Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/727

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur coque, qui est de couleur de marron.

La coque du ver des truffes, comme celle de tous les vers de leur classe, est faite de leur peau, & a de même, à-peu-près la forme d’un œuf. Ce qu’elle a de particulier, c’est que son bout antérieur est un peu applati ; il a moins de diametre de dessus en-dessous, que d’un côté à l’autre. Dans l’étendue de cette portion applatie, chaque côté est bordé par une espece de cordon, analogue à celui des coques des vers de la viande, mais qui dans celle-ci, va jusqu’au bout. Le cordon finit pourtant à un des stigmates antérieurs ; mais ces stigmates sont sur la ligne droite par laquelle le bout plat est terminé. Au milieu de ce bout, paroissent des plis disposés comme ceux d’une bourse, qui entourent l’ouverture par laquelle le premier anneau est rentré en-dedans.

L’espece de ver dont nous venons de parler, n’est pas la seule qui mange les truffes ; elle donne encore de la nourriture à d’autres vers semblables à ceux qui mangent les champignons ; ce sont des vers sans jambes, qui ont le corps jaune, & la tête noire & écailleuse. Reaumur, Hist. des insectes, tome IV. page 374. (D. J.)

TRUFFETTE, s. f. (Toilerie.) nom que l’on donne à certaines toiles blanches faites de lin, qui approchent assez de la qualité de celles qu’on nomme toiles demi-Hollande. (D. J.)

TRUFFIERE, s. f. (Agriculture.) c’est ainsi qu’on nomme dans les pays chauds, comme en Languedoc, en Provence, en Périgord, un terrein particulier où viennent les truffes ; on connoît ce terrein par expérience, & parce qu’il n’y croît dessus presque point d’herbe. (D. J.)

TRUGUE ou TUGUE, s. f. (Marine.) espece de faux tillac ou de couverte, qu’on fait de caillebotis, & que l’on éleve sur quatre ou six piliers au-devant de la dunette, pour se garantir du soleil ou de la pluie. Il est défendu de faire cette couverte de planches, & le roi veut qu’elle soit faite avec des tentes soutenues par des cordages.

TRUIE, (Mythol.) cet animal étoit la victime la plus ordinaire de Cérès & de la déesse Tellus. On sacrifioit à Cybelle une truie pleine. Lorsqu’on juroit quelque alliance, ou qu’on faisoit la paix, elles étoient confirmées par le sang d’une truie ; c’est ainsi que Virgile représente Romulus & Tatius, se jurant une alliance éternelle devant l’autel de Jupiter, en immolant une truie, cæsâ porcâ. (D. J.)

TRUITE, TRUITTE, TRUITE DE RIVIERE, TROUTTE, s. f. (Hist. nat. Ichthiol.) trutta, poisson d’eau douce que l’on pêche dans les étangs, les rivieres, les ruisseaux, &c. & qui varie un peu pour la couleur, selon les différens pays.

La truite en général ressemble beaucoup au saumon ; elle a la tête courte & arrondie, l’ouverture de la bouche grande, & le bec obtus ; le corps est épais & terminé par une queue large, les mâchoires n’ont qu’un simple rang de dents, mais il y en a sur le palais. Les côtés du corps ont des taches d’un très-beau rouge, le dos est brun & marqué de taches noires, parmi lesquelles il s’en trouve quelquefois de rouges. Ce poisson se plait dans les petites rivieres où il y a beaucoup de pierres, & dont les eaux sont claires & froides ; il se nourrit de poissons & de vers ; sa chair est ferme, un peu dure & excellente. Rai, synop. méth. piscium. Rondelet, des poissons de riviere, chap. ij. Voyez Poisson.

Truite saumonée, poisson d’eau douce, qui ne differe du saumon qu’en ce qu’il est plus petit, & qu’il n’a pas la queue fourchue. Voyez Saumon.

La truite saumonée a rarement plus de 20 pouces de longueur, sa chair n’est pas rouge comme celle du saumon, & elle a un goût désagréable. Gesner & Aldrovande font mention sous le nom de trutta lacustris,

d’une espece de truite saumonée bien différente de la précédente ; ces auteurs disent qu’on en pêche dans le lac de Genève, qui pesent trente-cinq à quarante livres, & même qu’on en trouve dans le lac de Lago de l’état de Milan, qui pesent jusqu’à cent livres. Le dos de ces truites saumonées est d’un beau verd bleuâtre ; la nageoire du dos a beaucoup de taches noires, & la queue est fourchue ; leur chair est rouge & de bon goût. Rai, synop. meth. piscium. Voyez Poisson.

Truite, (Diete.) la chair de ce poisson est d’un goût exquis, délicieux, & fort nourrissante, elle est meilleure en été qu’en toute autre saison.

La graisse est adoucissante, dissolvante, résolutive, bonne pour les taches, les rousseurs du visage, pour les taches de petite verole, pour la surdité, les bruissemens d’oreille, pour les taches & les cataractes des yeux ; elle soulage dans les hémorrhoïdes, les ragades, les gerçures de l’anus, dans les ulceres du sein & les fissures du mamelon. Lemeri, dict. des drogues.

Truite, (Pêche.) on la pêche avec une seine qui traverse la riviere : on halle ce filet d’un bord & d’autre ; il n’y a que trois hommes employés à cette manœuvre ; un homme de chaque côté, & un dans un bateau pour mieux gouverner le filet, qui a deux brasses de hauteur, & environ 40 de long. Voyez Seine.

Truite, (Brass.) est une espece de cage quarrée, placée sur la cheminée du fourneau de la touraille ; elle est à carneaux tout-au-tour, & couverte en comble ; elle sert à recevoir la fumée qui sort par les carneaux & se répand dans toute la touraille. Il y en a qui sont faites de fer & d’autres de brique.

Truite, adj. terme de Manege ; épithete du cheval, qui sur un poil blanc a des marques de poil noir, bai ou alezan, particulierement à la tête & à l’encolure. (D. J.)

TRUITÉE, pierre, (Hist. nat.) nom donné par quelques naturalistes allemands à une espece de pierre semblable à de l’albâtre, remplie de taches noirâtres & luisantes, qui font que cette pierre ressemble à la peau d’une truite saumonée. C’est la même pierre que d’autres ont nommé pierre tigrée. Voyez Bruckmanc, epistol. itinerariæ centuria I.

TRULLE, s. f. terme de Pêche ; sorte de grand havenet dont on se sert dans le Garonne ; cet instrument est assez semblable aux grands bouts de quiévres ; il est monté de même sur deux longues perches croisées, tenues ouvertes au moyen d’une petite traverse de bois ; le sac est amarré aux deux côtés des perches, & à une traverse de corde qui est à l’extrémité de ces perches ; il forme une espece de poche dans le fond ; les mailles de l’entrée peuvent avoir environ 15 lignes ; on ne se sert de cet instrument que durant le printems, & de marée montante ; les pêcheurs les traînent, & poussent devant eux à-peu-près de la même maniere que ceux qui se servent de bouteux & de bout de quievres, pour faire la pêche des chevrettes.

Avec des mailles aussi serrées, & la manœuvre que font ceux qui pêchent avec cet instrument, rien ne peut être plus abusif ; puisque tout ce qui monte avec la marée est arrêté & pris, à cause de la petitesse des mailles de la trulle, dont rien ne peut évader.

Trulle, la, (Géog. mod.) ou la Trouille, petite riviere des Pays-bas, dans le Hainaut. Elle traverse Mons, & se jette bientôt après dans la Haisne, au-dessus de S. Guillain. (D. J.)

TRULLIZATION, s. f. (Archit.) Vitruve, l. VII. c. iij. appelle ainsi toute sorte de mortier travaillé avec la truelle au-dedans des voûtes ou des hachures