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tenus, ce qui comprend toutes réparations autres que les grosses. Voyez Réparation. Voyez aussi Douaire, Aliment, Pension, Rente viagere. (A)

VIAIRE, s. m. (Gramm. & Jurisp.) dans quelques coutumes signifie une pension viagere. Chaumont, art. 33.

Dans quelques anciens titres, viaire, viarius, est pris pour le seigneur voyer ou bas justicier. Viaire, viaria, est pris pour voirie, qu’on appelle aussi veherie, basse-justice, vicomté.

Ailleurs viaria est pris pour vouerie ou advouerie, advocatie. Voyez Advoué. Voyez aussi le gloss. de Ducange au mot viarius & viaria (A)

VIALES DII, (Mythol.) ou simplement Viales ou Semitales ; nom générique que les Romains donnoient à plusieurs divinités, qu’ils supposoient présider à la sureté des chemins dans les voyages. Tel étoit Mercure sur terre, d’où lui vient dans les inscriptions le nom de Viacus. Tel étoit Hercule surnommé Ἀλεξίκακος. Tels étoient sur mer Castor & Pollux. Suétone nous apprend qu’Auguste fixa les sacrifices qu’on leur adressoit en public, à deux jours de l’année. On élevoit leurs effigies dans les carrefours, & c’étoit-là qu’on leur rendoit des hommages. Les mêmes dieux ont encore été appellés Tutelini & Tutanei. C’est d’eux que Virgile parle dans le VII. l. de l’Enéide, v. 135.

Frondenti tempora ramo
Implicat, & geniumque loci, primamque deorum
Tellurem, nymphas, & adhuc ignota precatur
Numina.

Je lis numina au lieu de flumina, qui se trouve dans nos éditions ; & peut-être ai-je tort. (D. J.)

VIALIS, (Mythol.) Mercure étoit surnommé Vialis, parce qu’il présidoit aux chemins. On donnoit aussi le nom de Viales aux pénates & aux mânes. (D. J.)

VIANA, (Géog. anc.) ville de la Rhétie. Ptolomée, l. II. c. xij. la marque dans les terres, parmi les villes qui étoient au midi du Danube ; son nom moderne est Wangen. (D. J.)

Viana, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la Navarre, capitale d’une principauté de même nom, avec titre de cité, sur la gauche de l’Elbe, vis-à-vis de Logrogno, à 12 lieues au sud-ouest de Pampelune. Ses environs abondent en blé, en vin, en fruits & en gibier. Long. 15. 32. lat. 42. 27.

Viana, de Foz de Lima, (Géog. mod.) ville de Portugal, dans la province d’entre Duero-e-Minho, à l’embouchure de la riviere de Lima, à 3 lieues au sud-est de Caminha, & à 6 à l’ouest de Braga. Elle est la capitale d’une comparça ou jurisdiction. Le gouverneur & le commandant de la province y font leur séjour. La citadelle a son gouverneur particulier. Son port est bon. Long. 8. 45. lat. 41. 30. (D. J.)

VIANDE, s. f. (Gram.) chair des animaux destinés à la nourriture de l’homme, comme le bœuf, le mouton, le veau ; on dit de la viande blanche & de la viande noire, de la grosse viande & de la viande menue ; le veau, les poulets sont viandes blanches ; le lievre, le cerf, le sanglier sont viandes noires ; le gibier est viande menue ; la viande de bœuf est grosse viande.

Viande, (critiq. sacr.) la loi de Moise défendit aux hébreux de manger la viande avec le sang & la graisse des victimes qu’on brûloit toujours par cette raison sur l’autel. Ce peuple n’étoit pas fort délicat sur l’assaisonnement de ses viandes. Il les faisoit ou rotir comme l’agneau pascal, Exod. xij. 18. ou cuire au pot ; on lit à ce sujet dans le I. livre des Rois ij. 13. que les enfans d’Eli tiroient de la chair de la marmite pour la faire cuire à leur fantaisie. Nous ignorons

quel étoit le ragoût que Rébecca servit à Isaac ; nous savons seulement qu’elle le fit tel qu’il l’aimoit. Genès. xxvij. 4.

Il n’étoit pas permis aux hébreux de manger des animaux réputés impurs, ni de la chair d’un animal mort de lui-même, ni de celle d’un animal étouffé, sans qu’on en eût fait couler le sang, ni même de l’animal qui avoit été mordu par quelque bête ; quiconque en mangeoit par mégard, étoit souillé jusqu’au soir, & obligé de se purifier. Ils avoient aussi grand soin d’ôter le nerf de la cuisse des animaux dont ils vouloient manger, à cause du nerf de Jacob desséché par l’Ange. Gen. xxxij. 32. Au-reste les Juifs ont toujours observé fort exactement la défense de manger du sang, ou d’un animal étouffé. Cet usage subsista longtems dans l’église chrétienne, & devroit peut-être subsister toujours, parce qu’il a été proscrit conjointement avec la défense d’un péché contre les bonnes mœurs, & que la défense de ce péché n’est pas à tems ; enfin, parce que la défense en a été faite par les apôtres mêmes éclairés du saint-Esprit. « Il a semblé bon, disent-ils, au saint-Esprit & à nous, de ne vous imposer que ces choses nécessaires ; savoir, que vous vous absteniez des choses sacrifiées aux idoles, & de sang, & de choses étouffées, & de paillardise ; & si vous gardez ces choses, vous ferez bien. » Act. xv. 28 & 29, & xxj. 25. (D. J.)

Viandes immolées aux Idoles ; (Critiq. sacr.) il y avoit chez les Hébreux certains sacrifices, dans lesquels on n’offroit qu’une partie de la victime sur l’autel ; tout le reste appartenoit à celui qui fournissoit l’hostie, & il le mangeoit, le donnoit aux malades, aux pauvres, ou le vendoit. C’étoit pareillement la coutume chez les payens, que ceux qui présentoient aux dieux des victimes, en faisoient des festins dans les portiques du temple, où ils régaloient les prêtres & leurs amis de tout ce qui restoit des victimes, dont une partie étoit seulement consumé par le feu ; mais ceux qui n’étoient pas libéraux, après avoir brûlé à l’honneur des dieux ce qui leur appartenoit, & avoir donné aux sacrificateurs leur portion, faisoient vendre au marché tout le reste, ou en nourrissoient leur famille. Vopiscus raconte que l’avarice de l’empereur Tacite étoit si basse, qu’il faisoit emporter chez lui tout ce qui restoit des victimes qu’il offroit en sacrifice, pour en nourrir sa famille ; aussi Théophraste représentant le caractere d’un avare, n’a pas oublié de dire, que lorsqu’il marie sa fille, il fait vendre au marché tout ce qui n’a pas été consumé des victimes qu’il a été obligé d’offrir. Les prêtres de leur côté vendoient aussi les offrandes, & le reste de la chair des victimes qu’ils ne pouvoient consommer.

L’usage des viandes de victimes sacrifiées aux idoles excita une dispute sérieuse du tems des apôtres. Plusieurs chrétiens persuadés que la distinction des viandes pures & impures, ne subsistoit plus, depuis que le Sauveur du monde avoit aboli les cérémonies légales, & procuré la liberté aux fideles, achetoient & mangeoient indifférement ces viandes, sans aucun scrupule. D’autres chrétiens plus ou moins éclairés, étoient offensés de cette conduite de leurs freres, & la traitoient d’impiété & de paganisme ; ils croyoient que les démons habitoient dans les idoles, & qu’ils infectoient la chair des victimes qui leur étoient offertes, de même que le vin dont on faisoit des libations à leur honneur ; de sorte que par le moyen de la chair de ces victimes, & de ce vin, les démons passoient dans les personnes qui en mangeoient ou qui en buvoient.

Cette différence d’opinion alla jusqu’à causer du scandale, & S. Paul crut être obligé de l’arrêter. Il commença par déclarer dans sa I. Epitre aux Corinthiens, ch. x. 25. que l’idole n’est rien ; ensuite il