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ches des vrilles & des tarieres, comme des coins tournans, dont l’angle ouvre le bois d’autant mieux qu’il est plus aigu ; ou pour parler plus juste, ces machines ne sont autre chose qu’une vis réunie avec un coin. Leçons de Physique de M. l’abbé Nollet. (O)

Vis sans fin, si une vis est disposée pour faire tourner une roue dentée DF (fig. 13.), on l’appelle vis sans fin, parce qu’elle fait tourner perpétuellement la roue E, & que cette vis elle-même peut tourner perpétuellement sans jamais finir, au lieu qu’on ne peut faire faire aux autres vis qu’un certain nombre de tours. La figure fait assez voir que quand la vis fait un tour, la roue n’avance que d’une dent.

Théorie ou calcul de la vis sans fin. 1°. Si la puissance appliquée au levier ou à la manivelle AB d’une vis sans fin est au poids ou à la résistance, en raison composée de la circonférence de l’axe de la roue EH à la circonférence décrite par la puissance qui fait tourner la manivelle, & des révolutions de la roue DF aux révolutions de la vis CB, la puissance sera en équilibre avec le poids ou la résistance.

Il suit de-là 1°. que le mouvement de la roue étant excessivement lent, il n’est besoin que d’une très petite puissance pour élever un poids considérable par le moyen de la vis sans fin : c’est pour cette raison que l’on fait un grand usage de la vis sans fin, quand il s’agit d’élever des poids énormes à une petite hauteur, ou lorsque l’on a besoin d’un mouvement très lent & très-doux ; ainsi l’on s’en sert fort souvent dans les horloges & dans les montres.

2°. Etant donné le nombre des dents, la distance AB de la puissance au centre de la vis, le rayon de l’axe HE & la puissance, trouver le poids que la machine élevera.

Multipliez la distance de la puissance au centre de la vis par le nombre des dents ; ce produit est proportionnel à l’espace parcouru par la puissance dans le même tems que le poids parcourt un espace égal à la circonférence de l’axe de la roue. Trouvez après cela une quatrieme proportionnelle au rayon de l’axe, à l’espace parcouru par la puissance qui vient d’être déterminé, & à la puissance ; ce quatrieme terme exprimera le poids que la puissance peut soutenir. Ainsi si AB = 3, le rayon de l’axe HE = 1, la puissance = 100 livres, le nombre des dents de la roue DE=48, on trouvera le poids=14400 ; d’où il paroît qu’il n’y a point de machine plus capable que la vis sans fin, d’augmenter la force d’une puissance. Mais cet avantage coute bien du tems ; car il faut, comme nous l’avons dit, que la vis fasse un tour entier pour faire passer une dent de la roue ; & il faut que toutes les dents passent pour faire tourner une fois le rouleau ; de sorte que si le nombre des dents est 100, & que le diametre du rouleau soit de quatre pouces, pour élever le poids à la hauteur d’un pié, il faut que la puissance fasse tourner cent fois la manivelle ; mais il y a bien des occasions, comme nous l’avons déja dit, où cette lenteur est le principal objet qu’on se propose ; par exemple, lorsqu’il s’agit de modérer le mouvement d’un rouage, ou bien de faire avancer ou reculer un corps d’une des petites quantités qu’il importe de connoître.

Si c’est la roue qui fait aller la vis, alors le mouvement de la vis est fort prompt ; c’est pour cette raison qu’on se sert aussi quelquefois de cette machine lorsqu’on veut produire un très-grand mouvement. Leç. de phys. de M. l’abbé Nollet.

Vis sans fin, (Horlogerie.) c’est une vis dont les pas engrenent dans les dents d’une roue, & qui est tellement fixée entre deux points, qu’elle tourne sur son axe, sans pouvoir avancer ni reculer comme les vis ordinaires.

On l’emploie dans les montres, dans les tourne-

broches, & dans plusieurs machines de différentes especes.

Dans les montres elle sert pour bander le grand ressort. Elle a cet avantage sur les encliquetages dont on se servoit autrefois, & dont on se sert encore actuellement dans les pendules, voyez Pendule, qu’on peut par son moyen bander le ressort tant & si peu que l’on veut.

La vis sans fin a deux pivots qui entrent dans les deux pitons ab, & au moyen de deux portées distantes entr’elles d’une quantité égale à l’intervalle de ces deux pitons, elle est retenue entr’eux. Par-là elle est mobile sur son axe sans pouvoir avancer ni reculer. Les dents de la roue de vis sans fin, fixée sur l’arbre de barillet, entrant dans les pas de cette vis, en la tournant on fait tourner la roue, & par-là on bande le ressort, voyez Ressort, Roue de vis sans fin, &c. Elle a à l’extrémité de son pivot c un quarré sur lequel on fait entrer l’outil ou quarré à vis sans fin, au moyen de quoi on la fait tourner avec beaucoup de facilité.

Pour qu’une vis sans fin soit bien faite, il faut que ses pas ne fassent pas un trop grand angle avec son axe.

Vis d’Archimede ou Pompe spirale, (Méch.) c’est une machine propre à l’élévation des eaux, inventée par Archimede. Voyez Pompe & Spirale.

La description suivante en fera connoître la structure. C’est un tube ou un canal creux qui tourne autour d’un cylindre AB (Pl. hydrauliq. fig. 1.), de même que le cordon spiral dans la vis ordinaire, que l’on a décrite ci-dessus. Le cylindre est incliné à l’horison sous un angle d’environ 45 degrés. L’orifice du canal B est plongé dans l’eau. Si par le moyen d’une manivelle on fait tourner la vis, l’eau s’élevera dans le tube spiral, & enfin se déchargera en A ; & l’invention de cette machine est si simple & si heureuse, que l’eau monte dans le tube spiral par sa seule pesanteur. En effet lorsqu’on tourne le cylindre, l’eau descend le long du tuyau, parce qu’elle s’y trouve comme sur un plan incliné.

Cette machine est fort propre à élever une grande quantité d’eau avec une très-petite force ; c’est pourquoi elle peut être utile pour vuider des lacs ou des étangs.

Une seule vis ou pompe ne suffit pas, quand il s’agit d’élever l’eau à une hauteur considérable, parce que cette vis étant nécessairement inclinée, ne peut porter l’eau à une grande élévation sans devenir elle-même fort longue & par-là très-pesante, & sans courir les risques de se courber & de perdre son équilibre ; mais alors on peut avec une seconde pompe élever l’eau qu’une premiere a fournie, & ainsi de suite. Chambers.

M. Daniel Bernoully, dans la section neuvieme de son hydrodynamique, a donné une théorie assez étendue de la vis d’Archimede & des effets qu’elle peut produire.

Vis, (Hydr.) petit boulon de fer, de cuivre, ou de bois cannelé en ligne spirale, & qui entre dans un écrou qui l’est de même. On s’en sert dans les conduites des tuyaux de fer ou de cuivre, en les faisant passer par les brides, & les serrant fortement. (K)

Vis, (Conchiliolog.) en latin turbo ou strombus ; en anglois the screw-shell, genre de coquilles univalves, dont la bouche est tantôt longue, large, applatie, ronde, dentée, & tantôt sans dents, diminuant vers la base, quelquefois à oreilles, se terminant toujours en une longue pointe très-aigue.

Aristote, selon Aldrovandus, ne fait aucune distinction des vis appellées turbines, d’avec les turbinées ; elles sont cependant très-différentes. Les vis ont une bouche longue, large, & dentelée, qui diminue vers la base ; elles se terminent de plus en une pointe fort aiguë. Les coquilles au contraire appel-