Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la riviere, la fraîcheur de ses eaux, sa chute en cascade dans le Liris, l’ombre & la verdure du terrein qu’elle arrosoit, planté d’allées de peupliers sur tous les bords, nous donne l’idée d’une perspective champêtre des plus agréables. Quand Atticus la vit pour la premiere fois, il en fit plus de cas que des maisons de plaisance les plus vantées de l’Italie, déclarant qu’il en préféroit les beautés naturelles à la magnificence de leurs dorures, de leurs marbres, & de leurs canaux artificiels. Voulez-vous, disoit cet ami à Cicéron, que nous allions nous entretenir dans l’île de Fibrinus qui fait mes délices ? Je le veux bien, répondoit Cicéron ; j’aime, comme vous, cet endroit, parce que c’est ma patrie & celle de mon frere.... Nous en sommes sortis. J’y vois un peuple vertueux, des sacrifices simples, & quantité de choses qui me rappellent la mémoire de mes ancêtres. Je vous dirai de plus que c’est mon pere qui a pris soin de rebâtir cette maison de campagne, & que c’est ici qu’il a passé presque toute sa vie dans l’étude, & dans le repos que requeroit l’état de sa santé valétudinaire. De legibus, dialog. 21, c. j. ij. iij. (D. J.)

Villa franca, (Géog. mod.) nom commun à quelques villes d’Espagne.

1°. Ville d’Espagne, dans la Castille vieille, sur la Tormès, au voisinage de Pegnaranda. Il se fabrique de bons draps dans cette petite ville, que quelques géographes prennent pour l’ancienne Manliana.

2°. Ville d’Espagne, dans le royaume de Léon, aux confins de la Galice. Cette ville médiocrement grande est située dans une vallée au milieu de hautes montagnes.

3°. Petite ville d’Espagne, dans le Guipuscoa, sur l’Oria, entre Ségura & Tolosa. (D. J.)

Villa-franca de Panades, (Géog. mod.) ville d’Espagne, dans la Catalogne, capitale d’une viguerie, à quatre lieues au nord-est de Terragone. Elle est fermée de murailles. C’est la Carthago Panorum des anciens. Elle fut bâtie par les Carthaginois qui servirent en Espagne sous la conduite d’Amilcar. Dom Pedro, roi d’Arragon, y finit ses jours l’an 1285. Long. 19. 22. latit. 41. 18. (D. J.)

Villa-franca, (Géog. mod.) petite place de Portugal, dans l’Estramadure, sur la rive gauche du Tage, entre Santaren & Lisbonne. Son territoire est fertile en pâturages, & nourrit une grande quantité de troupeaux. (D. J.)

Villa-franca, (Géog. mod.) petite ville de l’île Saint-Michel, l’une des Acores ; elle est située sur la côte méridionale de l’île. (D. J.)

Villa-hermosa, (Géog. mod.) ville d’Espagne, au royaume de Valence, sur un ruisseau qui se perd dans la riviere de Milas, à 15 lieues au nord de Valence. Elle a titre de duché érigé l’an 1470. Long. 17. 22. latit. 40. 21. (D. J.)

Villa-ludovisia, (Géog. mod.) maison de plaisance, en Italie, au voisinage de Rome. Elle est située sur une hauteur, & appartient à la maison Ludovisio, dont elle a pris le nom. Elle est fort connue par une belle collection de tableaux des grands maîtres, du Guide, du Titien, de Raphaël, de Michel-Ange & du Carache. On y remarque en particulier les statues de Junius Brutus, de Néron, de Domitien, un bas-relief curieux de la tête d’Olympias, mere d’Alexandre, les bustes de Séneque & de Cicéron ; mais la piece dont les connoisseurs font le plus de cas, & qu’ils estiment singulierement, est celle d’un gladiateur mourant, admirable morceau de scotpture qu’on a transporté au palais Chigi. Voyez Gladiateur expirant. (D. J.)

Villa-major, (Géog. mod.) petite ville d’Espagne, au royaume d’Arragon, près de Sarragosse dans un terroir sec & aride. (D. J.)

Villa-Mergelina, (Géog. mod.) maison de plaisance, en Italie, au bord de la mer, près de la ville de Naples, du côté du fauxbourg qu’on appelle Chiaia. Frédéric, roi de Naples, en fit présent au poëte Sannazar, qui prit aussi le nom d’Actius Sincerus, à la sollicitation de son ami Jovianus Pontanus. Sannazar aimoit sort cette maison, & il eut tant de chagrin lorsqu’elle fut ruinée par Philibert, prince d’Orange, général de l’armée de Charles V. qu’il abandonna ce lieu aux religieux servites, qui ont là une église sous l’invocation de la sainte Vierge.

Le tombeau de ce poëte est derriere le maître-autel de cette église ; il est tout entier de marbre blanc choisi. Son buste qui est au-dessus, & qu’on dit être fait d’après nature, est représenté avec une couronne de laurier.

Il y a un excellent bas-relief, où l’on voit plusieurs figures de satyres & de nymphes qui jouent. Ce bas-relief est accompagné de deux grandes statues de marbre, l’une d’Apollon, & l’autre de Minerve. Comme quelques personnes ont été scandalisées de voir des statues prophanes dans une église, & sur le tombeau d’un poëte chrétien, leurs noms ont été ridiculement changés ; l’on a donné à Apollon celui de David, & à Minerve celui de Judith. Ces statues, & le reste de ce mausolée, qui passe pour une des belles choses du royaume de Naples, sont de la main de Santa Croce. On croit que Sannazar n’est mort qu’en 1532, quoique son épitaphe porte 1530. Elle est conçue en ces termes :

Da sacro cineri flores ; hic ille Maroni
Sannazarus, musâ proximus, ut tumulo.
Vix. ann. LXXII. A. D. M. XXX.

(D. J.)

Villa de Mose, (Géog. mod.) petite ville de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, au gouvernement & sur la rive droite de Tabasco, à environ douze lieues de son embouchure. Elle est presque toute habitée par des indiens. (D. J.)

Villa-nova-d’Asti, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, dans le Piémont, au territoire de Quiers, entre Turin & Asti. (D. J.)

Villa-nueva, (Géog. mod.) bourg (oppidum) d’Aragon, qui n’est connu que pour avoir donné la naissance à Michel Servet (Michaël Serveto) l’an 1509. Ce savant homme méritoit de jouir d’une gloire paisible, pour avoir connu long-tems avant Harvey la circulation du sang ; mais il négligea l’étude d’un art qu’on exerce sans crainte, pour embrasser des opinions dangereuses, & qui par l’intolérance de son siecle, penserent lui couter la vie à Vienne en Dauphiné, & le conduisirent à Genève sur le bucher, où à la poursuite directe & indirecte de Calvin, il expira au milieu des flammes le 27 Octobre 1553, sans parler & sans rétracter ses opinions.

Il seroit superflu de donner la vie de Servet ; & nous en sommes bien dispensés par une foule d’auteurs qui l’ont écrite. Ainsi les curieux pourront consulter la bibliotheque angloise de M. de la Roche, tom. II. historia Michaëlis Serveti, par M. d’Allworden, dans la bibl. raison. tom. I. d’Artigni, nouv. mémoir. d’hist. de critiq. &c. tom. II. Nicéron, mémoir. des homm. illust. tom. XI. Schelhorn, amoenit. litter. tom. XIV. & M. de Chauffepié, dict. histor.

Mais la requête présentée par Servet dans sa prison le 22 Août 1553, aux syndics & petit conseil de Genève, nous a paru une piece trop intéressante pour obmettre de la transcrire ici. Cette requête étoit conçue en ces termes :

A mes très-honorés seigneurs, messeigneurs les syndics & conseil de Genève. « Supplie humblement Michel Servetus accusé, mettant en faict que c’est une nouvelle invention ignorée des apôtres & disciples,