d’une pointe d’acier, sur laquelle on la fait tourner : on la rend pesante par un cercle de métal. Pour la faire tourner on enveloppe un ruban autour d’une tige placée au-dessus de sa surface au milieu de la glace, & on tire ce ruban avec force, en retenant la toupie ou en l’empêchant de s’incliner. C’est dans une espece d’écuelle, au fond de laquelle s’éleve une pointe qui soutient la toupie, qu’on la fait tourner. On met au-dessus de cette écuelle un regle qu’on place comme un diametre : cette regle retient la toupie pendant qu’on tire le ruban qui passe à-travers par un trou, & on l’ôte aussi-tôt que le mouvement est donné ; plus on tire le ruban avec force, plus la toupie tourne vite : le ruban se dégage & on ôte la regle.

Cette toupie conserve ainsi son niveau : or, si pendant que le mouvement de la toupie est régulier on regarde un astre, on verra que son image ne changera point de place, quoiqu’on donne des secousses assez fortes à la toupie. Ainsi en observant avec l’octant (voyez Octant), on se penchera vers la toupie, & on fera concourir les deux images de l’astre sur la glace : la premiere image sera celle que donnera la toupie, & la seconde celle que donnera la glace de l’alidade.

Au-reste, lorsque ces deux images concourent, ou que la moitié de l’une convient parfaitement avec la moitié de l’autre, l’octant donne le double de la hauteur de l’astre, car il marque combien l’astre est réellement élevé au-dessus de son image, qu’on voit dans le miroir de la toupie. Il n’y aura donc qu’à prendre la moitié du nombre qu’on trouvera sur l’octant, pour avoir la hauteur véritable de l’astre.

TOUPILLON, (Jardinage.) est un amas de petites feuilles minces, qui viennent en confusion fort près les unes des autres sur quelques branches d’un oranger : on n’en doit réserver que deux ou trois des mieux placées, qui recevant toute la nourriture, en deviendront plus fortes.

Ces toupillons, qui forment des toupets fort garnis, servent de receptacles aux ordures, & sur-tout aux punaises.

TOUPIN, s. m. (Cordier.) est un instrument dont les Cordiers se servent pour commettre ensemble plusieurs fils & en former une corde. Cet instrument est un morceau de bois tourné en forme de cône tronqué, dont la grosseur est proportionnée à celle de la corde qu’on veut faire : il doit avoir dans sa longueur, & à une égale distance, autant de rainures que la corde a de cordons ; ainsi pour le bitord qui n’a que deux cordons, on se sert d’un toupin qui n’a que deux rainures diamétralement opposées l’une à l’autre : ces rainures doivent être arrondies par le fond, & assez profondes pour que les fils y entrent de plus de la moitié de leur diametre. Voyez la figure.

Quand les fils ont acquis un certain degré d’élasticité par le tortillement, le toupin fait effort pour tourner dans la main du cordier, qui peut bien résister à l’effort de deux fils, mais elle seroit obligée de céder si la corde étoit plus grosse ; dans ce cas on traverse le toupin avec une barre de bois R, que deux hommes tiennent pour le conduire. Voyez les fig. & les Pl.

Comme la force de deux hommes n’est quelque-

fois pas encore suffisante, pour-lors on a recours

au chariot. Voyez Chariot. Voyez l’article de la Corderie.

TOUQUES, la, (Géog. mod.) en latin moderne Tulca, riviere de France, en Normandie. Elle porte d’abord le nom de Lezon dans son cours, prend celui de Touques dans sa jonction avec l’Orbec, & se jette dans la mer, à six lieues du Havre-de Grace : son cours est de seize lieues. (D. J.)

TOUQUOA, (Hist. mod. Superst.) c’est une divinité reconnue par les Hottentots, qu’ils regardent comme malfaisante, comme ennemie de leur nation, & comme la source de tous les maux qui arrivent dans ce monde : on lui offre des sacrifices pour l’appaiser. Quelques-uns de ces sauvages prétendent avoir vû ce démon sous la figure d’un monstre couvert de poil, vêtu de blanc, avec la tête & les piés d’un cheval.

TOUR, s. f. (Archit.) corps de bâtiment fort élevé, de figure ronde, quarrée ou à pans, qui flanque les murs de l’enceinte d’une ville ou d’un château, auquel il sert de pavillon : il est quelquefois seigneurial, & marque un fief. (D. J.)

Tour du chat, (Archit.) les ouvriers appellent ainsi un demi-pié d’isolement, & un pié de plus en épaisseur, que le contre-mur des fours & des forges doit avoir, selon la coutume de Paris : ils le nomment aussi ruelle. (D. J.)

Tour de dôme, (Archit.) c’est le mur circulaire ou à pans, qui porte la coupe d’un dôme, & qui est percé de vitraux, & orné d’architecture par-dedans & par-dehors. (D. J.)

Tour d’église, (Architect.) c’est un gros bâtiment, presque toujours quarré, qui fait partie du portail d’une église. Ce bâtiment est accompagné d’un autre pareil qui lui fait symmétrie, & ces deux tours sont ou couvertes, ou en terrasse, comme à Notre-Dame de Paris, ou terminées par des aiguilles ou fleches, comme à Notre-Dame de Rheims.

On appelle tour chaperonnée, celle qui a un petit comble apparent, comme à saint Jean en Grève, à Paris. (D. J.)

Tour isolée, (Archit.) tour qui est détachée de tout bâtiment, & qui sert de clocher, ainsi que la tour ronde panchée de Pise ; de fort, comme celles qui sont sur les côtes de mer, ou sur les passages d’importance ; de fanal, telles que les tours de Cordouan & de Genes ; de pompe, comme la tour de Marly, &c. (D. J.)

Tour de moulin a vent, (Archit.) mur circulaire qui porte de fond, & dont le chapiteau de charpente, couvert de bardeau, tourne verticalement, pour exposer au vent les volans ou les aîles du moulin. (D. J.)

Tour ronde, (Coupe des pierres.) ne signifie pas toujours une tour, mais tout parement convexe de mur cylindrique ou cônique. Tour creuse est le concave.

Tour de la souris, (Archit.) les ouvriers appellent ainsi deux à trois pouces d’isolement, qu’un contre-mur doit avoir pour les poteries d’aisance, & contre-mur d’un pié d’épaisseur contre un mur mitoyen pour la fosse, & entre deux fosses, quatre piés, &c. (D. J.)

Tour, (Fortification.) bâtiment fort élevé & de plusieurs étages, dont la figure est ordinairement ronde, & quelquefois quarrée ou polygone. Chambers.

Avant l’invention du canon, on fortifioit les places avec les tours jointes à leur enceinte ; elles étoient éloignées les unes des autres de la portée de la fleche, & beaucoup plus élevées que les courtines ou les murailles de l’enceinte, afin de dominer par-tout sur le rempart & de le défendre plus avantageusement.