Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une espece de ver qui se trouve dans les ruisseaux, & qui se fait un étui ou fourreau de grains de sable, de morceaux de bois, &c. On l’appelle charrée. Voyez Charrée. Cet insecte n’est point du genre des teignes, & au lieu de se transformer en phalene, il se change en une mouche à quatre aîles. Il y a des especes de teignes qui restent sur les murs, & qui forment leurs fourreaux de petits grains de pierre. L’intérieur du fourreau de toutes les especes de teignes, est tapissé de soie que l’insecte file. On trouve sur les tiges & sur les branches des arbres des teignes qui se nourrissent des plantes parasites qui y croissent, tels que le lichen, & qui s’en font un fourreau. Mém. pour servir à l’hist. des Insectes, par M. de Réaumur, tome III. Voyez Insecte.

Fausse-teigne ; M. de Réaumur a donné ce nom à des insectes qui se font un fourreau comme les teignes, mais qui en different en ce qu’ils ne traînent pas leur fourreau avec eux comme les teignes. Il y a beaucoup de différentes especes de fausses-teignes ; les principales & les mieux connues sont celles des abeilles & du blé ; celle-ci causent beaucoup de dommage dans les greniers ; elles se font un fourreau de plusieurs grains de blé qu’elles attachent les uns aux autres avec de la soie qu’elles filent, & elles se nourrissent de la farine que contiennent ces grains. On trouve dans les ruches des abeilles des fausses-teignes, elles mangent la cire des alvéoles qui ne contiennent point de miel. Souvent ces insectes obligent les abeilles à changer de ruches par les dégâts qu’ils font dans leurs gâteaux ; ils n’attaquent point les alvéoles où il y a du miel Mém. pour servir à l’hist. des insectes, par M. de Réaumur, tome III. Voyez Insecte.

Teigne, s. f. tinea, (terme de Chirurgie.) maladie appellée par les auteurs arabes sahafati, & qui ressemble aux achores. Voyez Achore.

La teigne est une sorte de lepre. Les auteurs en comptent ordinairement trois especes ; savoir, une seche, une humide & une lupineuse ; mais qui ne sont en effet que divers degrés de la même maladie. Voyez Lepre.

Turner définit la teigne, un ulcere qui vient à la tête des enfans par une humeur vicieuse, corrosive, ou saline ; & qui rongeant les glandes cutanées en détruit avec le tems le tissu.

Cette maladie est appellée teigne, parce qu’elle ressemble aux trous que fait au papier, &c. l’insecte qui porte le même nom. Dans le premier état la peau est couverte d’une matiere blanche, seche, crouteuse ou écailleuse. Dans le second état, elle paroît grenue. Dans le troisieme, elle est ulcérée.

Les remedes internes propres pour la teigne, sont les mercuriaux, les purgatifs convenables, les adoucissans. La salivation, sur-tout par les onctions mercurielles, a quelquefois réussi, après que les autres méthodes s’étoient trouvées inutiles. Les remedes externes sont les fomentations avec les racines de patience, d’aristoloche, de raphanus rusticanus, d’absynthe, &c. bouillies dans l’eau, & exprimées, auxquelles on ajoute l’esprit-de-vin camphré, &c. des linimens avec le lard, des onguens avec le précipité blanc & le soufre pulvérisé ; ou avec la poudre de vitriol romain & de vitriol blanc, le précipité rouge, &c.

On traite de la teigne, & avec succès, une quantité de pauvres enfans à l’hôpital de la Salpétriere ; on ne fait point ou fort peu d’usage de remedes intérieurs : on emploie un emplâtre très-agglutinatif, qui ne s’arrache qu’avec peine, & qui enleve la racine des cheveux ; lorsqu’on a empotté les cheveux des endroits affectés, on guérit les malades avec un onguent dessicatif doux.

Par ce traitement on déracine le mal avec sûreté. L’extraction des cheveux déchire le bulbe & laisse

couler l’humeur âcre qui y séjourne, & qui est la cause du mal. Il est assez ordinaire que les malades guérissent avec une dépilation, ce qui attire quelquefois des reproches au chirurgien ; de sorte, dit Paré, que plusieurs ont laissé la cure aux empiriques & aux femmes. On réussit quelquefois à détruire en apparence cette maladie par les remedes dessicatifs, que les empiriques & les femmelettes n’ignorent point ; mais on trouve dans les auteurs une infinité d’exemples qui doivent faire prendre des précautions pour éviter la suppression indiscrete de l’humeur de la teigne. Les saignées, les purgations, les fondans mercuriaux, les cauteres & les vésicatoires en détournant cette humeur supprimée, peuvent garantir le genre nerveux de sa malignité.

Ambroise Paré propose, d’après Jean Devigo, un onguent qu’il dit être souverain pour la guérison de la teigne : en voici la composition. Prenez hellébore blanc & noir, orpiment, litharge d’or, chaux vive, vitriol, alun, noix de galle, suie & cendres gravelées, de chacune demi-once : vif argent éteint avec un peu de térébenthine & d’axonge, trois onces : verd-de-gris, deux gros. Pulvérisez ce qui doit l’être ; puis prenez sucs de bourrache, de scabieuse, de fumeterre, de lapatum & de vinaigre, de chacun cinq onces, & vieille huile, une livre. Faites bouillir jusqu’à la consomption des sucs ; sur la fin de la cuisson on mettra les poudres, en ajoutant une demi-once de poix liquide & autant de cire qu’il en faudra pour donner la consistance d’onguent. (Y)

Le docteur Cook, médecin anglois, propose un remede fort simple pour la guérison de cette maladie : c’est de mettre quatre onces de vif argent très pur dans deux pintes d’eau ; de faire bouillir le tout dans un pot de terre vernissé, jusqu’à réduction de la moitié de l’eau ; & de conserver cette eau dans une bouteille pour l’usage, qui consiste à s’en frotter la tête. Cette même eau peut aussi être employée tant intérieurement qu’extérieurement pour détruire les vers, pour faire passer toutes les éruptions de la peau, pour guérir les ulceres, & pour purifier le sang.

Teigne, (Maréchal.) maladie des chevaux difficile à guérir. Elle consiste dans une pourriture puante qui leur vient à la fourchette. Voyez Fourchette.

Teigne, s. f. (Charpent.) les ouvriers en bois appellent teigne une maniere de gale qui vient sur l’écorce du bois ; plusieurs d’eux écrivent & prononcent tigne pour jousse. (D. J.)

TEILLE, s. f. (Jardinage.) est une enveloppe qui couvre le bois des arbres, laquelle est ordinairement épaisse, avec beaucoup de fentes, & de couleur cendrée.

TEILLER, v. act. (Econ. rust.) c’est détacher le chanvre ou la filasse. Voyez l’article Chanvre.

TEINDRE, v. act. (Gramm.) c’est porter sur une substance quelconque une couleur artificielle. On teint presque toutes les substances de la matiere ; les pierres, les cornes, les cheveux, les laines, les bois, les os, les soies, &c. Voyez l’article Teinture.

TEINT, s. m. (Gramm.) il se dit de la couleur de la peau du visage. Une femme a le teint beau lorsque sa peau est d’un blanc éclatant, & que ses joues sont d’un rouge vermeil.

Teint, s. m. (Teinture.) l’art de teindre par rapport aux étoffes de lainerie se distingue en France en grand & bon teint, & en petit teint. Le grand teint est celui où il ne s’emploie que les meilleures drogues, & celles qui font des couleurs assurées. Le petit teint est celui où il est permis de se servir de drogues médiocres, & qui font de fausses couleurs. Les plus riches étoffes sont destinées au grand teint, & les moindres sont reservées pour le petit teint. Le bleu, le rouge & le jaune appartiennent par préférence au