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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/321

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tant pour l’accord que pour la maniere de copier la musique, afin de conserver la méchanique des doigts pour la position.

A l’égard des cordes de laiton qui sont en-dessous, elles sont accordées à l’octave ou à l’unisson des autres cordes.

De-sorte que cet accord à la tierce, quarte, quinte, & ces doubles cordes sont comme une espece d’écho, qui rendent cet instrument fort mélodieux, très-propres sur-tout pour les airs tendres & affectueux.

Violons, roides, (Musique.) c’est à Paris le chef perpétuel de la communauté des maîtres à danser & joueurs d’instrumens. Il est pourvu par lettres de provision de sa majesté, & est un des officiers de sa maison. (D. J.)

VIORNE, s. f. (Hist. nat. Bot.) viburnum ; genre de plante à fleur monopétale en rosette, profondément découpée. L’extrémité supérieure du calice perce le milieu de cette fleur, & devient dans la suite un fruit mou, ou une baie pleine de suc, qui renferme une semence osseuse, applatie & striée. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

La viorne est un arbrisseau d’un bois fongueux & moëlleux. Il pousse des verges ou branches couvertes d’une écorce blanchâtre, longue d’environ trois piés, grosses comme le doigt, très-pliantes, & propres à lier des fagots & des paquets d’herbes. Ses feuilles sont presque semblables à celles de l’orme, mais velues, opposées, larges, épaisses, crénelées en leurs bords, blanchâtres quand elles sont en vigueur, & rougeâtres quand elles sont prêtes à tomber.

Ses fleurs naissent au bout des branches en ombelles, blanches, & odorantes, d’une odeur approchante de celle des fleurs de sureau ; chacune d’elles est un bassin coupé en cinq crénelures, avec cinq étamines blanchâtres à sommets arrondis qui en occupent le milieu.

Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des baies molles, presque ovales, assez grosses, vertes au commencement, puis rouges, & enfin noires dans leur entiere maturité, d’un goût douçâtre & vasqueux, peu agréable ; elles contiennent chacune une seule semence de même figure, mais fort applatie, large, cannelée, presque osseuse. La racine s’étend de côté & d’autre.

Cet arbrisseau croît fréquemment dans les haies, dans les buissons, dans les bois taillis, aux lieux incultes, pierreux, montagneux ; il fleurit en été, & son fruit meurit en automne. (D. J.)

Viorne, (Mat. méd.) les feuilles & les baies de cet arbrisseau sont comptées parmi les remedes rafraîchissans & astringens. Leur décoction est recommandée sous forme de gargarisme dans les inflammations de la gorge, & pour raffermir les gencives. Cette même décoction est encore conseillée contre le cours de ventre & le flux immodéré des hémorrhoïdes. Ces remedes sont fort peu d’usage.

VIPERE, s. f. (Hist. nat. Ophiolog.) vipera, nom générique que l’on a donné à tous les serpens dont la morsure est dangereuse, & dont il y a un très-grand nombre d’especes dans les pays chauds ; nous n’en avons qu’une seule dans ce pays-ci, connue sous le nom de vipere. Lorsqu’elle a pris tout son accroissement, elle est ordinairement longue de deux piés ou un peu plus, & sa grosseur égale ou surpasse celle du pouce d’un homme ; les femelles ont le corps plus gros que les mâles ; la tête est plate & a un rebord qui s’étend autour des extrémités de sa partie supérieure ; la vipere differe principalement de la couleuvre par ce caractere, car dans la couleuvre la tête n’a point de rebord, & elle est plus pointue & plus étroite, à proportion des autres parties du corps. I a tête de la vipere a un pouce de lon-

gueur, & 7 à 8 lignes de largeur prise vers le sommet,

4 à 5 lignes à l’endroit des yeux, & deux lignes & demie d’épaisseur ; ordinairement les mâles ont le cou un peu plus gros que les femelles, & communément il est de la grosseur du petit doigt à son origine. La queue a environ quatre travers de doigt de longueur ; sa grosseur à son origine est à-peu-près la même que celle du cou ; ensuite elle diminue insensiblement & se termine en pointe, la queue des mâles est toujours un peu plus longue & plus grosse que celle des femelles.

La couleur des viperes varie, on en voit de blanchâtres, de jaunâtres, de rougeâtres, de grises, de brunes, &c. & elles ont toutes des taches noires ou noirâtres, plus ou moins foncées & placées avec une sorte de symmétrie à-peu-près à égale distance les unes des autres, principalement sur la face supérieure & sur les côtés du corps. La peau est couverte d’écailles, les plus grandes se trouvent sous la face inférieure du corps & servent de piés à cet animal ; elles ont toujours une couleur d’acier dans toute leur étendue, au lieu que celles des couleuvres sont ordinairement marquées de jaune. Il y a autant de grandes écailles que de vertebres, depuis le commencement du cou jusqu’à celui de la queue ; & comme chaque vertebre a une côte de chaque côté, chaque écaille soutient par ses deux bouts les extrémités de ces deux côtés. Les écailles de la queue diminuent de grandeur, à proportion de celle de la queue même. Il y a au bas du ventre une ouverture à laquelle aboutissent l’anus & les parties de la génération, tant des mâles que des femelles ; cette ouverture est fermée par la derniere des grandes écailles qui est en demi cercle & qui s’abaisse dans le tems du coït, lorsque la semelle met ses petits au jour, & toutes les fois que les excrémens sortent.

Les viperes changent de peau au printems, & quelquefois aussi en automne ; au moment où elles quittent cette peau écailleuse, elles se trouvent revêtues d’une autre peau également couverte d’écailles dont les couleurs sont bien plus brillantes ; il s’en forme une nouvelle sous celle-ci pour la remplacer dans la suite, de sorte que la vipere a en tout tems une double peau.

La vipere differe de la couleuvre, non-seulement en ce qu’elle rampe plus lentement, & qu’elle ne bondit & qu’elle ne saute jamais, mais encore en ce qu’elle est vivipare ; au lieu de pondre comme la couleuvré de œufs qui n’éclosent que long-tems après, les petits de la vipere acquierent leur entiere perfection dans la matrice, & courent au sortir du ventre de la mere. Les viperes s’accouplent ordinairement deux fois l’année, elles portent leurs petits quatre ou cinq mois, & elles en font jusqu’à vingt & même vingt-cinq : elles se nourrissent de cantharides, de scorpions, de grenouilles, de souris, de taupes & de lézards ; souvent la capacité de l’estomac n’est pas assez grande pour contenir l’animal qu’elles veulent avaler, alors il en reste une partie dans l’œsophage. La vipere ne rend pas beaucoup d’excrémens, ils n’ont point de mauvaise odeur comme ceux des couleuvres, & on n’en sent aucune lorsqu’on ouvre un bocal dans lequel on nourrit plusieurs viperes : elles ne font point de trous en terre pour se cacher comme les couleuvres, elles se retirent ordinairement sous des pierres & dans de vieilles masures ; lorsqu’il fait beau, elles se tiennent sous des herbes touffues ou dans des buissons.

Les viperes different encore des couleuvres, en ce qu’elles ont des dents canines ; leur nombre varie dans différens individus, ordinairement il n’y en a qu’une de chaque côté de la mâchoire supérieure, mais on en trouve quelquefois deux ; ces dents sont entourées jusqu’à environ les deux tiers de leur lon-