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crites, comme il paroît par ce discours de Sosie dans l’Amphitrion. « Que deviendrai-je à-présent ? les trévirs pourroient bien m’envoyer en prison, d’où je ne serois tiré demain que pour être fustigé, sans avoir même ni la liberté de plaider ma cause, ni de réclamer la protection de mon maître. Il n’y auroit personne qui doutât que j’ai bien mérité cette punition ; & que je serois assez malheureux pour essuyer les coups de leurs estafiers, qui battroient sur mon pauvre corps comme sur une enclume ». Cicéron fait allusion à ces sortes de lieutenans criminels de Rome, en badinant plaisamment sur le jeu de mots, dans une de ses lettres à Trébatius, qui suivoit alors César dans ses guerres contre les Trévirs, une des plus fieres & des plus vaillantes nations de la Gaule. « Je vous avertis, lui dit-il, de ne vous pas trouver sur le chemin de ces Trévirs, car j’entens dire qu’ils sont capitaux ; & je désirerois fort qu’ils fussent plutôt fabricateurs d’or & d’argent ». (D. J.)

Trévirs, monétaires, (Hist. rom.) les surintendans de la monnoie de la république & empire romain, étoient appellés trévirs, treviri ou triumviri monetales, parce qu’ils furent au nombre de trois jusqu’à Jules-César, qui en créa quatre. Cicéron fut un des quatre directeurs de la monnoie, car nous avons encore une médaille existante de ce grand homme, où il est nommé iiij vir ; mais nous parlerons plus au long de ces magistrats préposés à la fabrication des monnoies, au mot Triumvirs monétaires. (D. J.)

TREVISAN, le (Géog. mod.) ou marche Trévisane ; pays d’Italie dans la seigneurie de Venise, renfermé entre le Feltrin & le Bellunese vers le nord ; le Padouan vers le sud ; Frioul & le Dogado à l’est, & le Vicentin à l’ouest. Sa principale richesse consiste en mâts de vaisseaux, & en bois de chauffage. Ses principaux lieux sont Tréviso, Castel-Franco, Céneda & Sarra-Vallé. (D. J.)

TRÉVISO, (Géog. mod.) Trevisi ou Trevisio, en latin Tarvisium ou Tervisium ; ville d’Italie dans les états de Venise, capitale du Trévisan, sur la riviere Silis ou Silé, à 18 milles au nord-ouest de Venise, à 20 au nord-est de Padoue, & à 25 à l’est de Bassano. Elle est décorée de plusieurs édifices publics. Son évêché suffragant d’Aquilée, est des premiers siecles. Long. 29. 48. lat. 45. 44.

Tréviso subsistoit du tems de l’empire romain, car on y a découvert une inscription où on lit ces mots, Mun-Tar, & une autre où l’on voit celui-ci, Decurion. C’en est assez pour regarder cette ville comme un ancien municipe. Elle fut sous la puissance des Goths, puisqu’après la réduction de Ravenne par Belisaire, & la détention de Vitigis, cette ville fut une de celles qu’ils remirent au vainqueur. Peut-être retomba-t-elle encore sous leur domination, lorsqu’Idibade eut vaincu Vitalius. Tréviso tomba dans la suite au pouvoir des Hongrois ; puis elle appartint aux Carares & aux Scaligers ; enfin elle se donna aux Vénitiens en 1388, & depuis ce tems-là, elle est demeurée toujours attachée à cette république. Jean Bonifacio & Barthélemi Burchelati, ont donné l’histoire de Trévise, on peut les consulter.

Non-seulement Tréviso fut sous la puissance des Goths, mais elle eut la gloire de donner la naissance à Totila roi de ce peuple. Il fut mis sur le trône après la mort d’Evaric, & rétablit par sa valeur & par sa conduite les désastres de la nation. Il reprit plusieurs provinces sur les Romains, toute la basse Italie, les îles de Corse, de Sardaigne & de Sicile. Il s’empara de Rome, en donna le pillage à ses troupes, & fit démolir une partie des murailles. Il continua de remporter quelques autres avantages contre

les Romains ; mais il périt en 552, dans une bataille contre Narsès. (D. J.)

TRÉVOUX, (Géog. mod.) ancienne petite ville de France, capitale de la principauté de Dombes, sur le bord oriental de la Saône. Le pape Clément VII. y érigea un chapitre en 1523, & Anne-Marie-Louise d’Orléans, souveraine de Dombes, y fonda un hôpital. M. le duc du Maine y a bâti un palais pour le siege du parlement. Louis XIV. a accordé aux officiers de ce parlement, les mêmes privileges dont jouissent les officiers des autres parlemens de France. Ce même prince y a fait établir une imprimerie. Les uns croient que le Tivurtium de l’itinéraire d’Antonin est Trévoux, & d’autres Tournus. Long. 22. 24. lat. 45. 56. (D. J.)

TREWIA, s. f. (Hist. nat. Botan.) genre de plante que Linnæus caractérise de cette maniere. Le calice est permanent, & composé de trois feuilles ovales, colorées & recourbées ; il n’y a point de pétales. Les étamines sont de nombreux filets capillaires de la longueur du calice. Les bossettes sont simples. Le germe du pistil est placé sous le calice. Le stile est de la longueur des étamines & simple ainsi que le stigma. Le fruit est une capsule couronnée, turbinée, formée de trois coques & contenant trois loges. Les semences sont simples, convexes d’un côté, & angulaires de l’autre. Linnæi gen. plant. p. 236. Hort. malab. vol. II. p. 42. (D. J.)

TREYSA, (Géog. mod.) ou plutôt Treysen, ville d’Allemagne, dans le pays de Hesse, chef-lieu du comté de Ziegenheim, sur une colline proche la riviere de Schwalm. Elle fut brûlée par les impériaux en 1640. Long. 26. 48. lat. 50. 54.

TREZAIN, s. m. ou TREIZAIN, (Monnoie.) petite monnoie de France, qui avoit cours sous Louis XI. & Charles VIII. On en ignore la valeur. Nous savons seulement qu’il y avoit alors des sous valant 13 deniers, & qui par cette raison étoient appellés trezains. C’étoit alors la coutume de donner un trezain à la messe des épousailles, comme on voit dans Franchet. Cette coutume étoit fort ancienne, car Frédegaire rapporte que les ambassadeurs de Clovis allant fiancer Clotilde, lui offrirent un sou & un denier ; c’est une des formules de Marculphe ; cela servoit pour représenter une espece d’achat de femme, suivant l’ancienne coutume non-seulement des Francs, mais aussi des Saxons, des Allemands & des Bourguignons. Trévoux. (D. J.)

TRÉZALÉ, tableau, (Peinture.) on appelle ainsi un tableau où il se trouve de petites fentes ou des raies imperceptibles sur sa superficie ; ce qui arrive souvent aux tableaux qui sont peints à l’huile par-dessus un fond de détrempe, ou lorsqu’on a trop employé d’huile grasse ; enfin lorsque le tableau a été trop exposé aux rayons du soleil, il devient ordinairement trézalé. Dict. des beaux arts. (D. J.)

Trézalé, (Porcelaine & Poterie.) se prend dans le même sens qu’en peinture. Une porcelaine & morceau de poterie est trézalé, lorsque la couverte s’est fendue & gercée. Il n’y a guere d’ustensiles de cuisine en terre vernissée, qui ne se trézale à la longue, ce qui prouve que la longueur & la violence du feu peuvent être comptées parmi les causes de cet effet.

TREZZO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie dans le Milauez, sur l’Adda, aux confins du Bergamasque près de Castello, & au midi de Lecce.

TRIADE harmonique, trias harmonica ; ce mot, en Musique, a deux sens différens. Dans le calcul, c’est la proportion harmonique ; dans la pratique, c’est l’accord parfait qui résulte de cette même proportion, & qui est composé d’un son quelconque de sa tierce & de sa quinte. Voyez Accord, proportion.

Triade, parce qu’elle est composée de trois termes.