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On prend ensuite l’archet avec la main droite à environ deux pouces de distance de la hausse B, & on le tient avec les quatre premiers doigts ; ensorte que

le pouce & les deux premiers doigts portent sur le fust de l’archet, & le quatrieme ou annulaire sur le crin que l’on doit faire passer sur les cordes, à environ deux pouces de distance du chevalet, comme si on vouloit les scier en cet endroit ; on frotte le crin de l’archet sur un morceau de colophane, sorte de résine, pour le rendre plus rude, on passe le crin de l’archet sur la colophane, comme si on vouloit le scier en deux : quelques-uns la mettent en poudre, & passent le coin de l’archet dans le papier où est cette poudre ; ces deux manieres reviennent à-peu-près au même.

Il faut ensuite connoître le manche, que l’on supposera divisé en touches, pour la facilité de l’explication, & que d’ailleurs les traits marqueront les endroits où il faudra poser les doigts.

Il faut savoir en premier lieu, que les cordes du violon, & de tous les instrumens qui en dépendent, sont accordées de quinte en quinte ; que la seconde corde marquée 2, sonne l’a mi la, & qu’on la sonne à vuide, pour donner le ton dans les concerts. Cette corde la sonne l’unisson du la, qui suit immédiatement la clé de g ré sol des clavecins. La chanterelle sonne la quinte mi au-dessus, & la troisieme la quinte au-dessous ; la quatrieme sonne la quinte au-dessous de cette troisieme corde ou l’unisson du sol à l’octave au-dessous de celui de la clé de G re sol, au sol qui suit immédiatement la clé d’F ut fa des clavecins, auquel tous les autres instrumens rapportent leur étendue. Voyez la table du rapport de l’étendue de tous les instrumens, & la tablature qui suit, ou les notes de musique, font voir l’étendue de cet instrument, & les quatre lignes qui sont dessous représentent les cordes numérotées comme ci-devant 1 2 3 4, à commencer par la chanterelle : les chiffres qui sont sur les lignes font connoître de quel doigt il faut toucher la corde, & la lettre de la tablature qui est au-dessous, faite à l’instar de celle de la viole, quoiqu’elle ne soit pas en usage pour le violon, montrera l’endroit de la touche où il faut poser le doigt, comme si elle étoit divisée ainsi que celle de la viole. Voyez Viole, où on trouvera des régles pour gouverner l’archet, observant de lire dans ces régles pousser au lieu de tirer, & tirer au-lieu de pousser, pour les raisons déduites au même article.

Le violon ou proprement la viole d’amour. Cet instrument est plus grand que les grands dessus de viole, il est de la même forme, monté de même à six cordes ; outre ces six cordes il en a six autres de laiton, qui passant en-dedans la touche soutenue par le milieu du chevalet, sont attachées au-dessous de la queue par autant de crochets. Son accord & sa tablature sont différente, des autres instrumens à son accord ; car il s’accorde selon le ton ou mode des pieces que l’on veut jouer. Par exemple, si la piece est en d la ré, son accord sera ré, la, ré, fa, la,

ré, ou ré, fa, la, ré, fa ; ce qui veut dire que sa maniere de l’accorder est prise des notes de l’accord parfait de la tonique de l’air qu’on veut jouer. Si quelquefois il y a une corde accordée dans un autre mode ; de la maniere dont la musique est copiée, à l’exécution cela revient au même : car telle ou telle note devient différente à l’exécution qu’elle ne paroît, puisque souvent il y a à la clé des dièzes & des bémols en même tems sur le papier. Nous avons quelques sonates de violon & de violoncelle dans ce genre. Cette sorte de tablature est faite ainsi