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décida sur ce principe, que l’on pouvoit manger de tout ce qui se vend à la boucherie, sans s’informer d’où il venoit, & que quand on se trouvoit à la table d’un payen, il ne falloit point faire de scrupule de manger de tout ce qui y étoit servi ; cependant l’apôtre ajoute d’abord après, qu’il est nécessaire d’observer les lois de la prudence & de la charité, & d’éviter de faire de la peine aux ames foibles ; enfin, il veut que si quelqu’un se scandalise de voir un chrétien manger des viandes immolées, il faut absolument qu’il s’en abstienne, de peur de blesser la conscience de son frere.

Il paroît par l’Histoire ecclésiastique que S. Paul eut bien de la peine à convertir les chrétiens scrupuleux, sur leur idée que c’étoit mal fait de manger des viandes qu’on avoit une fois sacrifiées aux idoles. Il y eut même plusieurs peres de l’église qui bornerent la proposition de l’apôtre ; mangez de tout, c’est-à-dire, de tout ce qui est permis, hormis les viandes sacrifiées aux idoles. Mangez de tout, dit Clément d’Aléxandrie, excepté ce qui a été défendu dans l’Epitre catholique des apôtres. Il veut parler de la lettre que les apôtres écrivirent aux églises, & qui contient les decrets du Concile de Jérusalem. Act. xv. 24.

Aussi ce savant pere ne croyoit pas qu’il fût permis de manger ni du sang, ni des choses étouffées, ni des viandes sacrifiées aux idoles. Il y eut plus ; on fit un crime aux Gnostiques d’avoir mangé des victimes sacrifiées aux idoles ; ils devoient pourtant passer pour innocens, s’ils en usoient comme S. Paul l’avoit permis, & avec les précautions qu’il recommande. (D. J.)

VIANDEN, (Géog. mod.) en latin barbare Vianda, en allemand Wyenthal ; ville des Pays-bas, dans le duché de Luxembourg, capitale du comté du même nom, sur la riviere d’Our ou d’Uren qui la partage en deux, à 10 lieuës au nord du Luxembourg. Ses habitans font commerce de draps & de tannerie. Long. 23. 47. latit. 49. 56.

Vianden, Comté de, (Géog. mod.) comté des Pays-bas, au duché de Luxembourg. Ce comté qui est très-ancien, a pour chef-lieu une ville de son nom, & est divisé en six mayeries, qui renferment près de cinquante hameaux. Philippe II, roi d’Espagne confisqua ce comté qui appartenoit à Guillaume de Nassau, & le donna à Pierre Ernest de Manfelt, gouverneur de la province de Luxembourg. Après sa mort arrivée en 1604, le comté de Vianden retourna au prince d’Orange. Enfin en 1701, par la mort de Guillaume III. roi d’Angleterre, la succession a été disputée par plusieurs prétendans. (D. J.)

VIANDER, v. n. (Vener.) c’est aller à la pâture ; il se dit du cerf, & autres animaux de la même espece.

VIANDIS, s. m. terme de chasse, ce sont les pâtures des bêtes fauves.

VIANE, (Géog. mod.) petite ville de France dans le Languedoc, recette de Castres, vers les confins du Rouergue, à six lieues à l’orient de la ville de Castres, sur la riviere d’Agout. (D. J.)

VIANEN, (Géog. mod.) & par les François Viane ; ville des Pays-bas dans la Hollande, sur le Leck, aux confins de la seigneurie d’Utrecht, à 2 lieues d’Utrecht, presque au-milieu entre Nimegue & Rotterdam.

Cette ville a été détachée du comté de Culembourg sur la fin du treizieme siecle, & fut bâtie en 1290 par un seigneur de Culembourg ; ensuite elle appartint à Henri de Brederode, un des chefs de la révolution qui fit perdre la Hollande à Philippe II. Les comtes de la Lippe jouissoient dans le dernier siecle de la seigneurie de Vianen, qu’ils vendirent aux états de Hollande.

Il y a à Viane un grand-bailli qui en exerce la

jurisdiction au nom du souverain. Cette ville sert d’azile aux marchands dont les affaires ont mal réussi, & c’est un azile assuré avec la sauve-garde du souverain. Le château de Vianen est un très-beau bâtiment, & dans la plus belle situation de château qu’il y ait en Hollande. Long. 22. 34. latit. 52. 3.

VIATLUR, (Antiq. rom.) bas-officier chez les Romains ; les viateurs, viatores, étoient des especes de messagers d’état que le sénat envoyoit dans les maisons de campagne, pour avertir les sénateurs des jours où ils devoient s’assembler extraordinairement. Ils servoient encore à cet usage les consuls, les préteurs & les tribuns du peuple en particulier.

Les gouverneurs des provinces en accordoient aux sénateurs des premieres familles, lorsqu’ils étoient dans leur gouvernement, pour leur servir de cortege. Mais lorsqu’un viateur étoit chargé de porter à quelqu’un les decrets du Sénat & du peuple, & qu’il le trouvoit en négligé, il commençoit par lui dire, avant toutes choses, qu’il devoit s’habiller. C’est pourquoi le viateur nommé pour annoncer à Lucius Quintius Cincinnatus, que le sénat & le peuple romain l’avoient déclaré consul & dictateur, le pria de se vêtir, cui viator, vela corpus, inquit, ut proferam senatûs populique romani mandata, aussi-tot Cincinnatus dit à sa femme Racilie de lui apporter ses habits qui étoient dans sa chaumiere, afin de se mettre décemment pour écouter les ordres de la république. (D. J.)

VIATIQUE, s. m. (Hist. anc.) c’étoit chez les Romains non-seulement la somme ou les appointemens que la république donnoit aux magistrats qu’elle envoyoit dans les provinces pour subvenir aux frais de leur voyage ; mais encore on donnoit ce nom aux habits, esclaves, meubles que l’état leur fournissoit pour paroître avec dignité. Du tems d’Auguste on convertit le tout en une somme d’argent, sur laquelle les magistrats étoient eux-mêmes obligés de pourvoir à toute la dépense. Tacite en fait mention dans le premier livre des annales, chap. xxxvij. viaticum amicorum ipsiusque Cæsaris. Il parle là des appointemens qu’on accorda à Germanicus & aux officiers de sa suite ; mais on n’a point de détail précis sur les sommes auxquelles se montoient ces appointemens, on présume qu’elles étoient réglées sur le rang & la dignité des personnes : on donnoit aussi le même nom à la paye des officiers & soldats qui étoient à l’armée.

Parmi les religieux on appelle encore viatique la somme que la regle de l’ordre accorde à chacun d’eux lorsqu’ils sont en voyage, ou qu’ils vont en mission. Voyez Mission.

Quelques-uns ont encore nommé viatique le denier, piece d’or, d’argent, ou de cuivre, que les anciens avoient coutume de mettre dans la bouche des morts, pour payer le passage à Charon.

Viatique, s. m. (Hist. ecclés.) sacrement qu’on administre aux mourans, pour les disposer au passage de cette vie à l’autre. Les peres & les conciles ont donné ce nom à trois sacremens que l’on donnoit aux mourans pour assurer leur salut : savoir le baptême, l’eucharistie, & la pénitence. Le baptême à l’égard des cathecumenes ; S. Gregoire, S. Basile, Balsamon, & les autres auteurs grecs, l’appellent en ce sens ἐφόδιον, c’est-à-dire viatique. L’eucharistie pour les fideles qui étoient dans la communion de l’église, & souvent à l’égard des pénitens qui avoient reçu l’absolution. La pénitence ou absolution, à l’égard de ceux qu’on réconcilioit à l’article de la mort. Aujourd’hui le nom de viatique ne se prend plus que dans le second sens, c’est-à-dire pour l’eucharistie administrée à ceux qui sont en danger de mort. On ne l’accorde point en France aux criminels condamnés & conduits au supplice pour leurs crimes.