Aller au contenu

Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étant plus propre à désigner la premiere qui se meut sur celle-ci comme sur son axe.

Le corps de cette vertebre est d’une figure à-peu-près pyramidale, sa partie inférieure étant large & évasée, sur-tout en-devant, à l’endroit où il entre dans le creux de la vertebre inférieure ; au lieu que sa partie supérieure a un processus de forme quarrée, avec une petite pointe qui s’éleve du milieu ; c’est cette pointe qu’on a imaginé ressembler à une dent, & qui a fait donner à cette vertebre le nom de dentée.

Cette seconde vertebre, lors de la naissance, consiste en quatre apophyses osseuses ; car outre les trois que j’ai dit être communes à toutes les vertebres, l’apophyse odontoïde de cet os commence à s’ossifier au milieu, & à se joindre comme un appendix au corps de l’os. C’est la raison pour laquelle les sages-femmes doivent mettre des tétieres aux enfans nouveaux-nés, pour empêcher que leur tête ne se porte trop en arriere, jusqu’à ce que les muscles aient atteint une force suffisante pour n’avoir plus rien à craindre de ce mouvement dangereux.

Une fois instruits de l’articulation de la premiere & de la seconde vertebre, il nous est plus aisé de concevoir les mouvemens sur ou avec la premiere vertebre. La tête se ment en-devant & en arriere sur la premiere vertebre, au lieu que l’atlas fait sa rotation sur la seconde vertebre.

Le mouvement rotatoire de la tête nous est utile pour bien des usages, en nous donnant la facilité d’appliquer avec beaucoup de promptitude les organes de nos sens sur les objets ; d’ailleurs il étoit à propos que l’axe de rotation fût en cet endroit, car s’il eût été bien loin de la tête, lorsque la tête se seroit écartée à quelque distance de la ligne perpendiculaire à cette petite jointure mobile ; comme elle auroit acquis par cet écartement un long levier, à chaque tour qu’elle auroit fait inconsidérément, elle auroit rompu les ligamens qui l’attachent avec les vertebres ; ou-bien il auroit fallu que ces ligamens fussent beaucoup plus forts qu’ils ne doivent être, pour pouvoir être attachés à d’aussi petits os. Ce mouvement circulaire ne pourroit pas non plus sans danger se faire sur la premiere vertebre, parce que la partie immobile de la moëlle allongée en est si proche, qu’à chaque tour le commencement de la moëlle allongée, auroit été en danger d’être offensé par la compression qui se seroit faite sur ses tendres fibriles. En un mot, il est aisé de se convaincre par toutes ces observations, que la promptitude du mouvement circulaire de la tête nous est d’un grand usage, & que cette seconde vertebre du cou est tout-à-fait propre par sa structure & sa situation, à être l’axe de ce mouvement. Les autres vertebres du cou ne demandent aucun détail. Passons aux douze vertébres dorsales.

Leurs corps sont d’une grosseur mitoyenne entre ceux des vertebres du cou, & ceux des lombaires. Ils sont plus convexes pardevant, que ceux des autres classes, & applatis sur les côtés par la pression des côtes qui y sont insérées dans des petites cavités.

Cet applatissement des côtes qui donne à ces vertebres la figure d’un demi-ovale, est avantageux en ce qu’il procure une plus ferme articulation aux côtes, facilite la division de la trachée-artere à un petit angle, & garantit les autres gros vaisseaux dans leurs cours de l’action des organes vitaux. La partie postérieure de ces corps est plus concave que dans deux autres classes. Leurs surfaces supérieures sont toutes horisontales, & ont leurs bords garnis d’épiphyses, qui, selon Fallope, ne sont autre chose que quelques parties des ligamens qui s’y rendent, lesquelles sont devenues osseuses.

Les cartilages placés entre les corps de ces vertebres, sont plus minces que dans les autres vertebres

vraies, & contribuent à la concavité de cette portion de l’épine vers sa partie antérieure.

De plus, les corps des quatre vertebres dorsales supérieures s’écartent de la regle des autres vertebres qui deviennent plus gros à mesure qu’ils vont en descendant ; car la premiere de ces quatre est la plus grosse, & les trois autres inférieures vont en appétissant par degrés, pour donner à la trachée artere & aux gros vaisseaux la facilité de se partager à petits angles.

La derniere classe des vertebres vraies est celle des cinq lombaires, qu’on peut distinguer des autres vertebres par les marques suivantes.

1°. Leurs corps, quoique d’une forme circulaire à leur partie antérieure, sont un peu oblongs d’un côté à l’autre ; ce qui peut être occasionné par la pression des gros vaisseaux & des visceres.

2°. Les cartilages d’entre ces vertebres sont les plus épais de tous, & rendent l’épine convexe en-dedans de l’abdomen, leur plus grande épaisseur étant de ce côté-là.

3°. Les processus obliques sont forts & profonds ; les processus transverses sont petits, longs, & tournés en en-haut, pour donner un mouvement aisé à chaque os ; les processus épineux sont forts, étroits & horisontaux.

4°. Le canal qui contient la moëlle spinale est plus large en cet endroit qu’au dos.

De tout ce qui précede, on peut déduire les usages des vertebres vraies, & les réduire à ce petit nombre de chefs ; nous faire tenir une posture droite, donner un mouvement suffisant & sûr à la tête, au cou, & au tronc du corps dans toutes les occasions nécessaires ; enfin supporter & défendre les visceres, & les autres parties molles.

Après avoir considéré la structure des vertebres & leurs attaches, c’est ici le lieu de remarquer quelle attention la nature a prise pour qu’on ne puisse les séparer que très-difficilement ; car leurs corps sont tellement engagés les uns dans les autres, qu’il n’est pas possible qu’ils se déplacent d’aucune maniere, comme dans les vertebres du cou, ou-bien ces corps sont appuyés sur tous les côtés, comme celles du dos le sont par les côtes, où les surfaces du contact, sont si larges, & leurs ligamens si forts, qu’ils en rendent la séparation presque impraticable ; telles sont celles des lombes, tandis que la profondeur de l’articulation des processus obliques sont exactement proportionnés à la quantité de mouvemens que les autres parties de l’os lui permettent, ou que les muscles lui font faire.

Cependant comme ces processus obliques sont petits, & par conséquent incapables d’assurer l’union autant que des corps plus larges, ils céderont les premiers à une force disjonctive. Mais aussi leur dislocation n’est pas à beaucoup près d’une si pernicieuse conséquence ; quoique leur déplacement occasionne le tiraillement des muscles, des ligamens, & de la moëlle spinale même. Mais si c’étoit le corps de la vertebre qui fût dérangé de sa place, la moëlle spinale seroit totalement comprimée, & entierement détruite.

Les fausses vertebres composent la pyramide inférieure de l’épine : elles sont avec raison distinguées des autres par l’épithete de fausses, parce que, quoique chacune d’elles ressemble aux véritables vertebres par la figure, cependant aucune n’est d’un pareil usage pour le mouvement du tronc du corps, toutes sont intimément unies, excepté à un endroit, où est une jointure mobile, ce qui fait qu’on divise communément les vertebres fausses en deux os, l’os sacrum & le coccyx. Voyez Coccyx & Sacrum os.

Finissons par observer que les vertebres sont sujettes comme les autres os, à des jeux de la nature ; je m’arrêterai pour exemple, aux seules vertebres du dos.