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il est à souhaiter qu’elles soient à portée d’avoir de la soude de varech ; cela épargnera bien du chauffage, & l’on fondra plus vîte ; ce qui ne sera pas d’un petit avantage aux fabriquans.

Il y a des verreries où l’on se sert de cendres fines seulement ; quand elles sont bonnes, elles portent plus de sable : si au contraire elles sont moins bonnes, elles en porteront moins ; & si elles sont mauvaises, elles n’en porteront point du tout.

Les sables ont des qualités si différentes, qu’il y en a qui fond facilement ; d’autre qui est dur ; mais il n’y en a point qui ne puisse se réduire en verre en lui donnant du fondant. La diversité qui se trouve tant dans les sables que dans les autres matieres, empêche qu’on ne puisse donner une composition fixe.

Au reste, voici comment on peut s’y prendre pour en trouver une bonne. Si l’on établissoit une verrerie à côté d’une autre, on n’auroit qu’à tâcher d’avoir de leur composition. Mais si l’établissement se fait dans un endroit où toutes les matieres soient inconnues, pour lors il faudra préparer une douzaine de petits creusets plats, comme on voit fig. a, composés de bonne terre à pot. Quand la halle & le four seront construits, & avant qu’on ait fait mettre le feu aux tonnelles pour faire sécher & chauffer le four, il faut prendre quelques pots fêlés, comme on ne manquera pas d’en trouver dans la chambre aux pots ; placer deux de ces pots dans le four, sur les siéges, un de chaque côté, devant le trou du milieu ; il faut que ces pots soient renversés, & le cul en-haut. Cependant on fera passer les cendres & le sable, si-tôt que le four sera devenu chaud, & que les arches cendrieres commenceront à rougir ; alors on fera mettre dans ces arches autant de cendres qu’elles en pourront contenir ; se réservant toutefois autant de places qu’il sera nécessaire, pour les retourner ; les cendres étant bien cuites, on les retirera des arches, & on les mettra dans un endroit pavé de briques, jusqu’à ce qu’elles soient refroidies. On fera pareillement sécher & passer le sable ; après quoi on formera les huit différentes compositions suivantes, qu’on mettra ou dans huit terrines, ou dans la même terrine ; mais chaque composition à part.

On mettra six ou huit de ces petits creusets dessus les pots renversés, de maniere qu’on puisse les retirer en mettant un ferret dans le trou de leurs manches. On fera ensuite mettre les pots dans les arches pour les attremper ; puis faire mettre le feu aux tonnelles ; cependant, comme nous avons dit, on fera passer les cendres, &c.

Prenez de la cendre cuite seule, trois fois plein un des petits creusets, & mettez ce creuset à part avec étiquette.

Prenez de la cendre cuite, sept fois plein une chopine ; mettez ces cendres dans la terrine ; prenez de plus une chopine de fable, que vous ajouterez aux sept chopines de cendres dans la terrine, & que vous mêlerez bien, puis vous mettrez ce mélange à part avec une étiquette.

Prenez six mesures de cendre & une mesure de sable ; mettez-les dans la terrine après les avoir bien mélangées ; placez le mélange à part, avec une étiquette.

Prenez cinq mesures de cendre & une de fable, mêlez & mettez à part.

Prenez quatre mesures de cendre & une de sable, mêlez & mettez à part.

Et ainsi de suite, vous aurez :

n°. 1. cendres.

n°. 2. 8. cendre, 1. sable.

n°. 3. 7. cendre, 1. sable.

n°. 4. 6. cendre, 1. sable.

n°. 5. 5. cendre, 1. sable.

n°. 6. 4. cendre, 1. sable.

n°. 7. 3. cendre, 1. sable.

n°. 8. 2. cendre, 1. sable.

Cela fait, quand le four sera devenu blanc, faites porter toute cette composition au four ; puis faites retirer un des creusets, & remplissez-le de la composition n°. 1. & faites-le remettre au four sur le fond du pot, & faites-en autant pour toutes les compositions. Arrangez-les de façon que vous puissiez les reconnoître.

Au bout de quatre heures prenez une cordeline ; c’est une petite tringle de fer ; faites en recourber le bout d’environ cinq pouces ; faites-la chauffer au four, & plongez-la subitement dans l’eau, seulement pour en ôter la fumée, & pendant qu’elle est chaude, essayez tous vos creusets les uns après les autres, & voyez si la matiere est fondue : si elle est fondue, retirez le n°. 1. & le remplissez de la même composition, & le remettez au four ; & ainsi de tous les autres : faites fondre & affiner, ce que vous connoitrez en plongeant la cordeline dans les creusets ; si la matiere fait un fil sans aucun grumeau, ce dont vous vous assurerez en passant le fil de verre entre les bouts du doigt index & le pouce ; si vous ne sentez point de grumeau, vous conclurez que la matiere est affinée. Si toutes les matieres sont fondues & affinées, celle qui donnera le fil de verre le plus épais sera la meilleure : faites chauffer une canne ; retirez ce creuset, mettez-le sur le fil de l’ouvreau ; cueillez à deux ou trois reprises : si au troisieme coup vous en avez suffisamment sur la canne, soufflez : si le verre soufflé est fin, la composition est bonne. Cueillez un second morceau dans le même creuset, puis un troisieme, en un mot autant que vous pourrez ; quand ces morceaux seront un peu froids applatissez-les sur le marbre ; laissez-les encore un peu refroidir ; remettez-les dans l’ouvroir jusqu’à ce qu’ils soient prêts à couler ; alors retirez-les, laissez-les derechef refroidir comme auparavant, & les remettez dans l’ouvreau, & lorsqu’ils se remettront en fusion, retirez-les encore, & les laissez refroidir tout-à-fait : quand ils seront froids, voyez si le verre en est blanc ou non : s’il n’est pas blanc, c’est signe qu’il est bon, & peut-être qu’on y peut ajouter un peu de sable ; mais s’il est blanchâtre, c’est une marque qu’il y faut absolument ôter du fable, & qu’il y en a trop.

Quand par vos essais vous aurez une composition bonne, faites-en avec votre cendre cuite & votre sable ; retirez vos pots félés quand vous ferez déboucher vos tonnelles, pour leur en substituer d’autres.

Il en faut faire autant avec le varech : on écrasera la soude, on en prendra une mesure sur laquelle on mettra une mesure de sable, ou une mesure & demie de sable, ou deux mesures, ou deux mesures & demie ; ce dernier mélange fera le verre un peu blanc : quand on a trouvé la dose de varech & de sable, on prend de la chaux ou de la cendre fine ; on y ajoute autant de sable que le varech en peut porter ; on mêle bien le tout, on met ce mélange dans l’arche cendriere, & l’on répand dessus le varech en morceaux : il se fondra, & en tournant, agitant la matiere à recuire, elle se mêlera avec cette matiere.

La taraison est une espece de tuile faite d’argille, dont on se sert pour retrécir l’ouvroir, selon que les marchandises sont grandes ou petites.

Tuilette, espece de tuile dont on se sert pour boucher l’ouvroir au milieu, & faire passer la flamme par les deux côtés.

Canne, morceau de fer d’environ quatre piés huit pouces de long, en forme de canne, percé dans toute sa longueur d’un trou, de deux lignes de diametre ou environ.

Cordeline, tringle de fer, d’environ quatre piés