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un petit saut. M. de Réaumur vous expliquera toute l’allure de ce coquillage dans les mémoires de l’acad. des Sciences, année 1710. (D. J.)

TELLINITE, s. f. (Hist. nat.) c’est une coquille bivalve, d’une figure alongée, que l’on nomme telline pétrifiée ; ce qui la distingue est une pointe alongée & proéminente, dans laquelle elle se termine : on la regarde comme une espece de moule ou de pinne marine pétrifiée.

TELLUNO, (Mythol.) dieu de la terre ; l’on croit que c’est un surnom de Pluton, pris pour l’hémisphere inférieur de la terre.

TELLYR, (Géog. anc.) ville de l’Inde, en-deçà du Gange, selon le texte grec de Ptolomée, l. VII. ch. j. Castald prétend que c’est Timinava. (D. J.)

TELMESSE, (Géog. anc.) Telmessus, par Pline, l. V. c. xxvij. par Pomponius Méla, & par Ptolomée. Mais Strabon, le Périple de Scylax, Tite-Live, Arrien, & Etienne le géographe écrivent Telmissus.

Telmesse étoit une ville maritime, aux extrémités de la Lycie, aux piés d’une montagne de même nom, laquelle est une partie du mont Cragus. Cette ville donnoit aussi son nom au golfe sur lequel elle étoit bâtie, & qu’on appelloit sinus Telmissieus, d’un côté il touchoit la Lycie, & de l’autre la Carie, selon la description de Tite-Live, l. XXXVII. c. xvj.

Comme donc Telmesse étoit la premiere ville que l’on trouvoit en entrant de la Carie dans la Lycie, Etienne le géographe la met dans la Carie, ainsi que Cicéron qui dit : Telmessus in Cariâ est, quâ in urbe excellit Haruspicum disciplina.

Cette ville fut donnée à Eumenes par les Romains, lorsqu’ils eurent défait Antiochus ; cependant les Lyciens la recouvrerent après que le royaume d’Eumenes eut été ruiné.

Mais ce qui a le plus fait parler de Telmesse, est moins ses vicissitudes que le naturel prophétique de ses habitans, dont Pline, l. XXX. c. j. Justin, l. XI. c. vij. Arrien, l. II. Cicéron, l. I. de divinat. c. xlj. & xlij. ont parlé : tout le monde y naissoit devin ; les femmes & les enfans y recevoient cette faveur de la nature.

Ce fut là que Gordius alla se faire interpreter un prodige qui l’embarrassoit : il en apprit l’explication sans être obligé de passer la porte ; car ayant rencontré une belle fille à l’entrée de Telmesse, il lui demanda quel étoit le meilleur devin auquel il pût s’adresser. Cette fille s’enquit tout-aussi-tôt de ce qu’il avoit à proposer au devin ; il le lui dit, elle lui en donna le sens, & ce fut une très-agréable nouvelle, puisqu’elle l’assura que le prodige promettoit une couronne à Gordius. En même tems la prophetesse s’offrit à lui en mariage, & la condition fut acceptée comme un commencement du bonheur qu’on lui annonçoit.

Cicéron croyoit que les Telmésiens devinrent de grands observateurs de prodiges, à cause qu’ils habitoient un terroir fertile, qui produisoit plusieurs singularités. D’autres anciens remontent plus haut, & nous parlent d’un Telmessus, grand devin, qui fut fondateur de cette ville, & dont les reliques étoient vénérées par les habitans. Elles reposoient sur leur autel d’Apollon, qui étoit le pere de Telmessus. Voilà, selon les préjugés du paganisme, l’origine de l’esprit de divination, qui se faisoit tant remarquer dans cette ville. Telmessus, pendant sa vie, avoit enseigné l’art de deviner, & après sa mort il ne pouvoit manquer de l’inspirer à ses dévots. Ajoûtons que sa mere, fille d’Antenor, avoit été possédée de ce même esprit, Apollon l’en gratifia après avoir obtenu ses faveurs.

Si l’ouvrage d’Etienne de Byzance n’étoit pas prodigieusement mutilé, nous y apprendrions quelque chose de particulier touchant Telmessus : on y entre-

voit qu’il fonda la ville dont il s’agit ici, & qu’il

étoit venu des climats hyperboréens à l’oracle de Dodone. L’oracle lui promit l’esprit de divination, tant pour lui que pour ceux qui bâtiroient autour de l’autel qu’il feroit construire. Il faut croire que cet autel étoit dans le temple d’Apollon Telmessien, & par conséquent les habitans de cette ville devoient naître devins par un privilege particulier.

Ils avoient beaucoup de foi aux songes, à ce qu’assure Tertullien. Telmessenses, dit-il, nulla somnia evacuant. Il semble que ces paroles indiquent que ceux de Telmesse croyoient que tous les songes signifioient quelque chose, & qu’il n’y en avoit point qui fût vuide de réalité.

Aristandre, qui étoit de Telmesse, & qui fut un des plus habiles devins de son tems, avoit composé un ouvrage sur cette matiere : c’est apparemment lui qui moyenna le traité que sa patrie fit avec Alexandre, & dont Arrien a parlé dans son premier livre. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il suivit Alexandre à la conquête de la Perse, & s’acquit un grand ascendant sur l’esprit de ce monarque.

Il avoit déjà montré son génie, dans la divination, à la cour du roi Philippe, car ce fut lui qui expliqua le mieux le songe que fit ce prince, après avoir épousé Olympias. Il songea qu’il appliquoit sur le ventre de la reine un cachet, où la figure d’un lion étoit gravée. Les autres devins qu’on consulta, conseillerent à Philippe de faire observer plus soigneusement la conduite de sa femme ; mais Aristandre plus habile dans le manege de la cour, soutint que ce songe signifioit que la reine étoit enceinte d’un fils qui auroit le courage d’un lion. Voyez l’article Aristandre dans Bayle.

Je crois qu’il ne faut pas confondre Telmesse avec Termesse ; ainsi voyez Termesse. (Le chevalier de Jaucourt.)

TELMEZ, (Géogr. mod.) ville d’Afrique, au royaume de Maroc, dans la province de Duquela, au pié du mont Beninaguer. Elle est peuplée de Béréberes afriquains. (D. J.)

TELOBIS, (Géog. anc.) ville de l’Espagne tarragonnoise. Ptolomée, l. II. c. vj. la donne aux peuples Accetani, & la marque entre Cetelsis & Ceresus. (D. J.)

TELO-MARTIUS, (Géog. anc.) port de la Gaule narbonnoise. L’itinéraire d’Antonin le marque sur la route par mer de Rome à Arles, entre le port Pomponianæ & celui de Taurentum, à quinze milles du premier, & à douze milles du second. Cet itinéraire est le premier monument ancien qui fasse mention du fort Telo-Martius. Dans plusieurs conciles on trouve la signature de l’évêque de ce lieu, & il se dit episcopus Telonensis, & quelquefois Tolonensis, d’où l’on a fait le nom moderne qui est Toulon, port fameux dans la Provence. (D. J.)

TÉLON, s. m. terme de Commerce, sorte d’étoffe dont la chaîne est de lin ou de chanvre, & la trame de laine. (D. J.)

TELONÆ, (Antiq. grecq.) τελῶναι, fermiers des revenus publics chez les Athéniens ; mais si vous voulez connoître avec quelle rigueur ils étoient traités, en cas de fraude, vous pourrez lire Potter, Archæolog. græc. l. I. c. xiv. tom. I. p. 81. (D. J.)

TELOS ou TELUS, (Géog. anc.) île de la mer Egée, & qu’on peut dire une île d’Asie, puisqu’elle est à l’orient d’Astypalée. Elle étoit fameuse par ses parfums, à ce que dit Pline, l. IV. c. xij. on la nomme aujourd’hui Piscopia. (D. J.)

TELPHUSA, (Géog. anc.) ce mot se trouve encore écrit Telpusa, Telphussa, Thalpusa, Thalpussa, Thelpusa, Tharpusa, & Delphusia ; mais toutes ces orthographes différentes désignent une ville & petite contrée de l’Arcadie. Etienne le géographe dit que